Son histoire
par Henri Wallon
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La chronique d'Eberhard Windecke
index
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L'œuvre du chroniqueur allemand Eberhard Windecke, où se sont préservés
les témoignages qui font l'objet de la présente étude,
est loin d'être inconnue, en tant qu'élément
général d'information relatif aux actes de Jeanne
d'Arc. Le vieil annaliste mayençais, dont le texte survit
en plusieurs manuscrits, est déjà notoirement classé
parmi les narrateurs contemporains de tels et tels épisodes
de cette éblouissante histoire.
La première édition imprimée de
sa chronique, donnée en 1728 par Johann-Burckhard Mencke
(1), édition où la fantaisie
semble s'être donné libre cours. Il omettait complètement,
il est vrai, en tant qu'étrangère aux annales germaniques,
les chapitres du récit courant de Windecke consacrés
au fait de la Pucelle. Mais, en 1834, l'ouvrage célèbre
de Guido Görres, Die Jungfrau von Orléans, dont le succès
fut si considérable en Allemagne, signalait, directement
d'après les manuscrits subsistants, cette importante fraction
négligée par le premier éditeur et demeurée
insoupçonnée jusque là. Guido Görres,
soit dans le cours même de l'ouvrage, soit dans un de ses
Appendices, en présentait au public une transcription en
allemand moderne, destinée à rendre pendant longtemps
les plus appréciables services (2).
C'est dans l'ouvrage de Guido Görres que Quicherat,
en préparant les matériaux de son édition du
procès de la Pucelle, rencontra le texte de Windecke. Il
lui donna sa place légitime parmi les Témoignages
des chroniqueurs et historiens du XV° siècle, français
et étrangers, rassemblés par lui à la suite
du texte latin des deux Procès de condamnaton et de réhabilitation
de Jeanne d'Arc. En 1847, le recueil de Quicherat, reproduisant
la transposition en allemand moderne établie par Guido Görres,
accompagnée d'une notice préalable et d'une traduction
française, consacrait définitivement le récit
courant de Windecke comme une des sources désormais divulguées
et accessibles de l'historique de ces faits.
Depuis, ces mêmes chapitres relatifs à
Jeanne d'Arc se sont trouvés reproduits, également
transposés en allemand moderne, dans une édition de
vulgarisation du chroniqueur mayennais, due à M. von Hagen.
Insérée en 1886 dans la collection bien connue des
Geschichtschreiber der deustchen Vorzeit, rééditée
dans cette collection en 1899, cette publication utile à
plus d'un titre, présente un ensemble beaucoup plus complet
que l'édition de Mencke, mais ne parait néanmoins
devoir être consultée que sous de sérieuses
réserves. Enfn, dans le récent ouvrage du R.P Ayroles,
la Vraie Jeanne d'Arc, vient d'être donnée,
en 1898, une révision de la traduction française insérée,
dans le Procès, révision qui suit, à quelques
modifications près, la version du recueil de Quicherat.
Toutefois, le récit courant d'Eberhard Windecke,
ainsi mis à la portée de tous par les publications
diverses qui viennent d'être citées, est loin de contenir
la totalité de la relation consacrée par le chroniqueur
allemand aux évènements dont l'écho parvenait
alors de France, par ébranlements successifs, jusqu'aux cœur
des pays rhénans.
A côté de la narration suivie des faits, qui d'ailleurs
dans la partie divulguée de l'œuvre de Windecke, se
trouve arrêtée court, de la façon la plus singulière
en dehors de cet exposé narratif des faits, subsistait, dans
un texte plus complet encore dissimulé aux regards, toute
une série de bruits, de nouvelles et de propos, recueillie
sur le spectacle exaltant dont la France était alors le théâtre,
spectacle qui, hors des frontières françaises, passionna
l'Europe de façon bien plus pénétrante et plus
aigüe qu'on ne saurait le supposer.
En effet, dans un autre manuscrit de l'œuvre d'Eberhard
Windecke, depuis longtemps conservé à la bibliothèque
impériale de Vienne, où il porte actuellement le n°2913,
manuscrit connu et cité depuis 1841, mais seulement examiné
à fond, vers 1890, par M. Wilhelm Altmann, conservateur de
la bibliothèque de l'Université de Greifswald, se
rencontre, entre autres additions notoires au texte connu de l'annaliste
mayençais, toute une suite imprévue mais logique,
à son récit courant de l'histoire de la Pucelle, seul
divulgué jusqu'ici. Ce manuscrit parait dater du milieu dit
XV° siècle (peut-être de 1456), selon toute vraisemblance,
il se pourrait qu'il eût une provenance strasbourgeoise. Echos,
bruits rapportés, dires populaires, document officiel final,
viennent y achever l'exposé d'ensemble commencé par
le récit courant déjà signalé, récit
dont la brusque et déroutante interruption, telle qu'elle
se présentait, était bien faite pour sembler incompréhensible.
Ainsi l'œuvre d'Eberhard Windecke consacrée
à ce grand souvenir offrira désormais, par ces deux
fractions ajoutées l'une à l'autre, une cohésion
naturelle et un sens évident d'unité.
La mise en œuvre de cet élément nouveau
a provoqué, de la part de M. Wilhelm Altmann deux publications
successives. L'une, parue dès 1891, contenait une étude
spéciale de ce manuscrit 2913 de la bibliothèque impériale
de Vienne, avec le texte in extenso des passages inédits
qui lui sont propres. La seconde, parue en 1893, constitue une édition
intégrale de l'œuvre d'Eberhard Windecke, précédée
d'une introduction critique, riche en renseignements. Cette inappréciable
entreprise, malgré d'inévitables défectuosités,
reproduit enfin, pour la première fois, dans son savoureux
dialecte archaïque du pays Rhénan, le texte complet
et en mainte partie inédit du chroniqueur mayençais.
Par une coïncidence curieuse, ces additions particulières
au manuscrit 2913 de Vienne se rencontrent dans un autre manuscrit
dont l'origine strasbourgeoise ne parait pas discutée, manuscrit
aujourd'hui conservé à la bibliothèque de Hambourg,
et dont l'intérêt a été signalé
pour la première fois par U. Walther. Ce manuscrit contient
également toute la partie antérieure de l'œuvre
d'Eberhard Windecke relative aux actes de la Pucelle. Il paraît
constitué par un recueil de mélanges, formé
et transcrit au milieu du XV° siècle (peut-être
en 1451), à peu près en même temps, mais un
peu plus tôt que le manuscrit 2913 de Vienne, par un certain
Jordan, de Strasbourg. Il présente pour son ensemble, plusieurs
variantes dont le tableau est dressé dans l'appendice de
l'édition de M. Altmann qui lui est spécialement consacré.
C'est donc au milieu de l'œuvre générale
et complète d'Eberhard Windecke, ainsi restituée dans
son vrai jour, que viennent s'encadrer, à leur, place et
à leur rang, les singuliers échos sur lesquels le
travail ici entrepris attire l'attention.
Le chroniqueur qui put ainsi recueillir ces voix de la foule, dans
leur éphémère mobilité, au moment où
elles parvenaient de France aux bords du Rhin, possédait
à un degré assez étendu la connaissance et
l'expérience de notre pays.
Eberhard Windecke (3), cette
forme paraît la préférable, né à
Mayence vers 1380, d'une famille marchande, dont le logis patrimonial,
situé près du Fischthor, était communément
connu sous la désignation "zum Windecke",
avait mené, très jeune, une existence de pérégrination
et d'errance à travers l'Europe, qui l'avait familiarisé
de bonne heure avec l'aspect et les mœurs de mainte contrée
étrangère.
A treize ans, il a quitté la maison paternelle,
et, comme pacotilleur ou commis de marchands, reparaissant de temps
à autre au pays natal de Mayence, il court les places commerciales
d'Allemagne, Worms, Francfort, Nuremberg, puis circule en Bohême
par Eger et Prague. En 1396, par les Pays-Bas, il gagne Paris où
il fait un long séjour de trois ans, dont malheureusement
il ne nous transmet que la simple mention, et d'où, en 1399,
on le trouve rentré à Mayence. Très peu après,
en 1400, il entre au service du duc bavarois Etienne II, de la ligne
d'Ingoldstadt, le mari de Taddea Visconti et le père de la
reine de France Isabeau, puis revient de nouveau en France en compagnie
de son maître. Après trois ou quatre semaines d'un
séjour à Paris, à propos duquel il mentionne
quelques traits des rapport, réciproques du duc d'Orléans
et du duc bavarois, il reprenait, par la cour ducale de Brabant,
la route de Cologne, où il parvenait dans les premiers jours
de novembre, et d'où il reparaissait à Mayence. Ratisbonne,
puis Vienne, la Hongrie, le Frioul et Venise, le voient pérégriner
de 1402 à 1410, avec Bude pour centre, affairé pour
son compte, ou pour des négociants nurembergeois.
En 1412, il est enfin entré au service de Sigismond
de Luxembourg, l'entreprenant roi de Hongrie qui vient de saisir
l'empire. Employé par lui comme, intermédiaire en
quelques-uns de ses multiples trafics financiers, il demeure désormais
de longues années durant, attaché aux affaires de
trésorerie du souverain, étroitement au courant des
intérêts et de la politique de la cour impériale,
sans résider toutefois de manière permanente auprès
du prince. Il passe avec lui, l'an suivant, dans la haute Italie,
à Crémone, puis de là, pour son propre compte
à ce qu'il semble, gagne la Pologne, ensuite le Brandebourg.
En 1415, au fort du Concile, il apparaît à Constance,
où son humeur fantaisiste compose un piquant "dit rimé
des filles de joie", curieux et amusant reflet des mœurs
contemporaines.
Il est aux côtés de Sigismond, dans le
long et diffïcile parcours que l'empereur entreprend à
travers la France du Midi, jusque sur le territoire aragonais, à
la poursuite de I'antipape Benoit XIII, pour essayer en vain de
clore pacifiquement le schisme en obtenant son abdication volontaire.
Il suit Sigismond à Perpignan, en 1415, puis se dirige en
sa compagnie, en 1416, vers Paris et le Nord, lors du voyage de
médiation politique entre France et Angleterre, que l'empereur,
à la suite de la journée d'Azincourt, a greffé
sur l'échec de la négociation pontificale. Il revoit
Paris pour la troisième fois, excursionne entre temps en
Flandre, à Bruges, rejoint à Saint-Denis l'empereur
en partance pour Calais, passe avec lui en Anglelerre, repasse sur
le continent, et, après divers détours, ayant touché
barre à Mayence, le retrouve en 1417 à Constance,
à la fin du Concile, où il voit l'élection
de Martin V et la cessation du schisme.
Expédié l'an suivant par Sigismond auprès
du nouveau pontife, alors lentement en route pour Rome, il joint,
par le Gothard, le pape à Pavie, l'escorte à Milan,
passe auprès du marquis de Montferrat, puis du duc de Savoie
par le mont-Cenis, et, après une halte à Mayence,
va suivre l'empereur, l'an d'après, en Hongrie, à
Bude. En 1420, il accompagne Sigismond à la tenue du Reichstag
de Breslau, puis à l'expédition de Prague contre les
Hussites, s'emploie en 1423-24, tant de la part de l'empereur que
de l'archevêque de Mayence, à diverses négociations
diplomatiques concernant la succession de Gueldre et de Juliers.
Enfin, en 1425, il se fixe à Mayence, où
la faveur impériale, non sans léser d'autres droits,
lui concède la ferme d'une partie des péages du Rhin,
revenu fixe et des plus enviables auquel il ajoute, semble-t-il,
diverses opérations de banque. Mêlé de près,
de 1428 à 1432, aux luttes politiques des factions qui se
divisent la cité de Mayence, il figure comme membre de La
Commission des Dix, violemment imposée par le parti des Métiers
pour la réforme des finances, puis de la députation
constituée pour consacrer la cessation des troubles. C'est
dans sa ville natale, sauf une courte présence au Reichstag
de Straubing, à la fin de 1430, qu'il passe en tout cas l'espace
de temps marqué par l'apparition et les hauts faits de Jeanne
d'Arc, évènements qu'il note avec une si heureuse
initiative, et dont la préservation par ses soins provoque
cette étude actuellement poursuivie sur son nom.
