Son histoire
par Henri Wallon

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Le registre du parlement de Paris tenu par Clément de Fauquembergue
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  Ce fut le 17 janvier 1417, que Clément de Fauquembergue succéda, comme greffier au parlement, à Nicolas de Baye, que la fatigue obligeait au repos. Bien qu'il fut alors conseiller en la Chambre des enquêtes, il crut ne pas déchoir en acceptant les fonctions en apparence plus humbles. "Malui et mutas agitare inglorius artes", écrit-il en prenant possession de son nouveau poste ; et telle  est la devise qu'il répète chaque année au renouvellement du Parlement. Il  conserva son titre jusqu'en septembre 1435, époque à laquelle il se retira à Cambrai, après le traité d'Arras. Il ne revint à Paris que l'année suivante, et rentra au Parlement comme conseiller.
  Pendant dix-huit ans donc, il nota au jour le jour comme son prédécesseur, les évènements politiques ou autres qui se produisirent sous ses yeux ; et ainsi que celui de Nicolas de Baye, son "Journal" peut-être considéré comme une  véritable chronique, scrupuleuse et exacte, ayant tous les caractères d'un témoignage digne de foi, puisque l'auteur, docte personnage, était mêlé lui-même à ce qu'il voit et raconte. L'importance de ce recueil, au point de vue historique, ne le cède en rien à celui du devancier. les deux greffiers vécurent au milieu d'une époque de trouble et d'agitation pendant laquelle le corps auquel ils appartinrent joua un rôle considérable. Encore au XV° siècle, en effet, le Parlement n'était pas seulement une cour de justice ; son origine commune avec le Grand Conseil et la Chambre des comptes avait laissé des traces ; ils se réunissaient souvent pour des délibérations communes. Les réunions furent nécessairement fréquentes pendant la triste période où maitre Clément remplit les fonctions de greffier ; c'est dire qu'il fut témoin de ces assemblées où se discutèrent tant de questions importantes, et, grâce à lui, nous connaissons par  le menu des évènements que seul il a pu noter et nous transmettre...

  Parmi les témoignages contemporains de la mission de Jeanne d'Arc, l'un des plus connus et des plus fréquemment invoqués est celui du greffier Clément de Fauquembergue, qui est d'autant plus précieux qu'il reflète l'état d'esprit existant dans le milieu anglo-bourguignon. la première mention relative à Jeanne d'Arc dans le journal de Fauquembergue est le récit de la prise de la bastille des Tourelles, le 7 mai 1429, par les gens de guerre français, "qui, dit notre greffier, avoit en leur compaignie une pucelle seule ayant banniere entre lesdis ennemis, si comme on disoit." Ce brillant fait d'armes, connu à Paris le mardi 10 mai, fit sur Fauquembergue une forte impression qui se trahit dans ce commentaire du greffier : "Quis eventus futurus, novit Deus, bellorum dux et princeps potentissimus in prelio". Le récit de Fauquembergue est, comme l'on sait, accompagné en marge d'un petit croquis à la plume, représentant une femme à mi-corps, tête nue, la main gauche appuyée sur la garde de son épée et tenant de la main droite sa bannière avec le monogramme de Jésus. Ce portrait de pure fantaisie, qui nous montre Jeanne d'Arc vêtue d'une robe, avec de longs cheveux, a de tout temps défrayé la curiosité, parce qu'il est l'œuvre naïve d'un contemporain de l'héroïne. Le nom de Jeanne d'Arc revient encore sous la plume de Fauquembergue, lorsqu'il insère dans le registre du Conseil la relation de la journée de Patay, où les Anglais furent défaits par les Français, "en la compaignie desquelz estoit la Pucelle, qui avoit esté avec eulz, le X° jour de may, à lever le siège devant Orléans". Notre greffier nous a également laissé à la date du 2 septembre un récit très complet de l'attaque par Jeanne d'Arc des remparts de Paris vers la porte Saint Honoré, qui causa une grande panique parmi les Parisiens, au point qu'ils s'empressèrent de quitter les églises où se célébrait la fête de la Nativité Notre Dame et de s'enfermer chez eux. Entre autres détails, Fauquembergue rapporte qu'il y eut plusieurs morts et blessés, et "entre les autres fut blecée en la jambe, de trait, une femme que on appeloit la Pucelle, qui conduisat l'armée avec les autres capitaines de Messire Charles de Valois". Le même chroniqueur dit aussi que l'on prêtait à celui-ci les intentions les plus hostiles à l'égard de Paris, qui devait, paraît-il être livré à la merci de ses gens de guerre, attendu, d'après les bruits en circulation, qu'il avait le dessein de raser de fond en comble la ville de Paris, "habitée par des gens très chrétiens, chose difficile à croire".
  Lorsque l'on rapproche le récit de Fauquembergue de celui de l'auteur du Journal d'un bourgeois de Paris, l'on est frappé de la modération avec laquelle notre greffier parle de Jeanne d'Arc, en regard des expressions méprisantes qu'emploie le chroniqueur parisien, qui représente l'héroïne française comme "une créature qui estoit en forme de femme, que on nommoit la Pucelle, qui s'estoit, Dieu le scet". C'est en termes très mesurés que Fauquembergue mentionne la capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons sous les murs de Compiègne ; à la marge de son registre, il a inscrit les mots : captio Puelle, mots accompagnés d'un croquis informe, à la plume, qui aurait la prétention de figurer la tête de Jeanne d'Arc.
  Le procès et la mort de Jeanne d'Arc, brûlée comme hérétique et relapse à Rouen, sont rapportés naturellement dans le sens anglo-bourguignon, mais sans passion ; il atténue même la sécheresse voulue de sa relation officielle par des réflexions personnelles où se mêlent certains accents de pitié. Le narrateur fait appel à la miséricorde divine pour l'âme de Jeanne d'Arc qui, sur le bûcher, donna des témoignages de repentir : "Deus sue anime propitius et misericors".
  Tel est à grands traits, le Journal de Clément de Fauquembergue. Félibien, comme pour le Journal de Nicolas de Baye, en a donné d'importants extraits dans ses "Preuves de l'histoire de Paris" ; Jules Quicherat lui a consacré une notice  et en a réuni quelques fragments dans son recueil sur le procès de Jeanne d'Arc. Alexandre Tuetey en a donné l'édition complète en trois volumes chez Renouart de 1903 à 1908.
  Clément de Fauquembergue, comme l'a dit justement Quicherat, est un modéré (1). Après la mort de Charles VI, il se rallia à la faction bourguignonnne, qui avait déjà ses préférences : ce fut sans doute par devoir ou par nécessité. Bien que toujours respectueux en la forme, on devine qu'il n'aimait pas les Anglais ; les relations entre le régent et la capitale furent du reste assez tendues.
  Lorsque maitre Clément quitta son poste, il le fit sans regret, presqu'avec  soulagement. Il écrivait, en effet, à la date du 17 septembre 1435 : "Conticui tandem, et hic facto fine, quievi ab exercitio hujus officii. Deo gratias." Il partit de Paris le 3 octobre. Ses clercs se partagèrent la besogne ; les  séances du Parlement de Paris furent du reste très rares en 1436, et cessèrent même complètement en avril. Elles ne reprirent régulièrement qu'au mois de décembre, et  le greffier civil fut alors Jean de Blois.