Les dernières années de la vie d Eberhard
Windecke semblent s'être passées à Mayence,
occupées au soin de ses affaires et à la défense
de ses intérêts privés attaqués par ses
rivaux. On le trouve encore agissant à la fin de 1439. En
1440, il parait avoir cessé de vivre, la soixantaine à
peine atteinte, dans la plénitude de son âge et de
ses facultés.
L'œuvre qu'il laissait, composition où les souvenirs personnels surgissent
si fréquemment du corps même du récit, présente
beaucoup plus l'apparence d'un assemblage de matériaux historiques
relatifs au règne de l'empereur Sigismond que d'une biographie
rédigée du prince. Cette biographie, limitée
et arrêtée, le Sigmundbuch, le livre de Sigismond,
il paraît bien avéré qu'Eberhard Windecke l'avait éditée
à part, comme un extrait essentiel de son vaste recueil ;
en tout cas, elle a disparu ou ne se retrouve pas. La forme unique
sous laquelle l'œuvre survivante nous est parvenue, à
laquelle son plus récent et savant éditeur assigne
le titre de Denkwürdigkeiten (Mémorial) pour
servir l'histoire de l'empereur Sigismond et de son temps, représente
donc, comme son nom l'indique, un cadre extensible où viennent
s'incruster, au milieu de la trame d'un récit constamment
suivi, des documents, des pièces originales de toute nature,
matières premières précieuses par leur diversité
comme par leur authenticité, témoignages journaliers
des faits contemporains de l'auteur et preuves de sa curiosité
attentive à les noter, à les réunir et à
les préserver.
Les textes relatifs à l'histoire de la Pucelle,
qu'Eberhard Windecke a transcrits et conservés, et tels qu'ils
apparaissent dans l'édition définitive de M.Altmann,
peuvent se diviser en deux reprises distinctes.
La première série offre un récit
continu, poursuivi en trois chapitres, menant les faits depuis la
venue de Jeanne d'Arc auprès de Charles VII à Chinon,
jusques et y compris le sacre de Reims, soit de février à
juillet 1429. C'est la fraction qui a été reproduite
par Quicherat, dans son recueil du Procès, d'après
la transposition en allemand moderne due à Guido Görres,
et qui figure aussi également transposée en allemand
moderne, dans la publication de M. von Hagen.
Cette première série était la seule
connue, jusqu'à la récente édition de M. Altmann.
La seconde série comprend, soudée à
la fin de la première, une suite d'informations sans date
précise, une succession d'échos et de nouvelles à
caractère visiblement thaumaturgique, où semblent
rassemblés intentionnellement divers faits miraculeux de
l'ordre le plus excessif, propres à frapper au point le plus
sensible l'imagination excitable des foules.
C'est la fraction que le manuscrit 2913 de la bibliothèque
impériale de Vienne est seule à présenter.
Cette seconde série est celle que l'édition
récente de M.Altmann a été la première
à révéler, et qui parait être demeurée
inutilisée jusqu'ici.
Est-ce le caractère d'addition au récit
continu, caractère que ces informations présentent
à un degré assez marqué, est-ce leur forme
par trop accentuée de légende, qui a fait exclure
cette seconde série de la plupart des manuscrits, en ne la
conservant que dans le manuscrit 2913 de la bibliothèque
impériale de Vienne ? Peut-être ces deux motifs ont-ils
concouru l'un comme l'autre à ce bizarre ostracisme.
Chapitres :
CCLIX- Ci envoia le roi de France son excellent message à la Pucelle...
CCLX- Ci envoia la Pucelle au roi une lettre où il avait à voir comment...
CCLXI- Ci chevaucha la Pucelle en France et vinrent les Anglais à grande...
CCLXII- Une copie de la lettre du roi d'Angleterre et de France au duc de...

Chap.CCLIX - Ci envoia le roi de France son excellent message à la Pucelle, laquelle accomplit grand nombre de merveilles en France.
295
- Or sachez que, au temps même où le roi de France
et les Anglais étaient en guerre, comme l'avez aussi auparavant
entendu, lors surgit en Lorraine une Pucelle, qui fit merveille
en France contre les Anglais, en sorte que les Anglais furent très
affaiblis, et qui [aida] fort le roi de France à recouvrer
sa terre, comme allez l'entendre.
D'abord, quand la Pucelle vint au susdit roi (1),
lors dut-il lui permettre de faire trois choses. La première,
qu'il se démît de son royaume, y renonçât
et le remit à Dieu, car il le tenant de lui. La seconde,
qu'il pardonnât à tous ses sujets qui lui avaient oncques
fait tort ou avaient pris parti contre lui. La troisième,
qu'il s'humiliât si fort, que tous ceux qui viendraient à
lui, pauvres et riches, et demanderaient grâces, il les prit en grâce, amis ou ennemis.
(2) Virgo,
puellares artus induta virili
Veste, Dei monitu properat relevare
jacentem
Liliferum regemque suos delere nefandos
Hostes præcipue, qui nunc sunt
Aurelianis,
Urbe sub, ac illam deterrent obsidione.
Et si tanta viris mens est se jungere
bello
Arma sequique sua, quæ nunc
parat alma Puella,
Credite fallaces Anglos succumbere
morti,
Marte puellari Gallis sternentibus
illos.
Et tunc finis erit pugnæ, tune
fœdera prisca,
Tunc amor et pietas et cetera jura
redibunt,
Certabunt de pace viri, cunctique
favebunt
Sponte sua regi, qui rex liberabit
et ipsis
Cunctis justitiam, quos pulchra pace
fovebit.
Et modo nullus erit Anglorum pardiger
hostis
Qui se Francorum prœsumat dicere
regem (3).
296
- (1) Ce sont les articles qui arrêtés
ont été par ceux que le roi avait envoyés à
la Pucelle pour faire information sur le fait de savoir s'il faut
lui porter croyance ou non. Et c'étaient des maîtres
en Théologie et autres que l'on tenait pour bons à
éprouver la Pucelle (2).
Item le roi avait entendu la nécessité
de lui et de son royaume et avait considéré les continues
prières envers Dieu de son peuple et de tous ceux aimant
paix et justice. En ce propos il ne doit point (3)
débouter ni rejeter (4) la Pucelle
qui se dit être envoyée de Dieu, mais doit (5)
lui donner secours, nonobstant que ses promesses soient humaines
(6). Aussi ne doit-il tant tôt
ni tant légèrement croire en elle (7)
; mais, en suivant la Sainte Ecriture, comme dit l'apôtre
saint Paul (8) "Probate spiritus
si ex Deo sint", doit-on enquérir de ses moeurs
et de ses oeuvres, et par dévote oraison requérir
certains signes divins ou œuvres de Dieu, par quoi on puisse
éprouver qu'elle vient de Dieu (9)
; car ainsi commanda Dieu au roi Achas qu'il lui demandât
signe quand il lui plairait qu'il lui donnât victoire, selon
ce que fut écrit "Pete tibi signum a Deo tuo"
(10) ; et aussi, de cette sorte, lui
donna-t-il alors signe, et à plusieurs autres.

Item le roi a ainsi observé envers la Pucelle les deux manières
de la devant dite probation, celle des sages maîtres et aussi
celle de demander par oraison signe de Dieu.
Quant à la première, il a fait éprouver
la Pucelle, par sages maîtres, de sa vie, de sa naissance,
de ses mœurs ou façons et de son intention, et a gardé
auprès de lui la Pucelle bien par l'espace de six semaines,
et l'a fait éprouver par toutes gens d'expérience,
clercs, religieux et profanes, femmes et hommes, secrètement
et publiquement. Et en ladite Pucelle n'a-t-on trouvé rien
de mal, fors que tout bien, humilité, virginité, dévotion,
honnêteté, simplicité. Et de sa naissance et
de sa vie sont dites plusieurs choses qu'on tient pour vraies.
Quant à la seconde probation, le roi lui demanda
signe des choses dont elle avait charge. Sur quoi répondit
la Pucelle au roi que devant la ville d'Orléans elle donnerait
signe, et non auparavant (11), car ainsi
Dieu l'avait ordonné.
Comme le roi avait entendu la probation de la Pucelle,
faite en tant qu'a été possible, et comment on ne
trouva nul mal en elle, et apprit aussi qu'elle voulait donner signe
devant Orléans, et considéré sa constance et
persévérance en son propos et sa requête instante
d'aller à Orléans, et qu'alors on y verrait signes
de divin secours, lors conseillé fut au roi qu'il ne devait
point l'empêcher d'aller à Orléans avec ses
gens et devait la faire conduire honnêtement en mettant espoir
en Dieu ; car, qu'on la reboute ou délaisse sans apparence
de mal de sa part, ce serait répugner au Saint-Esprit et
se rendre indigne de l'aide de Dieu, comme dit Gamaliel en un conseil
des Juifs au regard des apôtres.

Chap.CCLX - Ci envoia la Pucelle au roi une lettre où il avait à voir comment il avait à se comporter en tous ses faits
297 - S'ensuit la lettre que
la Pucelle envoya au roi. (1)
Jésus Maria (2)
"Roi d'Angleterre, et vous duc de Bedford, qui vous dites régent
le royaume de France, vous Guillaume de la Pole, comte de Suffolk,
Jean, sire de Talbot, et vous Thomas, sire de Scales, vous disant
lieutenants du duc de Bedford, faites raison au Roi du Ciel et à
son sang royal, rendez à la Pucelle (3)
ci envoiée de par Dieu les clefs de toutes les villes que
vous avez prises et efforcées en France. Elle est venue de
par Dieu pour réclamer pour tout le sang royal. Elle est
prête de faire paix, si paix vous voulez faire, par ainsi que France vous
mettiez jus et payez de ce que vous l'avez tenue (4).
Et vous, archers, compagnons de guerre gentils et vilains (5)
qui céans êtes devant la ville d'Orléans, allez-vous
en, en nom Dieu, en votre pays ; et si ne le faites, attendez les
nouvelles de la Pucelle, qui vous ira voir brièvement à
votre grand dommage. Roi d'Angleterre, si ne le faites, adonc je
suis chef de guerre (6) ; en quelques
lieux que je vous atteindrai et vos gens en France, je les ferai
issir, veuillent ou non veuillent (7)
; et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire ; et
s'ils veulent obéir, je les prendrai à merci. Je suis
venue de par Dieu, le Roi du Ciel, pour tous vous bouter hors de
France (8) et détruire (9)
de mon corps (10), avec tous ceux qui
voudraient porter offense d'armes, malengin et trahisons ou autre
dommage au roi de France (11). Et ne
soyez pas en l'opinion que vous saurez tenir le royaume de France
de Dieu, le Roi du Ciel, fils de Marie la Vierge sans tache (12),
car seul doit le tenir le roi Charles, héritier d'icelui
et de par Dieu le vrai (13) ; et veut
le même Dieu du Ciel qu'il le possède et tienne, tel
qu'il l'a reçu (14). Et [ce]
lui est révélé par la Pucelle (15),
laquelle Pucelle doit bientôt venir à Paris à
bonne compagnie (16). Et si ne voulez
croire les nouvelles de la Pucelle envoyée de par Dieu, en
quelque lieu que nous vous trouverons, nous vous ferrons à
horions et ferons un si grand hahay (17)
que jamais en France, passé mille ans, tel grand hahay ne
fut fait. Et si ne faites raison (18),
lors croyez fermement que le Roi du Ciel enverra plus de force à
la Pucelle que vous ne sauriez livrer en tout d'assauts avec tous
vos gens d'armes (19). Et adonc verrra
t-on, aux grands horions, lequel a meilleur droit, de Dieu du Ciel
ou de vous. Duc de Bedford, la Pucelle vous prie et requiert que
vous ne vous fassiez pas détruire. Si voulez faire raison,
encore pourriez vous bien venir en sa compagnie (20),
et lors les Français feront-ils un si beau fait qu'en la
Chrétienté tel n'est oncques advenu. Et faites réponse
à la Pucelle, si vous voulez faire paix (21),
et si ne le faites, lors vous souvienne du grand dommage qui vous
en doit venir.
Écrit le mardi de la Semaine Sainte, l'an de
la naissance Notre-Seigneur mil quatre cent vingt neuf."
298 - Toutes ces choses ainsi faites, la Pucelle
partit de Chinon d'auprès du roi et tira vers Orléans,
le 21° jour d'avril, et alla à Blois (1),
et attendit les vivres et puissance qu'elle devait menerà
Orléans, jusqu'au jeudi ensuivant 28° jour dudit mois.
Et La Pucelle partit avec son étendard, qui était
fait de blanc satin auquel était figuré Notre Seigneur
Dieu séant sur l'arc-en-ciel et montrant ses plaies, et [était]
de chaque côté un ange tenant un lis. Et ainsi partit
la Pucelle avec son étendard, et menait avec elle le maréchal
de Boussac, le sire de Gaucourt, le sire de Retz et plusieurs autres
seigneurs et capitaines, en nombre de toutes gens bien trois mille,
tant de cheval que de pied. Et menait aussi par la Sologne tous
ses vivres, soixante chariots et quatre cents têtes de bétail.
Et arrivèrent (2) le jour suivant,
qui était le vendredi, dernier jour de vendredi du susdit
mois. Et ceux d'Orléans étaient sortis par la rivière
et mirent les vivres en navires et comme pour lors ils purent, de
façon que les Anglais qui apostés encontre étaient
plus nombreux qu'eux, ne saillirent point au devant.
Et quand la Pucelle vit qu'on la menait le long de la rivière
et qu'on ne la menait pas aux Anglais qui se tenaient devant la
ville, lors fut-elle grièvement affligée et courroucée
contre ceux qui l'avaient menée, et commença fort
à pleurer. Pourtant renvoya-t-elle sur l'heure en arrière
à Blois pour quérir les vivres et les ramener à
Orléans. Et elle entra dans ladite ville à petite
compagnie, et dit à ses compagnons d'armes [qui reparlaient
pour Blois], qu'ils n'eussent peur, car il ne leur devait advenir
aucun dommage - ainsi advint-il aussi - et que, quand ils arriveraient
avec les vivres, on viendrait au-devant d'eux par l'autre côté,
et qu'on irait hors d'Orléans à leur rescousse - ainsi
fit-on aussi. Et comme ils amenaient les vivres, s'assemblèrent
les Anglais à bien 1.400 hommes (3),
mais ils n'osèrent se montrer (4).
Et comme ils étaient arrivés avec le reste
des vivres, la Pucelle prit son étendard à la main
et assaillit la bastille occupée par les Anglais, que l'on
tenait pourtant pour imprenable, et la gagna vivement, et là
demeurèrent morts cent soixante-dix Anglais, et là
furent 1.300 pris, et là fut gagné nombre de pièces
d'artillerie et de vivres et d'autres provisions qu'ils avaient
en quantité par dedans. Et estime-t-on aussi que la Pucelle
ne perdit pas plus de deux hommes de ses gens (5).
Ensuite, le vendredi, prit la Pucelle son étendard
à la main et fit comme si elle voulait assaillir une bastille.
Et comme elle vit que les Anglais se tenaient en défense,
ils tournèrent arrière [elle et ses gens], et les
Anglais leur coururent sus et approchèrent vigoureusement
ses gens. Ce voyant, la Pucelle et La Hire, qui pourtant avaient
auprès d'eux peu de monde, retournèrent durement vers
les Anglais et les rechassèrent si fort, qu'à peine
les Anglais firent-ils rentrée. Là demeurèrent
d'Anglais bien trente morts, et fut là gagnée une
forte bastille près des Augustins et gagné dedans
nombre de vivres et autres. Et le même jour, comme les Anglais
virent que la Pucelle avait gagné trois bastilles, firent-ils
tous retraite dans la grande bastille au lieu devant le pont. Et
demeura la Pucelle, avec ses partisans la nuit aux champs du même
côté.
Le samedi suivant, huitième jour [de mai] (6),
au matin, se mit la Pucelle avec ses gens à assaillir la
bastille où les Anglais durant la nuit, avaient fait retraite.
La bastille était forte et imprenable, et étaient
dedans nombre d'Anglais, qui s'étaient bien mis en défense,
car ils pensaient bien conserver la bastille, surtout ayant nombre
de bonne artillerie dedans. Et ils se défendirent si fort
que la Pucelle dut les assaillir tout le jour avec ses gens jusqu'au
soir.
Et là fut la Pucelle blessée par le corps au-dessus
du sein droit. Et pourtant elle n'en tint guère compte, et
mit dessus un peu de coton et d'huile d'olive, et se réarma
et dit à ses gens. "Les Anglais sont à bout."
Car elle avait dit qu'elle serait blessée devant Orléans.
Et se tira à l'écart et se mit à genoux et
invoqua le Dieu du Ciel. Puis elle retourna à ses gens et
les exhorta à se porter avec elle hardiment à l'assaut,
et leur montra où ils devaient donner l'assaut. Et ses gens
lui étaient obéissants, tous de commun accord et de
bonne volonté, et ainsi gagnèrent-ils la bastille
sur l'heure. Dedans furent pris et tués bien cinq cent [Anglais]
; là demeura mort Classidas, un chef souverain. Et alors
rentra la Pucelle sur le tard, en joie de cœur, avec ses gens
à Orléans et rendit grâces à Dieu. Et
aux gens de la Pucelle ne demeura pas plus de morts que cinq hommes,
et moins de blessés. Et en est-il qui dirent que durant le
dit assaut on vit deux blancs oiseaux sur ses épaules. Et
les Anglais qui là furent pris ont dit pour vrai qu'il leur
semblait que les gens de la Pucelle étaient bien plus forts
et plus nombreux qu'eux, en raison de quoi ils n'avaient pu faire
aucune résistance contre eux, et les Anglais s'étaient
enfuis bien trente sur un pont derrière eux, pensant bien
être en sûreté. Et advint un signe de Dieu, car
le pont se rompit et ils churent tous en l'eau et furent noyés.
Le dimanche, le jour suivant, au point du jour, les
autres Anglais qui se tenaient de l'autre côté de la
ville firent retraite et abandonnèrent la bastille (7),
voyant qu'ils avaient été défaits si merveilleusement.
Desquels étaient bien trois mille vaillants hommes. Et voulurent
les gens de la Pucelle iceux poursuivre et les défaire, et
ce ne voulut point la Pucelle permettre ; parce que c'était
dimanche, et alors firent-ils aussi bonnement retraite. Et ainsi
fut Orléans délivré, l'armée détruite
et toutes les bastilles gagnées avec grand butin qu'on trouva
dedans. Et alors tirèrent les Anglais en Normandie et laissèrent
leurs gens en garnison à Meug et à Beaugency et à
Jargeau. Deo gratias !
299 - Ces choses ainsi faites, alla la Pucelle
avec ses gens à Tours en Touraine ; là devait en même
temps venir le roi ; et la Pucelle y fut avant le roi. Elle
prit son étendard à la main et chevaucha vers le roi.
Et quand ils vinrent à s'aborder, la Pucelle inclina la tête
vers le roi, si fort qu'elle put, et le roi la fit gracieusement
relever, et tient-on qu'il l'eût volontiers baisée
de la joie qu'il avait (1). Ce fut le
mercredi avant la Pentecôte (2).
Et elle demeura auprès de lui jusqu'après le 23°
jour du mois de mai. Et tint le roi conseil sur ce qu'il devait
faire, car la Pucelle voulait de suite le mener à Reims,
et le couronner et faire roi. Et se mit le roi sus, et est en chemin
et espère réduire Meung et Jargeau et, Beaugency.
Dieu veuille y pourvoir aussi. (3)
300 - Ces choses ainsi faites, envoya le duc
de Bretagne son confesseur à la Pucelle pour s'enquérir
si c'était de par Dieu qu'elle était venue porter
aide au roi. Et dit la Pucelle : "Oui." Et dit
le confesseur : "Puisque donc il en est ainsi, alors viendra
volontiers le duc, mon seigneur, pour faire service et aide au roi,"
- et nommait le duc son droit seigneur "mais de son propre
corps ne peut-il venir, car il est en grande infirmité, et
doit-il lui envoyer son fils ainé à grande puissance."
Et dit la pucelle au confesseur que le duc de Bretagne n'était
pas son droit seigneur, car c'était le roi qui était
son droit seigneur, et il n'aurait pas dû, selon raison, attendre
si longtemps pour envoyer ses gens et lui faire service et aide (1).

Chap.CCLXI - Ci chevaucha la Pucelle en France et vinrent les Anglais à grande force, et quand les Anglais virent la Pucell, adonc s'en fuirent-ils et jetèrent en arrière leurs arcs.
301
- Un jour vinrent les Anglais à grande puissance. Quand la
Pucelle le vit et comprit, elle dit aux capitaines de monter sur
leurs meilleurs coursiers et dit à ses gens qu'ils allaient
chasser à courre. Et ils demandèrent ce qu'ils devaient
chasser. Et la Pucelle dit qu'ils allaient chasser les Anglais.
Et alors montèrent-ils tous en selle et chevauchèrent
avec la Pucelle. Et sitôt que les Anglais les eurent en vue,
si s'enfuirent-ils, et les archers jetèrent arrière
leurs arcs et flèches loin d'eux, et furent la plupart tués.
(1)
302 - Après, elle se mit en chemin pour
mener le roi à Reims. Et les villes qui lors n'avaient rien
de quoi résister à la Pucelle et a ses gens, lui ont
toutes fait obéissance, et en partie ont apporté au
roi leurs clefs bien deux milles au devant, comme Troyes, Châlons
et encore autres villes. Et ainsi est le roi venu à Reims
et y a été sacré. (1)
La Pucelle pensait aussi faire entrer le roi à
Paris et ne redoutait aucune puissance ni du duc de Bourgogne ni
du régent, car elle avait dit que Notre Seigneur Dieu avait
plus de puissance qu'eux, et qu'il devait encore l'aider, et que
plus le duc de Bourgogne et le régent amèneraient
de gens contre elle, plus il y en aurait de tués et plus
aussi de butin conquis. Elle ordonne aussi à tous, autant
qu'elle peut le garantir, que l'on ne prenne rien à personne
et qu'on ne fasse aucun dommage aux pauvres gens ni violence. Et
sont vivres suffisants en sa compagnie, et aussi longtemps qu'elle
a chevauché de la sorte, les vivres, par le pays, ne sont
pas pas devenus plus chers.

303 - Au temps où l'on comptait, de la
naissance de Notre-Seigneur, 1400 et 29 ans, lors survinrent nouvelles
certaines devers France, disant comment une Pucelle était
venue de Lorraine au dauphin, en France, et avail eu entretiens
avec lui, en raison des Anglais qui se tenaient à grande
puissance audit royaume. Et ladite Pucelle les chassa avec l'aide
du Dieu Tout-Puissant et de la Vierge Marie, ainsi qu'il est écrit
ci-dessus, disant comment, elle entend l'avenir, et comment ce qu'elle
fit, ce fut avec l'aide de Dieu (1).