                 

Chapitres :

1429
- Chap. 10 mai
- Chap. 14 juin
- Chap. 18 juin
- Chap. 19 juillet
- Chap. 25 juillet
- Chap. 3 août
- Chap. 26 août
- Chap. 7 septembre
- Chap. 8 septembre

1430
- Chap. 25 mai

1431
- Chap. 30 mai

                                         

ardy X° jour de may, fut rapporté et dit à Paris publiquement que, dimenche derrain passé (2), les gens du Dauphin, en grant nombre, aprez pluiseurs assaulz continuelment entretenuz par force d'armes, estoient entrez dedens la bastide que tenoient Guillaume Glasdal (3) et autres capitaines et gens d'armes anglois de par le Roy, avec la tour de l'yssue du pont d'Orleans par delà Loyre, et que, ce  jour, les autres capitaines et gens d'armes tenans le siege et les bastides par deçà Loyre, devant la ville d'Orleans, s'estoient partiz d'icelles bastides et avoient levé leur siege pour aler conforter ledit Glasdal et ses compaignons et pour combatre les ennemis, qui avoient en leur compagnie une pucelle seule ayant baniere entre lesdis ennemis, si comme on disoit. Quis eventus futurus, novit Deus, bellorum dux et princeps potentissimus in prelio.(4)
Vide infra in registro xxv° diei maii sequentis, de capcione hujus puelle per gentes ducis Burgundie
. (5)


  Mardi Xe jour de mai, il fut rapporté et dit publiquement à Paris, que dimanche dernier passé, les gens du Dauphin en grand nombre, après plusieurs assauts continuellement entretenus par force d'armes, étaient entrés dans la bastide que tenaient de par le roi, Guillaume Glasdal et les autres capitaines et gens d'armes anglais, avec la tour de l'issue du pont d'Orléans par delà la Loire; et que ce jour les autres capitaines et gens d'armes tenant le siège et les bastides, par deçà la Loire, devant la ville d'Orléans, s'étaient partis d'icelles bastides, et avaient levé leur siège pour aller conforter ledit Glasdal et ses compagnons, et pour combattre les ennemis qui avaient en leur compagnie une Pucelle, seule ayant bannière entre les ennemis, ainsi qu'on le disait. Quis eventus fuerit, novit bellorum dux et princeps potentissimus in prælio...