303bis - Item, quand le roi fut sacré
à Reims (1), lors se trouva très
forte gent autour de Reims, dehors parmi les vignes, et gâtèrent
toutes les vignes avec leurs chevaux et autrement. Et quand le roi
partit de Reims et tira outre, peu après se relevèrent
derechef toutes les vignes, et fleurirent toutes d'une autre pousse,
et portèrent plus de raisins qu'avant, et dût-on les laisser
jusqu'au jour (2) de la Saint-Martin.
304 - Item un autre ,jour, chevauchaient-ils en quête des
Anglais, leurs ennemis. Adonc en l'armée était un
homme, qui avait sa mie près de lui, laquelle chevauchait
en armes, pour qu'on ne la reconnût point. Et quand ils furent
tous sur les champs, adonc dit la Pucelle aux autres seigneurs et
capitaines : "Il y a une femme parmi nos gens."
Adonc dirent-ils tous qu'ils n'en connaissaient point parmi eux.
Alors fit-elle assembler l'ost, et quand ce fut fait, adonc chevaucha
la Pucelle, et chercha, et lors trouva sur l'heure la femme, et
la montra d'un doigt aux seigneurs, et dit : "La voici",
et dit à la femme : "Tu es de Gien et es grosse d'enfant
; et, n'était cela, je te ferais mettre à mort ; et
tu as déjà laissé périr un enfant, et
n'en feras pas de même de celui-ci." Et alors la
prirent les valets et la ramenèrent chez elle et la tinrent
en garde jusqu'e à sa délivrance d'enfant. Et la femme
dit ouvertement que la Pucelle avait dit vrai (1).
Item, en après, trouva-t-elle à nouveau
deux ribaudes, auxquelles elle avait déjà défendu
de se trouver en l'ost, ou bien elle les ferait mettre à
mort, car elles n'appartenaient pas à l'ost. Adonc trouva-t-elle
une fois les deux ribaudes, alors qu'elles se départaient
à cheval, car elle venait auparavant de dire [qu'elle savait],
qu'il y avait des femmes en l'ost. Et quand elle trouva les femmes,
lors dit-elle : "Vous folles filles, je vous ai par avant
interdit ma compagnie." Et alors tira-t-elle son épée
dehors et férut l'une des filles par la tête, si bien
qu'elle mourut (2).
305
- Item, en après, un jour, était le roi à table,
à diner (1), et la Pucelle se
mit aux champs et voulut tirer encontre les Anglais, car elle était
avisée qu'ils étaient sur les champs. Et alors par
la ville se mit chacun à cheval et tira aux champs vers la
Pucelle. Quand le roi s'avisa du fait que chacun suivait la Pucelle,
lors fit-il clore les portes. Ce, fut dit à la Pucelle sur
les champs. Adonc dit la Pucelle : "Avant qu'il soit heure
de none (2), si sera au roi tel besoin de venir
à moi, qu'il me suivra de tire, son manteau à peine
jeté sur lui et sans éperons." Ainsi advint-il.
Aussi étaient les gens d'armes en la villa, qui mandèrent
au roi qu'il fit de suite ouvrir les portes, ou bien qu'ils les
jetteraient bas. Alors furent les portes ouvertes sur l'heure, et
chacun courut après la Pucelle, et ne voulut nul prendre
garde au roi. Du fait s'avisa le roi, et jeta de suite un manteau
sur lui et suivit de tire la Pucelle. Et alors, ce jour même,
rua-t-elle grand nombre d'Anglais jus (3).
306 - Item, [était] un saint homme de
religion [qui] eût volontiers pris information secrète
de la vie et des mœurs de la Pucelle ; ce pour quoi il lui
dépêcha secrètement son confesseur [à
elle], qui adonc est un grand docteur. Lequel il pria de lui remettre
par écrit tout à plain la vérité pour
l'amour de Dieu. Ainsi fit le docteur, mais, par avant, il s'enquit
près de la Pucelle, en sa confession, de sa vie et de ses
mœurs, et dit aussi à la Pucelle qu'il avait entendu
qu'elle avait voué sa pureté au sacrement de mariage.
Alors lui répondit la Pucelle qu'elle avait jusque-là
gardé sa virginité, et qu'aussi ne lui viendrait jamais
en l'esprit de la souiller ; ainsi voulait-elle également
qu'il en fut désormais, avec l'aide de Dieu, jusqu'à
sa fin. Et outre ce, lui dit comment bataille devait survenir contre
les Infidèles où son parti devait obtenir victoire,
et qu'en la bataille elle vouerait à Dieu sa virginité,
et lui remettrait en outre son âme, car elle devait mourir.
Et adonc doit être de par lui une autre Pucelle, laquelle
doit être de Rome. Laquelle doit après elle régner
en son lieu. Aussi dit le docteur que la Pucelle, de jour, avait
plus de labeur à ordonner et à chevaucher de l'un
à l'autre que trois des plus forts chevaliers qu'on pût
trouver ; et de nuit mène-t-elle une si dure vie de grande
rudesse, plus durement qu'un Chartreux en son cloître, car
elle s'agenouille, à genoux nus, les yeux en larmes, et supplie
le Dieu Tout-Puissant qu'il veuille porter secours à la ,justice
et veuille écraser l'iniquité, qui si longtemps a
pris lit dessus. Ce fit le docteur connaître au bon moine,
et bien plus encore (1).
307 - Item, en après, un autre jour, était
la Pucelle assise, auprès du roi, et mangeait ; et lui survint
de très fort rire à la dérobée. Et s'en
avisa le roi et lui dit : "Bien-aimée, pourquoi riez-vous
de si grand coeur ?" Elle dit : "Sire, après le
repas, je vous le dirai." [Et] quand on versa l'eau, lors dit-elle
: "Sire, en ce jour, sont cinq cents Anglais noyés
en la mer, qui voulaient passer par-delà en votre terre pour
vous porter dommage : pour quoi j'ai ri ; et au tiers jour vous
viendront nouvelles certaines que c'est vérité."
Ainsi advint-il aussi (1).
308 - Item, le plus proche lundi d'avant le jour de la Sainte Croix
(1), adonc chevaucha la Pucelle vers
Paris avec bien trois mille hommes d'armes, et commença à
donner l'assaut avec sa gent. Et l'assaut dura presque tout le jour.
Adonc fut tant de trait tiré de Paris, que six chariots,
comme on pense, eussent à peine pu voiturer les flèches.
Et à la gent de la Pucelle n'advint rien, car cinq
seulement lui demeurèrent morts. Et elle fut blessée.
Item, en cet assaut, survinrent grands signes de Dieu,
car on vit les pierres à canon et autres plommées,
qui élaient tirées de la ville, qui se réduisaient
en poussière sur les hommes qu'elles atteignaient, comme
si c'eût été terre. En outre virent maintes
gens, alors que la Pucelle se tenait dans le fossé, à
l'assaut, avec son étendard, qu'un blanc coulomb vint se
poser sur son étendard. Le coulomb avait une couronne d'or
en son bec et la tenait ainsi.(2)
309
- Item, une fois, guère en après, était la
Pucelle en une ville, à bien seize milles du roi. Et comme
elle allait dormir et gisait à sa prière, adonc lui
fut révélé qu'elle prit garde au roi, car ou
le voulait empoisonner au diner. Alors appela la Pucelle ses frères,
auxquels elle dit qu'ils se hâtassent de suite et dissent
au roi qu'il ne mangeat rien au repas ni autrement, avant qu'elle
ne vint à lui. Ainsi firent-ils. Alors vint la Pucelle au
roi, elle douzième, et dit : "Sire, faites emporter
les mets." Ainsi fit-il. Et elle prit les mets et les donna
aux chiens à manger, et ils moururent sur l'heure devant
le roi. Adonc dit-elle : "Sire, le chevalier, qui là
près vous se tient, requérez-le, et autrement deux
compagnons, ceux-là voulaient vous empoisonner."
Adonc se saisit le roi du chevalier, lequel avoua sur l'heure que
c'était vérité. Alors en fit le roi faire justice
selon ses mérites. (1)

Chap.CCLXII - Une copie de la lettre du roi d'Angleterre et de France au duc de Bourgogne.
310
- Très cher et bien-aimé oncle,
"La fervente dilection et entière dévotion
que nous vous savons avoir, comme vrai prince de foi chrétienne,
envers notre mère la Sainte Église, et l'exaltation
de notre sainte foi chrétienne, nous exhortent et admonestent
selon raison de vous signifier et écrire ce qui, à
honneur de notre devant dite mère la Sainte Église,
fortification de notre susdite foi et extirpation d'erreurs pestilencieuses,
a été naguère en notre ville (1)
solennellement fait.
Il est jà assez commune renommée, de toutes
parts divulguée, comme quoi la femme qui se faisait nommer
Jeanne la Pucelle, erronnée devineresse, s'était,
deux ans ou plus, contre la loi divine et l'état de son sexe féminin,
vêtue en habit d'homme, ce qui était chose monstrueuse
devant Dieu, et en tel état transportée
devers notre ennemi capital et le vôtre. Auquel et à
ceux de son parti, gens d'église, nobles et populaires, elle
donna souvent à entendre qu'elle était envoyée
de Dieu, en se présomptueusement vantant que souvent elle
était en puissance d'avoir et qu'elle avait communication
personnelle et visible avec saint Michel et grande multitude d'anges
et de saintes de Paradis, comme sainte Catherine et sainte
Marguerite. Par lesquelles faussetés données à
entendre et l'espérance qu'elle promettait de victoires futures,
a-t-elle détourné plusieurs cœurs d'hommes et
de femmes du chemin de la vérité et les a tournés
à fables et mensonges. Elle s'est aussi revêtue de
harnais convenant à chevaliers et écuyers, et a levé
étendard, et, en grand outrage, orgueil et présomption,
elle a demandé à avoir et porter les très nobles
et très excellentes armes de France, ce qu'en partie elle
obtint, et les porta en plusieurs combats et assauts, ainsi que
ses frères, comme on dit, c'est à savoir un écu
à champ d'azur à deux fleurs de lis d'or et une épée
la pointe en haut férue en une couronne. En cet état
elle s'est mise aux champs et a conduit gens d'armes en armées
et compagnies, pour faire et exercer cruautés inhumaines
en répandant le sang humain, pour faire sédition et
commotion de peuple, en l'induisant à par jurements et pernicieuse
rébellion, superstition et fausses croyances, en perturbant
toute vraie paix et renouvelant guerre mortelle, en se laissant
adorer et révérer de plusieurs comme femme sanctifiée,
et par ailleurs damnablement faisant en divers autres cas, qui longs
seraient à exprimer et qui toutes fois sont assez connus
de plusieurs, dont presque toute la Chrétienté a été encore fort scandalisée. Mais la divine puissance, ayant pitié de son peuple loyal, pour qu'il ne soit longuement fatigué de péril, ne souffrant pas qu'il s'éprenne de vaines, périlleuses et nouvelles crédulités, comme légèrement s'est maintenant montré, voulut bien permettre, de sa grande miséricorde et clémence, que la susdite femme fût prise dans votre camp et siège que teniez pour ce temps de par nous devant Compiègne (2), et par votre bon moyen fût mise en notre obéissance et domination.