                                         

ardi, XIIIIe jour de ce mois [de juin], les gens d'armes du Dauphin, après pluiseurs assaulz continuelz et entretenuz depuis le samedi precedent, par force d'armes recouvrerent et prindrent la ville de Jargueau-sur-Loyre (6), en laquelle estoient retrais en garde et garnison le conte de Sulfok et autres gens de guerre anglois, qui furent prins par assault à la volenté des ennemis, qui avoient en leur compagnie une pucelle portant baniere, si comme on disoit, laquelle avoit esté present à faire lever le siege et les gens d'armes estans lors es bastides devant Orliens.

  Mardi XIVe jour de ce mois (de juin), les gens d'armes du Dauphin, après plusieurs assauts continuels et entretenus depuis le samedi précédent, recouvrèrent et prirent par force d'armes la ville de Jargeau-sur-Loire, où s'étaient retirés en garde et garnison le comte de Suffolk et autres gens de guerre anglais. Ils furent pris par assaut, à la volonté des ennemis qui avaient en leur compagnie une Pucelle portant bannière, ainsi que l'on disait ; laquelle avait été présente à faire partir les gens d'armes étant ès bastides devant Orléans.


                                         

e jour (7), messire Jehan Fastolf (8), le sire de Lescale (9), messire Thomas de Rampston (10) et autres capitaines, gens d'armes et archiers anglois, qui s'estoient assemblez pour conduire vivres et faire secours au sire de Talboth et autres capitaines et gens d'armes anglois estans nagaires en la garde et garnison des villes et forteresses de Meung et de Baugency-sur-Loire, furent rencontrez sur les champs entre Yenville et Baugency et par desroy furent desconfis par les ennemis estans en presque pareil nombre. En la compagnie desquelz estoit la pucelle, qui avoit esté avec eulz, le Xe jour de may (11), à lever le siege devant Orleans, et le XIIIIe jour de ce mois, à la prise et recouvrance de Jargueau par lesdis ennemis, qui, ou rencontre dessusdite prindrent entre les autres leurs prisonniers lesdiz de Talboth, Rampston et Lescale, si comme on disoit. Et ledit Fastolf se retrahy et retourna devers le duc de Bedford, estant lors à Corbueil. Et hic subcubuerunt Anglici absque defensione, ut fertur. (12)

    

  Ce jour (XVIIIe de juin) Messire Jean Fastolf, le sire de Scales, Messire Thomas de Rampston et autres capitaines, gens d'armes et archers anglais, qui s'étaient assemblés pour conduire des vivres et porter secours au sire de Talbot, d'autres capitaines et gens d'armes anglais qui naguère étaient en la garde et garnison des villes et forteresses de Meung et de Baugency-sur-Loire, furent rencontrés aux champs entre Yenville et Baugency, et par attaque furent déconfits par les ennemis, qui étaient presque en pareil nombre. En la compagnie desquels ennemis était la Pucelle qui avait été avec eux le Xe jour de mai, à lever le siège devant Orléans, et le XIIIe jour de ce mois à la prise et recouvrance de Jargeau par lesdits ennemis. Dans la rencontre ci-dessus dite, entre autres prisonniers, iceux ennemis prirent ledit Talbot, Rampston et de Scales, à ce que l'on disait. Et ledit Fastolf se retira et retourna vers le duc de Bedford alors à Corbeil. Et hic subcubuerunt Anglici absque defensione, ut fertur.


                                         

e jour, fu dit publiquement à Paris pour nouvelles que messire Charles de Valois (13), dimenche derrain passé, XVIIe jour de ce mois, avoit esté sacré en l'église de Reins en la maniere que son pere et les autres roys de France ont esté sacrez par cy devant.
  Ce jour, à la requeste des prevost des marchans et eschevins de la ville de Paris, requerans... etc

  Ce jour (XIX juillet) fut dit publiquement à Paris comme nouvelles que Messire Charles de Valois, dimanche dernier passé, XVIIe jour de ce mois, avait été sacré en l'église de Reims, en la manière que son père et les autres rois de France ont été sacrés par ci-devant...


                                         

undi, XXVe jour de jullet, le cardinal d'Excestre (14), qui estoit nouvellement passé la mer avec grant nombre de gens d'armes et archiers d'Angleterre jusques au nombre de Vm ou environ, en intencion de aler à l'encontre des Boemiens (15) et autres heretiques (16), vint et entra à Paris avec le duc de Bedford, son nepveu, regent, acompagniez desdis gens d'armes et archiers et d'autres (17), attendans la venue, ayde ou assistence du duc de Bourgongne, qui avoit fait et faisoit grant mandement de gens d'armes, ses subgiez et alyez, en intencion de resister et combatre messire Charles de Valois et ses gens d'armes, qui nagaires avoient esté receuz à Troies, à Chaalons, à Reins, à Laon (18) et en pluiseurs autres villes de ce royaume, nagaires à lui desobeissans, si comme on disoit. De intencione judicet Deus. (19)

                              

  Lundi XXVe jour de juillet, le cardinal d'Exeter, qui avait nouvellement passé la mer avec grand nombre de gens d'armes et archers d'Angleterre, au nombre de cinq mille ou environ, dans l'intention d'aller combattre les Bohémiens et autres hérétiques, vint et entra à Paris avec le duc de Bedford son neveu, régent, accompagnés desdits gens d'armes et archers et d'autres. Ils y attendaient la venue, aide ou assistance du duc de Bourgogne, qui avait fait et faisait grand mandement de gens d'armes (parmi) ses sujets et ses alliés, en intention de résister et combattre Messire Charles de Valois et ses gens d'armes qui naguère avaient été reçus à Troyes, à Châlons, à Reims, à Laon et en plusieurs autres villes de ce royaume, naguère à lui (Charles) désobéissantes, ainsi qu'on le disait. De intentione judicet Deus.



                                         

e jour, le cardinal d'Excestre se parti de Paris, acompaignié seulement de ses familiers domestiques, pour aler et estre à Rouan. Et laissa à Paris grant nombre de gens d'armes et de trait qu'il avoit nagaires amenez à Paris, qui lendemain partirent avec le duc de Bedford (20), nepveu dudit cardinal, regent, pour l'acompagnier et pour combatre les ennemis qui estoient ou pais de Brie et environ en pluiseurs villes et forteresses qu'ilz avoient nouvellement recouvrées, et y avoient trouvé assez prompte obeissance sans y faire assault ou effort de armes ou de guerre.

  Ce jour, le cardinal d'Exeter partit de Paris, accompagné seulement de ses familiers et domestiques pour aller et demeurer à Rouen. Il laissa à Paris grand nombre des gens d'armes et d'hommes de trait qu'il avait naguère amenés dans cette ville. Le lendemain ils partirent avec le duc de Bedford, neveu du même cardinal, régent, afin de l'accompagner et combattre les ennemis qui étaient au pays de Brie et aux environs, dans plusieurs villes et forteresses qu'ils avaient nouvellement recouvrées, et où ils avaient trouvé fort prompte obéissance, sans leur donner assaut, ni en venir aux armes et à bataille.


                                         

Venredi, XXVIe jour d'aoust, messire Loys de Lucembourg, evesque de Theroenne et chancelier de France, vint en la Chambre de Parlement, où estoient les présidens et conseillers des trois Chambres dudit Parlement, les maistres des Requestes de l'Ostel, l'evesque de Paris, le prevost de Paris, les maistres et clers des Comptes, les advocas et procureurs de ceans, l'abbé de Chastillon, le prieur de Corbueil, Me J. Chuffart (21), Me Pasquier de Vaulz, le doien de Saint-Marcel (22), le commandeur de Saint-Anthoine, le trésorier de Saint-Jaques de l'Ospital, le prieur de Sainte-Katherine, le prieur des Jacobins (23), le prieur des Carmes, le prieur des Celestins, le curé de Saint-Laurens (24), le curé de Saint-Nicolas-des-Champs, le curé de Saint-Medart, le curé de Sainte-Croix, les fermiers de la cure Saint-Andry-des-Ars, Jaques de Lor, Me J. du Four, Me Jehan Dieulefist, le curé de Saint-Innocent, Me J. de Bury, Me J. Talence, Me J. Dorches, J. de Rius, dit Dynadam, Me Jehan Murray, Me P. Guirault, Me Jehan Bonpain et pluiseurs autres, lesquelz, en ensuiant ce que avoit esté juré par pluiseurs habitans de ceste ville de Paris en la presence des ducs de Bedford, regent, et de Bourgongne, estans lors en la sale de ceans sur Seyne, ung jour avant le dernier departement du duc de Bourgongne de ceste ville de Paris, et ce que depuis avoit esté juré par pluiseurs desdis habitans en la presence dudit de Bedford avant son dernier departement de Paris, firent serement en effect de vivre en paix et union en ceste ville soubz l'obeissance du roy de France et d'Angleterre, selon le traicté de la paix (25).
  Ce jour, ledit Chancelier, en la presence des gens du Conseil du Roy, estans lors en ladicte Chambre de Parlement, commist maistre Phelippe de Rully, tresorier de la Sainte-Chappelle et maistre des Requestes de l'Ostel, et maistre Marc de Foras, archidiacre de Therasche, maistre des Comptes du Roy, à recevoir les seremens pareilz que dit est des gens d'eglise de Paris, seculiers et reguliers.
  Et lendemain et les jours ensuivans, alerent lesdis commis es chapitres, es convens et eglises de ceste ville pour faire ce que dit est.
  Et depuis a vaqué la Court par pluiseurs journées, et n'ont point esté assemblez ceans les presidens et conseilliers pour oyr les plaidoieries, ne pour entendre à l'expedicion des causes et procès en la maniere acoustumée, mais seulement sont aucuns d'iceulz venuz en la Chambre de Parlement pour oyr requestes de causes urgens et necesseres, et pour pourveoir aux cas survenans à l'occasion des gens d'armes de messire Charles de Valoys, estans en pluiseurs villes et cités environ Paris.