Et pour ce que, dès lors, nous fûmes requis par l'évêque, en l'évêché duquel elle avait été prise (3), que icelle, comme notée et diffamée du crime de lèse-majesté divine, lui voulussions livrer comme à son juge ecclésiastique ordinaire, nous, tant pour révérence de notre mère la Sainte Église, dont la sainte ordonnance nous voulons à nos propres volontés et faits préférer, comme raison est, comme aussi pour honneur et exaltation de notre propre sainte foi, lui avons fait livrer la susdite Jeanne, afin de lui faire son procès ; et ne voulûmes pas qu'elle fût prise par les officiers de notre justice séculière pour aucune vengeance ou punition, ce qui cependant nous aurait été suffisamment licite, eu égard aux grands dommages et félonies, aux horribles homicides et détestables cruautés et autres innombrables maux, qu'elle avait commis contre notre seigneurie et notre loyal obéissant peuple. Lequel évêque s'adjoignit le vicaire (4) de l'inquisiteur et appela à lui grand et notable nombre des maîtres et docteurs en Théologie et Droit Canon, et commença à grande solennité et à due gravité le procès d'icelle Jeanne. Et après que lui et le susdit inquisiteur, juges en cette fin, eurent par plusieurs et diverses journées interrogé la susdite Jeanne, ils firent ses confessions et assertions mûrement examiner par les susdits maîtres docteurs, et généralement par toutes les Facultés d'étudiants de notre très chère et bien-aimée fille l'Université de Paris, à laquelle icelles confessions et assertions ont été envoyées. Et par l'opinion et délibération desquels, trouvèrent les susdits juges icelle Jeanne superstitieuse, devineresse, idolâtre, invoqueresse de diables, blasphémeresse de Dieu et de ses saints, schismatique et faisant par nombre de fois erreur en la foi de Jésus-Christ.
Et dans le dessein de la ramener et réduire à l'unité et communion de notre susdite mère la Sainte Eglise et la purger de ces horribles, détestables et pernicieux crimes et péchés, et de la guérir et préserver son âme de perpétuelles peines et damnations, elle fut souvent et par bien long temps très charitablement et doucement admonestée qu'elle voulût toutes ses erreurs rejeter [et] mettre arrière, et humblement retourner à la voie et droit sentier de la vérité, ou qu'autrement elle se mettait en grave péril d'âme et de corps. Mais le très périlleux et divisé esprit d'orgueil et d'outrageuse présomption, qui toujours s'efforce et veut empêcher et perturber l'union et sûreté des loyaux Chrétiens, a en tel point occupé et détenu en la fin le cœur d'icelle Jeanne, que, pour quelque saine doctrine ou conseil ni autre douce exhortation qu'on lui administra, son cœur endurci et obstiné ne se voulut jamais laisser humilier ou amollir, mais souvent se vantait que toutes les choses qu'elle avait faites avaient été bien faites, et qu'elle les avait faites du commandement de Dieu et des saintes vierges qui visiblement lui étaient apparues, et ainsi, qui encore pis est, elle ne reconnaissait et ne voulait reconnaître, sur terre, que Dieu seulement et les saints du Paradis, et déboutait et reboutait le jugement de notre saint père le Pape, du concile général et de l'universelle Église militante. Et les juges ecclésiastiques, voyant son cœur si fortement et si longtemps endurci, la firent mener devant le clergé et devant le peuple qui là était assemblé en grande multitude, et [en] présence d'iceux furent solennellement et publiquement, par un maître en Théologie, ses cas, crimes et erreurs, à exaltacion de notre foi, extirpation de l'erreur, édification et amendement du peuple chrétien, prêches, exposés et déclarés. Et derechef fut charitablement admonestée de retourner à l'union de la Sainte Église et de corriger ses fautes et erreurs, en quoi, alors encore, elle demeura opiniâtre et endurcie. Et, ce considérant, les juges procédèrent à prononcer la sentence qui contre elle, en tel cas de droit, était introduite et ordonnée. Mais avant que la sentence contre elle fût lue, elle commença à faire semblant de convertir son cœur, disant qu'adonc elle voulait retourner à la Sainte Église. Ce que volontiers et joyeusement entendirent les juges et le clergé, et bénignement reçurent, espérant que par là son âme et son corps seraient rachetés de perdicion et peine. Adonc elle se soumit à l'ordonnance de la Sainte Eglise et révoqua de sa bouche son erreur et grand crime et les abjura publiquement, et signa de sa propre main la cédule de la révocation et abjuration, et par ainsi notre piteuse mère la Sainte Eglise, se réjouissant sur la pécheresse qui avait repentir, voulant la brebis perdue, qui dans le désert s'était égarée, ramener avec les autres, a icelle Jeanne, pour salutaire pénitence faire, condamné à la prison (5).
Mais guère de temps n'y fut, que de son orgueil, qu'on croyait être éteint en elle, elle fut rembrasée pestilentieusement par le souffle de l'Ennemi. Et tantôt la susdite malheureuse femme fit rechute en l'erreur et faux égarement qu'elle avait par avant proférés et depuis révoqués et abjurés, comme dit est. Pour lesquelles choses, et encore selon l'ordonnance et institution de la Sainte Église, afin que dorénavant elle ne contaminât pas les membres de Jésus-Christ, elle fut derechef publiquement prêchée, et comme relapse en crime des fautes par elle accoutumées, si bien qu'il fallut l'abandonner à la justice séculière, qui sur l'heure la condamna à être brûlée. Et quand elle vit que sa fin approchait, lors reconnut-elle pleinement et confessa que les esprits qu'elle avait dits lui être apparus si souvent, étaient mauvais et mensongers, et que les promesses qu'ils lui avaient souvent faites de devoir la délivrer étaient fausses, et ainsi confessa par lesdits esprits avoir été moquée [et] déçue (6).
Ici est la fin des œuvres, ici est l'issue d'icelle femme, que présentement, très cher et bien aimé oncle, nous vous signifions, pour que vous ayez pleine et véritable connaissance de la chose, parce que de cette matière vous et les autres [princes] Chrétiens deviez être avisés, afin de pourvoir, dans la mesure qui y appartient, à ce que vos sujets et les leurs ne présument croire si légèrement en telle erreur et périlleuse superstition, surtout en ce présent temps où nous voyons croître beaucoup de faux prophètes et semeurs de fausse erreur et folle croyance, qui s'élèvent contre notre mère la Sainte Eglise et par folle présomption pourraient contaminer de venin de fausse croyance le peuple chrétien, n'était que Dieu, par sa miséricorde, y pourvoie, et que ses ministres regardent diligemment à rebouter et à punir la force et la présomption des hommes réprouvés.
Donné en notre ville de Rouen, le 28e jour du mois de juin".
A notre très cher et bien aimé oncle le duc de Bourgogne, de Lothier, de Brabant et de Limbourg, comte de Flandre, d'Artois, de Bourgogne, de Namur, Palatin, de Hainaut, Hollande, Zélande, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines.
Source
: "Les sources allemandes de l'histoire de Jeanne d'Arc -
Eberhard Windecke" - Germain Lefèvre-Pontalis - 1903.
Notes :
1 Eberhardi Windeckii Moguntiacensis Historia vitæ imperatoris
Sigismundi vernacula... Leipzig, 3 vol. 1728-30.
2 Cet ouvrage fut rapidement l'objet de traductions françaises.
3 Les renseignements qui suivent sur la vie de E.Windecke sont
tirés de la préface de l'édition de M.Altmann.
4 Pour l'étude complète et très instructive
de cette première fraction, il convient de se rapporter
à l'ouvrage de M.Lefèvre-Pontalis.
§ 295 :
1 On place généralement au 6 mars l'arrivée de Jeanne d'Arc à Chinon auprès de Charles VII. Orléans est assiégée depuis le 12 octobre 1428.
2 Il s'agit ici du texte poétique bien connu, représentant
non pas une prophétie, mais simplement une composition
latine de seize vers, fabriquée à l'occasion de
l'apparition de la Pucelle, avant la libération d'Orléans,
en mars ou avril 1429.
Ces vers sont inscrits dans le manuscrit de Vienne (ms.2913) mais
encore dans d'autres manuscrits, mais assez bizarrement toujours
chez des chroniqueurs étrangers ou lointains.
Une traduction française contemporaine due au manuscrit
breton du scribe A.de Kaerrymael l'accompagne dans le registre
delphinal de Thomassin dont les versions sont ci-dessous.
"Une vierge vestue de vestemens de homme et
qui a les membres appartenans à pucelles, par la monicion
de Dieu s'appareille de relever le roy pourtant les fleurs de
lis qui est couchié et de chassier ses ennemis maudis et
mesmement ceulx qui maintenent sont devant la cité d'Orleans
laquelle ils espavantent par siege. Et se les hommes ont grant
courage d'eux joindre à la bataille et d'ensuyr les armes
lesquelles la saincte Pucelle appareille, croyez les faulx Anglois
estre succumbés par mort par le Dieu de la bataille de
la Pucelle, et les Franscoiz les trebucheront. Et adonc sera la
fin de la guerre, et retourneront les ancienes aliances, et amour,
pitié et autres drois retourneront et tratteront de la
paix, et tous les hommes s'outroyeront au roy de leur bon gré,
lequel roy leur poisera et leur administrera justice à
tous et les nourrira de belle paix, et dorenavant nul Anglois
ennemy portant le liépart ne sera qui presumera soy dire
roy de France."
3 Le texte latin est aussi chez Windecke mais tellement d'une "pitoyable"
transcription que Lefèvre-Pontalis a mis cette version de Thomassin.
§ 296 :
1 Il s'agit ici du texte également bien connu, de la consultation
émanée de la Commission d'enquête réunie
à Poitiers, par ordre de Charles VII, en mars-avril 1429,
avec charge de dresser information au sujet de la Pucelle et d'émettre
un avis motivé sur la question de savoir si le roi
devait, ou non, prêter foi à ses dires. Encore une
fois ce document est transcrit dans d'autres manuscrits que le
ms 2913 de Vienne de Windecke avec la même remarque que
pour les vers latins c'est à dire dans des chroniques ou
textes lointains ou étrangers.
Il convient de noter l'intérêt qui ressort du fait
que cette pièce capitale, demeurée longtemps ignorée,
ait pénétré ainsi jusqu'en Allemagne.
2 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan écrit : "bons à éprouver
et à interroger la Pucelle".
3 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan
écrit : "il ne veut point"
4 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan ajoute : "si légèrement"
5 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan écrit : "il
voulut" au lieu de "doit".
6 Phrase qui a prêté à de nombreuses
contradictions et discussions entre érudits, les textes
présentant de légères variantes, certains
l'interprétant dans le sens "surhumaines" comme
Thomassin ou le R.P Ayroles.
7 Entendre ainsi "aussi ne doit-il trop tôt
ni trop légèrement croire en elle".
8 C'est de St Jean et non St Paul que provient cette citation.
9 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan écrit
: "qu'ils [les signes] viennent de Dieu". Les
manuscrits français mentionnent "elle" ou "ladite
Pucelle".
10 Toutes les rédactions françaises mentionnent
après le texte latin une allusion à Gedeon
"et semblablement fit Gedeaon, qui demanda signe, et plusieurs
autres". Idem pour le manuscrit de Jordan.
11 Le manuscrit strasbourgeois de Jordan ajoute ici (en italiques)
la très singulière addition sur la portée
de laquelle il faut attirer l'attention car elle serait une preuve
de plus de la prescience des évènements de Jeanne
: "...et non auparavant, et là doit-elle aussi
être blessée, car Dieu l'avait ordonné".
Il faut rappeler que la commission de Poitiers est bien antérieure
au siège d'Orléans où Jeanne sera blessée
le jour de l'assaut des Tourelles le 7 mai 1429.
§ 297 :
1 Le document qui suit représente la célèbre lettre
de Jeanne d'Arc aux Anglais, en date du mardi saint 22 mars 1429.
Voir le commentaire spécial à ce sujet.
2 La traduction de l'allemand représente presque exactement
le texte de la lettre de Jeanne d'Arc, tel qu'il a été
conservé dans les diverses sources.
3 "Rendez à la Pucelle" - Ces mots représentent la première
des trois expressions contestées par Jeanne d'Arc devant
ses juges de Rouen. (Voir procès)
La suppression de ces mots équivaudrait, comme on s'en
rend aisément compte, à la suppression de tout le
texte de la lettre jusqu'à la phrase : "Et vous, archers...".
En effet, toute cette fraction du texte est gouvernée par
l'expression : "la Pucelle", expression qui amène
et cornmande les deux reprises de phrase suivante : "Elle
est venue..." "Elle est prête..." - En remplaçant
les mots : "rendez à la Pucelle..." par ceux-ci
: "rendez au roi...", tout le texte, jusqu'à
la phrase : "Et vous, archers..." ne conserverait aucun
sens et devrait être rayé.