     

  Vendredi XXVIe jour d'août, messire Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne et chancelier de France, vint en la chambre du parlement, où étaient les présidents et conseillers des trois chambres dudit parlement, les maîtres des requêtes de l'hôtel, l'évêque de Paris, le prévôt de Paris, les maîtres et clercs des comptes, les avocats et procureurs de céans, l'abbé de Châtillon, le prieur de Corbeil, Mtre J. Chuffart, M. Pasquier de Vaux, le doyen de Saint-Marcel, le commandeur de Saint-Antoine, le trésorier de Saint-Jacques de l'Hôpital, le prieur de Sainte-Catherine, le prieur des Jacobins, le prieur des Carmes, le prieur des Célestins, le curé de Saint-Nicolas-des-Champs, le curé de Saint-Médard, le curé de Sainte-Croix, les fermiers de la cure Saint-André-des-Arts, Jacques de Loi, M. J. Dufour, M. Jeh. Dieulefist, le curé de Saint-Innocent, M. J. de Bury, M. J. Taleuse, M. J. Urches, J. de Ruis dit Dynadam, M. Jeh. Murray, M. P. Guirault, M. Jeh. Bonpain et plusieurs autres. Conformément à ce qui avait été juré par plusieurs habitants de cette ville de Paris, en présence du duc de Bedford, régent, et du duc de Bourgogne, siégeants alors en la salle de céans sur Seine, un jour avant le dernier départ du duc de Bourgogne de cette ville de Paris, ainsi que l'avaient juré plusieurs habitants de Paris en la présence du même duc de Bedford, avant qu'il s'éloignât de Paris, les susdits firent serment de vivre en paix et union en cette ville, sous l'obéissance du roi de France et d'Angleterre, selon le traité de la paix.
  Ce jour, le chancelier en présence des gens du conseil du roi réunis en la chambre du parlement, commit Maître Philippe de Rully, trésorier de la Sainte-Chapelle et maître des requêtes de l'hôtel, et Maître Marc de Foras, archidiacre de Thérasche, maître des comptes du roi, pour recevoir des serments pareils des gens d'Eglise séculiers et réguliers.
  Le lendemain et les jours suivants, lesdits commis allèrent ès chapitres, ès couvents et églises de la ville pour faire ce qui vient d'être dit.
  A la suite, la cour a vaqué par plusieurs journées ; il n'y a pas eu d'assemblée, séans les présidents et conseillers pour ouïr les plaidoiries, ni pour entendre à l'expédition des causes et des procès en la manière accoutumée; mais seulement quelques-uns des présidents sont venus en la chambre du parlement pour ouïr les requêtes des causes urgentes et nécessaires, et pour pourvoir aux cas qui survenaient à l'occasion des gens d'armes de Messire Charles de Valois, qui étaient en plusieurs villes et cités aux environs de Paris.



                                         

ecredi, VIIe jour de septembre, oye la relacion de messire Phelippe de Morvillier et de me Richart de Chancey, presidens, fu appoincté que la somme de IIIIxx IIII livres parisis, mise en depost es mains de Me J. Coletier par Jaquet Vivian, seroit baillée au receveur de Paris, commis à recevoir les depostz, etc., si comme plus à plain est contenu ou registre des plaidoieries. Et est vray que lors on faisoit prendre et lever de par le Roy tous depostz et faire emprumptz aux eglises et personnes ecclesiastiques, bourgois et habitans de la ville de Paris, pour paier et entretenir les gens d'armes estans à Paris pour garder la ville et les habitans d'icelle à l'encontre des gens d'armes de messire Charles de Valois, estans à Saint-Denis (26) et en pluiseurs places environ Paris.

    
  Mercredi VIIe jour de septembre, après la relation de Messire Philippe de Morvilliers et de Messire Richard de Chancey, présidents, il fut appointé que la somme de quatre-vingt-quatre livres parisis, mise en dépôt ès mains de Me Jean Coletier par Jacques Vivian, serait baillée au receveur de Paris commis à recevoir les dépôts, etc., ainsi que plus à plein c'est contenu au registre des plaidoiries.
  Il est vrai que lors on faisait prendre et lever de par le roi tous dépôts, et que l'on imposait des emprunts aux églises et personnes ecclésiastiques, aux bourgeois et habitants de la ville de Paris, pour payer et entretenir les gens d'armes chargés de garder la ville et ses habitants à rencontre des gens d'armes de Messire Charles de Valois, qui se trouvaient à Saint-Denis, et en plusieurs places aux environs de Paris.



                                         

eudi, VIIIe jour de septembre, feste de la Nativité de la mere Dieu, les gens d'armes de messire Charles de Valois, assemblez en grant nombre d'emprez les murs de Paris leiz la porte Saint-Honnoré, esperans par commocion de peuple grever et dommagier la ville et habitans de Paris plus que par puissance ou force d'armes, environ deux heures après midy, commencèrent de faire semblant de vouloir assaillir ladicte ville de Paris. Et hastivement pluiseurs d'iceulz estans sur la Place aux Pourceaux et environ, prez de ladicte porte, portans longues bourrées et fagos, descendirent et se bouterent es premiers fossés, esquelz n'avoit point d'eaue, et getoient lesdictes bourrées et fagos dedens l'autre fossé prochain des murs, esquelz avoit grant eaue.
  Et à celle heure y ot dedens Paris gens affectez ou corrumpuz, qui esleverent une voix en toutes les parties de la ville deça et delà les pons, crians que tout estoit perdu, et que les ennemis estoient entrez dedens Paris, et que chascun se retrahist et fist diligence de soy sauver. Et à celle voix, à une mesme heure de rapprochement desdis ennemis, se departirent des eglises de Paris toutes les gens estans lors es sermons, et furent moult espoventez et se retrahirent les pluiseurs en leurs maisons et fermerent leurs huys. Mais pour ce n'y ot aucune autre commocion de fait entre lesdis habitans de Paris, et demourerent à la garde et defense des portes et des murs d'icelle ville ceulz qui estoient deputez. Et en leur ayde survindrent pluiseurs autres desdis habitans qui firent très bonne et forte resis-tence aux gens dudit messire Charles de Valoys, qui se tindrent dedens ledit premier fossé, et dehors sur ladicte Place aux Pourceaulz et à l'environ, jusques à dix ou XI heures de nuit, qu'ilz se departirent à leur dommage. Et d'eulz en y ot pluiseurs mors et navrez de trait et de canons. Et entre les autres fu blecée en la jambe, de trait, une femme que on appelloit la Pucelle, qui conduisoit l'armée avec les autres capitaines dudit messire Charles de Valois, qui s'atendoient de plus grever Paris par ladicte commocion que par assault ou force d'armes. Car se pour chascun homme qu'ilz avoient lors ilz en eussent eu quatre ou plus, aussi bien armez qu'ilz estoient, ilz n'eussent mie pris ladicte ville de Paris par assault ne par siege, tant qu'il y eust eu vivres dedens la ville, qui en estoit lors bien pourveue pour long temps. Et estoient les habitans bien uniz avec les gens d'armes de ladicte ville pour resister à l'assault et entreprise dessusdis, et mesrnement, pour ce que on avoit dit et disoit on publiquement à Paris que ledit messire Charles de Valois, fils du roy Charles VIe, derrain trespassé, cui Dieu pardoint, avoit abandonné à ses gens ladicte ville de Paris et les habitans d'icelle, grans et petis, de tous estas, hommes et femmes, et quod erat sua intencio redigendi ad aratrum urbem Parisiensem, christianissimis civibus habitatam, quod non erat facile credendum. (27)

  

  Jeudi VIIIe jour de septembre MCCCCXXIX, fête de la Nativité de la Mère de Dieu, les gens d'armes de Messire Charles de Valois étaient assemblés en grand nombre auprès les murs de Paris, du côté de la porte Saint-Honoré, espérant grever et endommager la ville et les habitants de Paris par commotion de peuple plus que par puissance ou force d'armes ; environ deux heures après midi, ils commencèrent à faire semblant de vouloir assaillir la ville ; et hâtivement plusieurs d'entre eux, qui étaient sur la place aux Pourceaux et aux environs, non loin de la susdite porte, portant de longues bourrées et des fagots descendirent et se boutèrent ès premiers fossés, où il n'y avait point d'eau ; et ils jetèrent lesdites bourrées et les fagots dans l'autre fossé voisin des murs, èsquels il y avait grande eau.
  Et à cette heure, il y eut dans Paris gens effrayés ou corrompus, qui poussèrent un cri en toutes les parties de la ville de çà et de là les ponts, criant que tout était perdu, que les ennemis étaient entrés dans Paris, et que chacun se retirât et fît diligence de se sauver. Et à cette voix, à une même heure de l'approche des ennemis, tous les gens étant alors aux sermons sortirent des églises de Paris, furent très épouvantés, se retirèrent la plupart en leurs maisons et fermèrent leurs portes. Mais pour cela, il n'y eut pas d'autre commotion de fait parmi les habitants de Paris. Ceux qui étaient députés à la garde et défense des portes et des murs demeurèrent à leur poste ; et à leur aide survinrent plusieurs des habitants qui firent très bonne et forte résistance aux gens dudit Messire Charles de Valois. Ceux-ci se tinrent dans le premier fossé et au dehors sur la place aux Pourceaux et aux environs, jusqu'à dix ou onze heures de nuit, qu'ils se départirent à leur dommage.
  Parmi eux il y eut plusieurs morts et navrés de traits et de canons. Entre les autres fut blessée d'un trait en la jambe une femme que l'on appelait la Pucelle, qui conduisait l'armée avec les autres capitaines dudit Messire Charles de Valois. Ils s'attendaient à grever Paris plus par ledit soulèvement que par assaut ou force d'armes; car si pour chaque homme qu'ils avaient alors, ils en eussent eu quatre ou même plus, aussi bien armés qu'ils l'étaient 1, ils n'auraient jamais pris Paris ni par assaut ni siège, tant qu'il y aurait eu des vivres dans la ville ; et elle en était pourvue pour longtemps. Les habitants étaient fort unis avec les hommes d'armes pour résister à l'assaut et à l'entreprise dont nous venons de parler, principalement parce qu'on avait dit et l'on disait publiquement à Paris, que ledit Messire de Valois, fils du roi Charles VI dernièrement trépassé, auquel Dieu pardonne, avait abandonné à ses gens Paris et ses habitants, grands et petits, de tous états, hommes et femmes, et quod erat sua intencio redigendi ad aratrum urbem Parisiensem, christianissimus civibus habitatam, quod non erat facile credendum.