Il serait difficile de supposer là une adjonction provenant
du scribe français de la Pucelle. Nest-il pas tout simple
de supposer que la protestation de Jeanne d'Arc doit s'entendre
en ce sens, qu'elle veut déclarer n'avoir jamais usurpé
aucun droit royal, tel que sommation, soumission de villes, ou
quelque autre prérogative semblable. Par là, elle
entendait nier, et avec raison, la signification que la perfidie
de l'interrogatoire voulait extorquer à cette phrase, aussi
simplement concue que rédigée.
4 Le texte français présente : "Elles est ci
venue", au futur et modifie la construction du membre de
phrase final, littéralement : "par ainsi que France
vous mectrés jus et paierez ce que l'avez tenu" -
Le texte le plus correct semble être celui de la Relation
du greffier de la Rochelle, littéralement : "par
ainsy que France vous meitiez jus et paiez de ce que vous l'avez
tenue". - La Geste des nobles Francais, avec ses dérivés
(Chronique de la Pucelle, Journal du siège d'Orléans),
supprime le mot "France", ce qui rend la phrase incompréhensible,
littéralement : par ainsi que vous mettez jus et paiez
de ce que l'avez tenu." - Le Regislre Delphinal de Mathieu
Thomassin porte, littéralement : "par ainsi que rendez
France et payez de ce que l'avez tenu" - La Chronigue de
Tournai offre, littéralement : "Vous déportans
de France et paiant le roi de ce que le (forme picarde et wallonne
pour la) avez tenue."
Il résulte de tout ceci que ce passage a paru obscur, même
aux conterrrporains. Quant aux interprétations modernes
émanées de divers historiens de la Pucelle, elles
sont multiples.
II faut d'abord remarquer que tout l'ensemble nécessaire
et concordant de la phrase impose le sens général
de conditions de paix, tout à l'honneur de la France, faites
par les Anglais aux Français.
L'expression principale : "que France vous mettiez jus",
peut présenter au premier abord une certaine difficulté.
L'adverbe "jus" (bas lat. jusum), aujourd'hui tombé
en désuétude, indique généralement
une acception dépressive : abaissement, chute, - en opposition
à "sus" (bas-lat. susum), toujours demeuré
vivant, qui comporte acception contraire. Cependant, le terme
"jus" paraît employé ici dans l'une de
ses nuances admissibles, où il pourrait signifier : laisser
là "Mettre jus - laisser de côté",
soit la signification de déposer, abandonner. C'est le
sens qui çe reflète tout naturellement dans la leçon
du Regislre Delphinal "par ainsi que rendez France",
et dans celle de la Chronique de Tournai : "vous deportans
de France".
L'expression complémentaire : "et payez de ce que
l'avez tenue", offre moins d'équivoque. II semble
qu'on comprenne assez aisément "et payez pour l'avoir
occupée". La Chronique de Tournai ajoute même
une glose visible : et paiant le roi de ce que le (le valeur
de la) avez tenue". La suppression de la préposition
"de" (suppression qui se rencontre uniquement dans le
texte de l'acte d'accusation "et paierez ce que l'avez tenue")
n'autoriserait pas à prendre "ce que vous l'avez tenu"
pour proposition complétive directe du verbe payer, et
à en déduire tel ou tel autre sens. Il n'y a évidemment
là, dans cette omission de la préposition "de",
qu'une erreur de transcription sans conséquence.
En traduction moderne, tout ce passage pourrait ainsi s'entendre
: "faisant tant que d'évacuer la France et
de payer le prix de votre usurpation".
5 Le texte de "la geste des nobles français"
et celui de la "relation du greffier de la Rochelle"
porte : gentils et vilains c.a.d nobles et non nobles. La chronique
de la Pucelle (éd. Vallet de Viriville) porte gentils et
vaillans, On ne voit pas pourquoi.
6 Seconde des trois expressions contestées par Jeanne d'Arc
devant les juges de Rouen. L'admission de cette suppression n'entrainerait
que la radiation du simple membre de phrase : "adonc je suis
chef de guerre", le reste de la construction pouvant s'en
passer.
Addition qui pourrait très simplement s'expliquer par une
adjonction provenant du scribe français de la Pucelle.
7 Tout ce passage, entre les mots "veuillent ou non veuillent",
qui précèdent, et "France", qui suit,
est, dans tous les textes français l'objet d'interversions
diverses.
8 Tous vous bouter hors de France". Variante de l'expression
des textes français connus tels que : "vous bouler
hors de torte France" , celle-ci entrée dans la légende
(Acte d'accusation, Relation du greffier de la Rochelle...) "vous
bouter hors de France" (Geste des nobles Français,
Registre Delphinal).
9 Ce redoublement d'expression "et détruire"
ne parait pas avoir laissé trace dans les textes connus.
10 "De mon corps" - mot à mot : avec mon corps.
Variante à la leçon des textes français connus
; "corps pour corps". (Néant dans la Chronique
(le Tournai.) - C'est la troisième et dernière des
expressions contestées par Jeanne d'Arc devant ses juges
de Rouen.
Admission de cette suppression n'entraînerait que la radiation
de l'expression accessoire "corps pour corps". Addition
qui pourrait parfaitement s'expliquer par une adjonction provenant
du scribe français de Jeanne.
11 Tout ce dernier corps de phrase "tous ceux qui voudraient
porter offense d'armes, malengin et trahisons ou autre dommage
au roi de France" ne se rencontre que dans "la chronique
de Tournai" et dans "la lettre du chevalier de Rhodes".
12 Les textes français portent simplement : "Fils
de Ste-Marie".
13 Car seul doit le tenir le roi Charles, héritier d'icelui
et de par Dieu le vrai.
14 Tout ce membre de phrase : "et veut le même Dieu
du Ciel qu'il le possède et tienne, tel qu'il l'a reçu"
ne figure dans aucun autre texte connu. Peut-être pourrait-on
en suivre la trace, singulièrement effacée, dans
les passages suivants : "car Dieu, le roi du Ciel, le vent"
- "c'est la volunté du roi du Ciel et de la Terre"
- "car Dieu, le roi du ciel, le veut ainsi" - Néant
dans la Geste des nobles Francais et ses dérivés
; néant dans le Registe Delphinal : néant dans la
Relation du greffier de la Rochelle. Le texte d'où est
dérivé le texte allemand offre une rédaction
singulièrement plus explicite. Il n'est pas besoin d'insister
sur son importance. Dès le début primordial de son
action, la Pucelle définit ainsi, avec la précision
la plus complète, les limites de son oeuvre, telle qu'elle
l'entend et la comprend. ll s'agit du "royaume de France". Le "Dieu du Ciel" veut que Charles
VII le recouvre "tel qu'il a reçu". Comment démontrer
mieux, et avec plus d'éloquenté simplicité,
que la Pucelle comprenail, dans son œuvre personnelle l'expulsion
totale des Anglais de France ?
15 C'est la rédaction même de certaine textes français.
(Acte d'accusation, Lettre du chevalier de Rhodes) La chronique
de Tournai porte : "et ce lui est révélé
par moi, qui sui [la] Pucelle". Néant dans la Geste
des nobles Français et ses dérivés ; néant
dans le Registre Delphinal ; néant dans la Relation du
greffier de la Rochelle. J'ai cru pouvoir ajouter ici, entre crochets,
pour indiquer l'addition, le mot "ce", en me fondant
sur sa présence dans le texte (le la Chronique de Tournai,
lequel offre tant d'analogies continuelles avec le texte allemand
qui fait l'objet de cette étude.
16 Variante intéressante, c'est ici la Pucelle qui rentre
dans Paris en bonne compagnie et non pas le Roi comme dans les
autres variantes de cette lettre.
17 Hahay doit s'entendre semble-t-il dans le sens de "Haro"
clameur vengeresse. Il semble en rester de nos jours ce terme
"brouhaha".
18 "Et si ne faites raison" est rattaché à
tort par divers textes français, à la fin de la
phrase précédente. Le registre delphinal et la chronique
de Tournai suit la même coupure que dans ce texte allemand
de Windecke.
19 Variante des textes français aui tous mentionnent les
gens d'armes français et non ceux de l'ennemi (assauts
à elle et à ses gens d'armes").
20 Tous les textes connus de cette lettre présentent ici
de légères variantes dans cette phrase mais toutes
ont le même sens général :"Si vous voulez
vous ranger à l'équité, il vous sera loisible
de venit grossir sa compagnie, avec laquelle les Français
étonneront le monde".
Allusion probable à quelque croisade universelle.
21 Seule partie de la version de Windecke moins explicite que
les textes français qui mentionnent avec des termes différents
la ville d'Orléans. "Si voulez faire paix en la cité
d'Orléans" acte d'accusation de d'Estivet.
§ 298 :
Style chronologique différent du style français
de Pâques, qui, en ce moment de l'année exigerait
: 1428.
1 Les dates sont en concordance avec la Chronique de Tournay.
2 Entendre ainsi la succession des évènements :
partie de la ville française de Blois, avec le convoi de
secours, le jeudi 28 avril, Jeanne d'Arc faisant route, le long
de la Loire par la rive de Sologne (rive gauche, rive du Sud),
est arrivée en face d'Orléans le vendredi 29 avril,
en amont du pont de Loire, en contournant les bastilles anglaises
(voir carte
des environs d'Orléans). Le soir du 29 avril, la Pucelle
entre dans la ville avec une partie des vivres du convoi par le
moyen de bateaux de rivière montés par les gens d'Orléans
sans que les Anglais des bastilles installées le long de
la Loire sur la rive de Sologne comme sur la rive opposée
cherchent à y mettre obstacle.
3 Chiffre en concordance avec la chronique de Tournai.
4 Récit de l'entrée dans Orléans de Jeanne
et d'une partie du convoi le vendredi 29 avril et mention de l'arrivée
du gros du convoi le mercredi 4 mai. La chronique de Tournai précise
les dates.
5 Récit de la bataille et de la prise de la bastille St-Loup,
évènement survenu le 4 mai dans l'après-midi.
6 Lisez septième jour.
7 Il faudrait dire les bastilles car ils abandonnèrent
toutes les bastilles à l'ouest et au Nord d'Orléans.
§ 299 :
1 Cette expression se retrouve aussi dans la chronique de Tournai.
2 Mercredi 11 mai 1429. La chronique de Tournai dit le vendredi
13 mai.
3 Ici se termine les analogies avec la chronique de Tournai depuis
le début du §298.
§ 300 :
1 Concernant l'envoi du confesseur par le Duc de Bretagne à
la Pucelle : "Envoi par Jean V, duc de Bretagne, à
Jeanne d'Arc, dans le cours de mai 1429, après la délivrance
d'Orléans, d'une mission composée de Frère
Yves Milbeau, son confesseur, et du héraut d'armes Hermine."
(document de la chambre des Comptes de Nantes, cité par
D.Lobineau, Histoire de Bretagne, t.I, p.580. Quicherat - Procès,
t.IV, p.485 et 498, note 1).
§ 301 :
1 Récit de la bataille de Patay.
§ 302 :
1 Récit de la marche sur Reims et du sacre.
§ 303 :
1 Ce paragraphe préliminaire de la seconde reprise du récit
d'Eberhard Windecke figurait déjà, comme il a été
dit, dans les publications antérieures, où il jouait
le rôle de conclusion.
Il convient seulement, comme on voit, des généralités
qui, dans l'état antérieur du texte, pouvaient passer
pour récapitulatives, mais qui dans sa présentation
actuelle, peuvent être plutôt considérées
comme un préambule.
§ 303bis :
1 Cet écho ne se retrouve jusqu'ici dans aucune autre source
connue. Jeanne d'Arc et Charles VII entrent à Reims, venant
de Châlons, le 16 juillet 1429.