                                         

eudi, XXVe jour de ce mois, messire Loys de Lucembourg, evesque de Theroenne, chancelier de France, receu lettres de messire Jehan de Lucembourg, chevalier, son frere, faisans, entre autres choses, mencion que, mardi derrain passé, à une saillie que firent les capitaines et gens d'armes de messire Charles de Valois, estans lors en la ville de Compiegne, contre les gens du duc de Bourgongne, qui s'estoient logiez et approchiez d'icelle ville en intencion de l'assegier, les gens dudit de Valois furent tellement contrains de retourner que pluiseurs d'iceulz ne eurent mie loisir de rentrer dedens la ville. Et se bouterent les aucuns d'iceulz dedens la riviere joingnant des murs, en peril de leur vie; les autres demourerent prisonniers dudit messire Jehan de Lucembourg et des gens dudit duc de Bourgongne, qui, entre les autres, y prindrent et tiennent prisonniere la femme que les gens dudit messire Charles appelloient la Pucelle, qui avoit chevaucié en armes avec eulz, et avoit esté present à l'assault et desconfiture des Anglois qui tenoient les bastides devant Orleans et qui tenoient la ville de Jargueau et autres villes et forteresses, ut supra in registro Xe diei mensis maii MCCCCXXIX. (28)

                    

  Jeudi XXVe jour de ce mois (mai 1430), Messire Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, chancelier de France, reçut des lettres de messire Jean de Luxembourg, son frère, chevalier, qui entre autres choses faisaient mention que mardi passé, dans une sortie faite par les capitaines et gens d'armes de Messire Charles de Valois, alors dans la ville de Compiègne, contre les gens du duc de Bourgogne qui étaient venus camper aux approches de cette ville dans l'intention de l'assiéger, les gens de Messire Charles de Valois furent tellement contraints de reculer que plusieurs d'entre eux n'eurent nullement le loisir de rentrer dans la ville. Les uns, au péril de leur vie, se jetèrent dans la rivière qui coule le long des murs; les autres demeurèrent prisonniers dudit Messire Jean de Luxembourg et des gens du duc de Bourgogne. Entre les autres y fut prise et retenue prisonnière la femme que les gens dudit Messire Charles appelaient la Pucelle, qui courait fortune en armes avec eux, et avait été présente à l'assaut et déconfiture des Anglais qui tenaient les bastides devant Orléans, et qui tenaient la ville de Jargeau et autres villes et forteresses, ut supra in registro Xe diei mensis maii MCCCCXXIX.


                                         

ar procès de l'Eglise, Jehanne, qui se faisoit appeller la Pucelle, qui avoit esté prise à une saillie de la ville de Compiengne par les gens de messire Jehan de Lucembourg, estans avec autres au siege de ladicte ville, ut in registro XXV diei mensis maii mccccxxx, a esté arse et brûlée en la cité de Rouen. Et estoit escript en la mittre qu'elle avoit sur sa teste les mos qui s'ensuivent : « heretique, relapse, apostate, ydolatre. » Et en ung tableau devant l'eschaffault où ladicte Jehanne estoit, estoientescrips ces mos : « Jehanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menterresse, pernicieuse, abuserresse de peuple, divineresse, supersticieuse, blasphemeresse de Dieu, presumptueuse, malcreant de la foy de Jhesu-Crist, vanterresse, ydolatre, cruelle, dissolue, invocaterresse de deables, apostate, scismatique et heretique. » Et pronuncia la sentence messire Pierre Cauchon, evesque de Beauvais, ou dyocese duquel ladicte Jehanne avoit esté prise, comme dit est. Et appella à faire ledit procès pluiseurs notables gens d'eglise de la duchié de Normendie, graduez en sciences, et pluiseurs theologiens et juristes de l'Université de Paris, ainsi que on dit estre plus à plain contenu oudit procès. De gestis hujus Johanne, vide supra in registro diei X maii M CCCC XXIX, XIIII junii et VIII septembris M CCCC XXIX, et supradicte diei XXV maii M CCCC XXX. Et fertur quod in extremis, postquam fuit relapsay ad ignem applicata, penituit lacrimabiliter, et in ea apparuermit signa penitencie. Deus sue anime sit propicius et misericors. (29)