Le sacre a lieu le 17 La Pucelle et le roi quittent Reims, se
dirigeant vers Soissons, le 21.
2 L'allusion à la date de la Saint-Martin (11 novembre),
qui se trouve contenue dans ce récit, reporte sa redaction,
au plus tôt, à, la fin de l'an 1429.
C'est une bonne fortune exceptionnelle que d'en retrouver ainsi
le texte, conservé dans le seul manuscrit de Strasbourg. Il représente sans conteste la plus gracieuse, la plus
poétique de ces nouvelles, forme légendaire, ainsi
improvisées, sur les pas de Jeanne d'Arc, par l'inépuisable
faculté d'imagination de 1a foule. En quelques mots, il évoque, en pleine France, a la vue
des clochers de la Ville Sainte des Gaules, tout un paysage et
toute une scène presque évangéliques.
§ 304 :
1 Ce paragraphe représente, comme on voit, deux échos
de même ordre, ainsi réunis sous le même groupement.
Le premier écho ne se rencontre et n'est reconnaissable
en aucun autre texte. Jusqu'ici, il semble absolument propre au
récit de Windecke. Il appartient visiblement au cycle d'actes
divinatoires prêtés par la voix publique a la Pucelle.
2 Le second echo présente un nouveau spécimen, facilement
reconnaissable, du récit plus ou moins déformé
d'une aventure bien connue. Il s'agit, en l'espèce, de
la scène où Jeanne d'Arc rompit son épée
sur les épaules d'une fille de joie qui suivait indûment
l'armée royale.
Le fait est rapporté, parmi les chroniqueurs contemporains,
par Jean Chartier, et, au procès de réhabilitation,
par la déposition du duc d'Alençon.
Jean Chartier inscrit cet épisode, avec une certaine précision,
au-premier jour de la campagne du Sacre, au jour où Charles
VII s'ébranle de Gien même, avec le gros de l'armée,
et où la Pucelle quitte, avec l'avant-garde, le camp où
elle s'est installée, depuis peu, à quatre lieues
en avant de la ville, la route prise par toutes les forces françaises
réunies étant la direction de Gien à Auxerre.
La date de cette mise en marche générale vers le
sacre de Reims est le 29 juin.
La déposition du duc d'Alençon, l'enthousiaste et
fidèle compagnon de la Pucelle, toujours à ses côtés
pendant cette campagne, fixerait ce fait, dont il assure avoir
été témoin oculaire, en un tout autre lieu,
bien distant, et à une tout autre date, bien postérieure
: c'est-à-dire à Saint-Denis, pendant la préparation
de l'attaque de Paris. Ce séjour à Saint-Denis,
dans la place même ou auprès, se place entre le 26
août, jour de l'entrée de Jeanne d'Arc et du duc
dans laville, et le 13 septembre, jour de la retraite ordonnée
par le roi.
Jean Chartier est seul à dire que l'épée
ainsi rompue était celle-là même qui avait
été trouvée à Sainte-Catherine-de-Fierbois,
en de si merveilleuses circonstances ; il ajoute que malgré
tous les efforts ordonnés par le roi, les tronçons
de l'épée ne purent être ressoudés,
ce qui, depuis, fut interprété comme un mauvais
présage.
Le texte de Windecke ne permet, comme on voit, de rien préciser
sur ce point. Ajoutons qu'il est seul à mentionner la mort
d'une des "folles filles" ainsi frappées. Les
deux textes français ne parlent que de la rupture de l'épée,
incident que le texte allemand ne signale pas d'ailleurs.
§ 305 :
1 Dîner doit s'entendre dans le sens de ces textes c'est à dire
du repas pris en fin de matinée, tandis que souper représente
le repas du soir.
2 Trois heures de l'après-midi.
3 Cet écho, dans le cadre où il se présente
ici, ne se retrouve dans aucun autre texte connu.
Faudrait-il, dans ce bruit courant, deviner quelque version, amplifiée
et déformée, d'un incident ignoré survenu
en quelque ville traversée par le roi el la Pucelle, pendant
la campagne du Sacre ou la campagne de Paris, dans la marche de
Gien sur Reims ou de Reims sur Paris, seules opérations
où Jeanne d'Arc et Charles VII se soient trouvés,
ensemble, à portée de l'ennemi ?
C'est à cette époque, en ettet, que semblent se
rapporter presque tous les échos enregistrés dans
cette partie du récit de Windecke.
Le texte allemand mentionne un combat livré aux Anglais.
entre Gien et Reims, et pendant la première partie de la
campagne de Paris, entre Reims et le pont de Seine de Bray, l'armée
royale ne parail pas avoir rencontré d'Anglais, mais seulement
les Bourguignons. Encore l'histoire acquise ne signale-t-elle
pas de combat en forme. Néanmoins les bruits en cours,
dont on retrouve trace d'expansion dans l'ltalie du Nord, propageaient
de terrifiantes nouvelles de chocs meurtriers, signalés
vers cette date. (combats d'allure légendaire signalés
à Troyes et Auxerre en date de mi-juillet - chron. d'Antonio
Morosini). Ou bien devrait-on reconnaître, dans ce récit, une
répercussion, singulièrement altérée,
il est vrai, d'un épisode de la libération d'Orléans,
classé et acquis à l'histoire ?
On sait que, le matin de l'assaut des ouvrages (les Tourelles,
le samedi 7 mai, au moment où la Pucelle, rentrée
la veille au soir à Orléans, après la prise
et l'occupation de Saint-Jean-Le-Blanc et des Augustins, se préparait
à sortir de la ville et à passer La Loire pour achever
la tache si bien commencée, les portes de la place d'Orléans
se trouvèrent fermées, par ordre des chefs des forces
françaises. Ceux-ci, devant les succès positifs
obtenus le jour précédent, préférant
s'en tenir à ce résultat acquis, désapprouvaient
la poursuite des opérations et cherchaient à empêcher
l'attaque des boulevards et de la bastille encore aux mains de
l'ennemi, à la tête du pont, sur la rive de Sologne. Jeanne
d'Arc dut faire ouvrir de force la grande porte de Bourgogne et
une petite porte dormant sur la grève de Loire, en amont
de l'amorce du pont sur la rive d'Orléans, pour pouvoir
donner issue à ses gens, effectuer le passage de la rivière
et assurer la magnifique victoire qui allait couronner la journée.
Le texte allemand parle de la part du roi dans l'événement. CharlesVII
il est vrai, alors bien loin d'Orléans, ne joua aucun rôle
dans cette scène. Le principal acteur parait en avoir été
le sire de Gaucourt, homme de guerre éprouvé, de
vaillance et loyauté indiscutables, mais l'un des pires
représentants, dans l'entourage militaire du roi, des déliances
déjà organisées contre Jeanne d'Arc. Gouverneur
d'Orléans au début du siège, obligé
de quitter la ville par suite d'une chute de cheval, y ayant reparu
depuis, repassé ensuite à Chinon près du
roi, rentré dans Orléans avec l'armée de
secours, il était chargé, le matin du 7 mai, d'assurer
la clôture des portes et l'interdiclion de tout essai de
passage. Violemment apostrophé par Jeanne d'Arc, outrée
de cette puérile perfidie, il parait avoir couru danger
de mort dans le tumulte provoqué par la sortie furieuse
des troupes enthousiasmées (déposition de Simon
Charles). Dans la suite de la journée, il figure parmi
les combattants de l'assaut des ouvrages des Tourelles (Chron.
de Berri).
Quoi qu'il en soit, cet écho n'en marque pas moins, de
façon instructive, la tendance immédiate de l'opinion
populaire à apprécier le rôle du roi et de
l'entourage royal à l'égard de la Pucelle.
§ 306 :
1 Cet écho ne se retrouve en aucun autre texte, et appartient
uniquement, dans toute sa singularité, au chroniqueur allemand.
Le confesseur officiel de Jeanne d'Arc, pendant toute sa carrière
militante, fut, comme on sait, l'Augustin Jean Pasquerel. Lecteur au couvent de son ordre à Tours, il fut amené
à la Pucelle, lors du séjour de celle-ci à
Tours, dans la dernière semaine d'avril, d'une manière
assez singulière.
Quelques-uns des six compagnons de route qui avaient formé
l'escorte de Jeanne d'Arc, de Vaucouleurs à Chinon, étaient
repartis de Chinon pour le lointain pèlerinage du Puy-en-Velay.
lls allaient assister à la grande manifestation pieuse
organisée dans ce célèbre sanctuaire, en
cette année 1429, à la date du 25 mars, par la rare
coïncidence du jour de l'Annonciation avec le Vendredi-Saint.
On sait qu'à cette même solennité figurait
la mère de Jeanne, lsabelle Romée, ainsi venue de
Domrémy jusqu'en ce lieu de dévotion célèbre,
où un même et touchant sentiment la joignait aux
fidèles de la première heure, dont l'obscur dévouement
venait d'assurer l'oeuvre merveilleuse de sa fille.
A ce pèlerinage, venu, quant a lui, de Touraine, participait
aussi Jean Pasquerel. Pris pour sa personne d'une sympathie dont
les circonstances demeurent inconnues, les compagnons de la Pucelle
regagnent avec lui Tours, où se trouvait alors Jeanne d'Arc,
logée au logis de Jean Dupuy, bourgeois de la ville. Sur
leur recommandation, elle l'agrée comme confesseur et chapelain.
* Jean Pasquerel suivit constamment Jeanne d'Arc, en cette double
qualité, depuis cette rencontre à Tours, à
la fin d'avril 1429. Il fut pris avec elle sous les murs de Compiègne,
le 23 mai 1430. Lors du procès de réhabilitation,
il se trouvait affecté au couvent de son ordre à
Bayeux. Nul texte ne lui suggère le rôle singulier ici prêté
au confesseur de la Pucelle, rôle que ce récit d'Eberhard
Windecke est seul à présenter sous cette forme.
Il faut considérer de plus près le dire final, prêté
par ce récit à la Pucelle envers ce confesseur plus
on moins imaginaire.
Ce dire final comprend, comme on voit, deux assertions : la première,
relative à la prévision de la mort de la Pucelle
dans un combat livré aux Infidèles ; la seconde,
concernant l'apparition d'une autre vierge inspirée destinée
à lui succéder.
La première assertion comporte une curieuse allusion aux
intentions qu'aurait pu avoir la Pucelle d'engager une croisade
universelle contre les Infidèles. Une mention en a déjà
été rencontrée dans le texte de la Lettre
de Jeanne d'Arc aux Anglais. On ne peut que renvoyer aux explications
fournies en cette circonstance. Quant à la prédiction,
par Jeanne d'Arc elle-même, de sa propre mort, en ces circonstances
extraordinaires, ce passage de Windecke est le seul à en
faire ainsi mention.
La seconde assertion touche à des faits plus compliqués.
On y distingue la prédiction qu'une autre envoyée
céleste doit lui succéder, et que cette seconde
Pucelle doit venir de Rome.
On découvre là, me semble-t-il, une des explications
les plus imprévues d'un des incidents qui marquèrent,
quelques années plus tard, l'imposture de la fausse Pucelle,
la trop célèbre Claude des Armoises.
Faut-il résumer la carrière acquise de cette aventurière
- son apparition, en mai 1436, aux environs de Metz, sa reconnaissance
par les propres frères de Jeanne, ses pérégrinations
en Lorraine, en Luxembourg, dans l'Allemagne rhénane, son
mariage avec le représentant d'une famille lorraine de
noblesse authentique, Robert des Armoises, sa présence,
en 1439, à Orléans, à Tours, dans le Maine,
sa comparution à Paris, par ordre de l'Université
et du Parlement, dans l'été de 1440, enfin sa disparition
totale de l'histoire, après ces incroyables années
d'effarante simulation ?
Or, lors de son exhibition publique, à Paris, "sur
la Pierre de Marbre", en la grande cour du palais, Claude
des Armoises assurait arriver de Rome. Elle s'y serait rendue,
assurait-elle, pour obtenir le pardon de quelque cas réservé,
et y serait demeurée, sous un déguisement militaire
masculin, dans les troupes pontificales, "en la guerre"
du pape Eugene IV, sans doute pendant les troubles provoqués
par la révolution romaine de 1434 ?
Des lors, un rapprochement ne semblerait-il pas autorisé
entre les deux faits suivants ? D'une part, le fait acquis de
la circulation en pays rhénan, à Mayence où
elle est ainsi recueillie, de la soi-disant prédiction
de la Pucelle, portant qu'après sa mort prochaine, une
autre doit lui succéder, et venir de Rome. D'autre part,
l'affirmation de Claude des Armoises, originaire, elle aussi,
des frontières rhénanes et lorraines, et chercheuse
d'aventures en pays rhénans, assurant qu'elle-même
arrivait de Rome. Ne peut-on admettre que, pourvue de sa connaissance
de cette prédiction bizarre, et, surtout, sachant à
quel point elle avait couru ces régions, l'aventurière
ait cherché à l'exploiter à son profit, en
se présentant comme munie du signe de créance prophétisé
par Jeanne en personne ?
Le fait, en tout cas, ne parait pas négligeable, et doit
comporter réflexion.
Quant à l'appréciation personnelle du confesseur
de la Pucelle, qui termine ce long écho, elle ne parait
se rencontrer , sous cette forme, que dans ce récit d'Eberhard
Windecke. La rédaction en est aussi touchante que conforme
à la réalité générale des témoignages
acquis.
* Sur ce fait, (déposition de Fr. Jean Pasquerel, Procès,
t.III, p. 400-104). Le rôle prêté à
Isabelle Romée dans cet éloquent récit (chap.
cciv-ccvl, au sujet de la présentation de Fr. Jean Pasquerel
à Jeanne d'Arc, parait une interprétation exagérée
du texte de cette déposition : celle-ci ne fait allusion
qu'à la simple présence d'Isabelle Romée
au Puy, et ne met en scène, comme décidant le religieux
à rentrer ensemble en Touraine, que les seuls compagnons
de la Pucelle.
- Sur les dates du séjour de la Pucelle à Tours,
où, venant de Chinon, elle semble arriver le 21 avril,
et d'où elle gagne Blois, qu'elle quitte après une
halte de quelques jours, le 28 avril, voir : Chron. de Tournai,
éd. de Smet, p. 409.
§ 307 :
1 Cet écho ne se rencontre que dans le récit d'Eberhard Windecke.
On ne voit pas à quel fait il pourrait se rapporter. En
outre, il ne s'accorde pas avec la tendance générale
prêtée à la Pucelle et à
son caractère.
Peut-être cependant, par une déformation fantaisiste,
pourrait-il se référer à quelque incident
du passage en France de l'armée anglaise de renfort, qui,
ainsi qu'il est établi entra en jeu au mois de juillet
1429. Les forces anglaises comprenaient, pour une bonne part,
les troupes levées et payées par le Saint-Siège,
sous le commandement du cardinal Henry de Beaufort, évêque
de Winchester, grand-oncle du jeune roi Henry Vl, pour coopérer
à la cinquième croisade expédiée contre
les Hussites de Bohême. Troupes que le gouvernement anglais,
par virement administratif, trouva bon d'affecter sans vergogne
aux opérations contre la France. Les forces de la croisade,
toujours sous le commandement du cardinal anglais, ainsi détournées
de leur affectation première, portaient, en vue de leur
destination nouvelle, un étendard spécial, à
signification ironique dirigée contre la Pucelle, dont
l'auteur du Livre des Trahisons de France, qui paraît
l'avoir vu de près, a laissé une curieuse description.
L'armée de renfort dont elles faisaient partie, forte en
tout de 3.550 hommes, passa, sans incident connu, de Douvres à
Calais, entre le 3 et le 10 juillet 1429. Dès cette époque
même, se préparait en Angleterre une seconde armée
de renfort, dont le passage était annoncé comme
devant se faire presque simultanément avec la première.
Néanmoins, de délai en délai, elle ne devait
en fait traverser la Manche qu'au printemps de 1430 *,
avec le jeune roi Henry VI, qui passe de Calais à Douvres,
le 23 avril, en route pour son couronnement à Notre-Dame
de Paris.
§ 308 :
1 Lundi 12 septembre 1429.
2 Cet écho est tout entier relatif à l'attaque de
Paris, tentée, le jeudi 8 septembre 1429, par Jeanne d'Arc,
le duc d'Alençon et l'armée royale française,
ayant pour base Saint-Denis récemment conquis, attaque
infructueuse dont l'échec était destinée
amener la lamentable retraite des forces françaises sur
la Loire.
Il faut noter ici que la date présentée par le texte
allemand, la seule indication chronologique offerte par toute cette
reprise du récit est erronée. La mention ici précisée
porte : le lundi avant la Sainte-Croix. La fête de
l'Invention de la Sainte-Croix se célèbre le 14
septembre. Or, en 1429, le 14 septembre tombait un mercredi. C'est
donc le lundi 12 septembre qu'à voulu signifier le rédacteur.
Désignation inexacte, soit comme jour du mois, soit comme
jour de la semaine, l'évènement étant classé
et acquis à la date du jeudi 8 septembre, jour de la Nativité
de la Vierge.
Il est vraiment curieux de voir cette date erronée d'un
fait si notoire coïncider avec celle que fournit Monstrelet,
lequel mentionne textuellement le lundi XII° jour de septembre
comme date de l'assaut de Paris. Cette coïncidence n'est du
reste pas la seule entre les deux textes.
Ce lundi 12 septembre, en réalité, l'armée
royale était à la veille d'évacuer Saint-Denis
pour regagner la Loire.
La force de l'armée assaillante, ici portée à
3.000 hommes seulement, parait appréciée (un chiffre
sensiblement inférieur à celui de son effectif réel.
Sans discuter l'évaluation de la grande armée royale,
il semble que, sous Paris, Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon
eussent en main 12.000 hommes au moins).
La durée de l'assaut, indiqué comme s'étant
prolongé tout le jour, n'est nullement exagérée.
L'attaque commence avant midi : Jeanne d'Arc est blessée
vers le coucher du soleil : elle ne se retire, que bien après
la nuit close.
La puissance des engins de jet et de l'artillerie de Paris, à
laquelle il est ici fait allusion, se trouve certifiée
par d'autres textes contemporains, entre autres, la Chronique
de Perceval de Cagny, le Journal
d'un Bourgeois de Paris et la Relation
du greffier de la Rochelle. Le fait, ici allégué,
de l'infime proportion des pertes qu'aurait subies l'armée
de la Pucelle, se trouve répété, d'une façon
plus singulière encore, dans la Relation du greffier de
la Rochelle ; celui-ci spécifie même qu'il n y eut,
à la connaissance générale, qu'un seul tué,
qu'il désigne nominativement : à savoir un de ses
compatriotes, Jean de Villeneuve, bourgois de la Rochelle. De
même, après Patay, la légende n'attribuait
aux troupes de la Pucelle qu'un seul mort, également désigné
formellement. Devant Orléans, à l'attaque de la bastille
de Saint-Loup, le 4 mai, à l'attaque des ouvrages des Tourelles,
le 7 mai, puis encore à Patay, le 18 juin, selon d'autres
bruits en cours, la voix populaire tendait à n'attribuer
aux combattants qu'une proportion infinitésimale de risques.
Les 6 ou 700 morts dont parle la Chronique
des Cordeliers, dans son récit très confus
de ces évènements, se rapporteraient, avec la plus
complète invraisemblance d'ailleurs, au combat livré
la veille, le mercredi 7, et que le rédacteur place vers
l'église Saint-Laurent. Le Journal d'un Bourgeois de Paris,
dans un récit sujet à caution, présente l'armée
royale, battant en retraite vers Saint-Denis, par Saint-Lazare,
comme brûlant nombre de morts, emportés en travers
sur les chevaux, et entassés en immense charnier dans une
grange de la banlieue d'alors, près des Porcherons. S'agirait-il
là simplement de l'incendie peut-être survenu en
cette place de quelques-uns des 300 chariots chargés
d'engins de siège, amenés de SaintDenis par l'armée
royale, et dont un certain nombre, rompus et effondrés,
furent abandonnés et brûlés dans la retraite
dans la nuit du 8 au 9 septembre ?
La mention de la blessure de la Pucelle n'offre ici rien de particulier.
Jeanne d'Arc eut, comme on sait, la cuisse traversée de
part en part d'un carreau d'arbalète à haussepied,
lance par quelque milicien de Paris.
Le second alinéa de ce paragraphe contient deux échos
distincts, tous deux d'ordre merveilleux, l'un relatif à
l'innocuité des projectiles lances sur les assaillants,
l'autre concernant un émouvant présage survenu pendant
l'assaut.
Le bruit relatif à la chute inoffensive, des boulets parisiens
se trouve encore, nouveau et singulier rapprochement enregistré
par la Relation du Greffier de La Rochelle.
L'autre bruit ne se trouve mentionné dans aucun autre texte
connu .
Déjà, dans un passage de la première reprise
de son récit, Eberhard Windecke avail mentionné
un épisode de même ordre. Pendant l'assaut du boulevard
des Tourelles, le samedi 7 mai, les combattants avaient vu, non
sans émotion, deux "blancs oiseaux" se poser
sur les épaules de la Pucelle. Tableau qui se retrouve,
trait pour trait, dans le texte de la Chronique de Tournai.
Ici, dans cette narration de l'attaque de Paris, la description
de la scène se trouve plus précisée. La colombe
vient se poser sur l'étendard même, tenant un attribut,
une couronne d'or. Or cette scène mystique se rapprocbe
visiblement de la représentation de l'emblème figuré
sur l'étendard même de la Pucelle.
La description de cet étendard, de face, est bien connue,
figure de Christ accostée d'emblèmes accessoires.
Mais, au revers, figure précisément une colombe
blanche portant en son bec, comme attribut, une banderole contenant
ces mots : "De par le Roi du ciel." Description que,
il faut le noter en rapprochant le fait des autres coïncidences
déjà constatées, la Relation du greffier
de La Rochelle est seule à présenter.
Il semble bien vraisemblable qu'on saisisse ici, sur le vif, le
procédé presque inconscient par lequel, sous l'effet
des circonstances ambiantes, une simple représentation
figurée se transforme en scène palpable. On surprend
ici la fixation immédiate d'une légende, avec son
point de départ d'expansion future dans l'histoire mystique
de la Pucelle.
Le fait, à cet égard, dépasse en portée
l'anecdote qui se trouve ici rapportée et pourrait servir
à éclairer d'un jour intéressant la formation
du cycle populaire de la Geste de Jeanne d'Arc.
Il est à remarquer que cet écho ne fait aucune allusion
à l'échec final de l'entreprise de Paris, ni à
la retraite de la Pucelle du roi et de l'armée vers la
Loire, retraite qui allait commencer le 13 septembre.
§ 309 :
1 Cet écho ne se retrouve dans aucune forme reconnaissable dans aucun texte connu jusqu'ici.
Il se présente de toute évidence comme un de ceux
qui durent le plus vivement impressionner l'imagination populaire,
auprès de laquelle son allure romanesque et dramatique
était bien faite pour lui assurer un crédit particulier.
§ 310 :
1 Rouen
2 23 mai 1430
3
Pierre Cauchon, évêque de Beauvais.
4
Jean Le Maistre. L'inquisiteur était Jean Graverend, inquisiteur de tout le royaume de France.
5 Rouen : cimetière de St-Ouen - 24 mai 1431.
6 Rouen : place du vieux-marché - 30 mai 1431.
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