  Le trentième jour de mai MCCCCXXXI, par procès d'Église, Jeanne, qui se faisait appeler la Pucelle, qui avait été prise à une sortie de la ville de Compiègne, par les gens de Messire Jean de Luxembourg, qui avec d'autres étaient au siège de ladite ville, ainsi que cela est mentionné au registre à la date du 25 mai 1430, Jeanne a été livrée aux flammes et brûlée en la ville de Rouen. En la mitre qu'elle avait sur la tête étaient inscrits les mots qui suivent: « hérétique, relapse, apostate, idolâtre », et sur un tableau devant l'échafaud où était la dite Jeanne, étaient écrits ces mots : « Jeanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menteresse, pernicieuse, abuseresse du peuple, devineresse, superstitieuse, blasphémeresse de Dieu, présomptueuse, mal créant de la foi de Jésus-Christ, vanteresse, idolâtre, cruelle, dissolue, invocateresse de diables, apostate, schismatique et hérétique ».
  La sentence fut prononcée par Messire Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, au diocèse duquel elle avait été prise, à ce qu'on dit. Il appela à faire le procès plusieurs notables gens d'Église de la duché de Normandie, gradués en science, ainsi que plusieurs théologiens et juristes de l'Université de Paris, comme c'est, dit-on, plus à plein contenu audit
procès.
   De gestis hujus Johanne, vide supra in registro diei X maii M CCCC XXIX, XIIII junii et VIII septembris M CCCC XXIX, et supradicte diei XXV maii M CCCC XXX. Et fertur quod in extremis, postquam fuit relapsay ad ignem applicata, penituit lacrimabiliter, et in ea apparuermit signa penitencie. Deus sue anime sit propicius et misericors.


                                    


Source :
- Bulletin de la société de l'histoire de France, T33, 1896 (MM.Tuetey et Lacaille)
- "Journal de Clément de Fauquembergue" - MM.Tuetey et Lacaille - 1903 à 1909.
- Mise en Français plus moderne : J-B-J. Ayroles (La vraie Jeanne d'Arc - T.III, p.474 et suiv.)

Notes :
1 Jules Quicherat note de même dans les "Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne la Pucelle", t.IV, que la rédaction de Clément de Fauquembergue est celle d'un modéré "Plus d'une fois il atténue, par des réflexions en latin, la dureté officielle de sa rédaction. Son dernier mot pour Jeanne d'Arc est une prière pour son salut".

2 Ce n'est pas le dimanche 8 mai, comme le dit ici Fauquembergue, qu'eut lieu le combat qui aboutit à la prise de la bastille des Tourelles, c'est le 7 que se passa le fait. Ce qui eut lieu le dimanche 8, c'est la retraite des Anglais, de toutes les autres bastilles, vers Jargeau, Meung et Beaugency. La même erreur se retrouve dans la lettre italienne, adressée de Bruges à Venise, et relatant ces évènements. Seulement toute l'affaire y est indiquée comme survenue le samedi 7. Voir Chronique d'Antonio Morosini, édit. G. Lefèvre-Pontalis et L. Dorez, t. III, p. 32-33, note 6; cf. p. 9.0; note 2.

3 William Glasdale, bailli d'Alençon pour le roi d'Angleterre, resta capitaine des tours et de la bastille des ponts d'Orléans après la mort du comte de Salisbury ; il se noya, avec nombre d'Anglais, le jour de l'assaut donné à la bastille des Tourelles. Son corps, bouilli et embaumé, fut apporté à Paris et exposé huit jours dans l'église Saint-Merry. Voir la Chronique de Perceval de Cagny, édit. Moranvillé, p. 147, et le Journal d'un bourgeois de Paris, p. 237.

4 Cet épisode de la mission de Jeanne d'Arc, narré par Fauquembergue, est accompagné en marge d'un petit croquis à la plume représentant une femme de profil, tenant une épée d'une main et de l'autre une bannière avec le monogramme de Jésus ; ce portrait de l'héroïne est de pure fantaisie, attendu qu'elle est représentée avec une robe et de longs cheveux ; il a été reproduit en fac-similé avec le texte du greffier dans le Musée des Archives nationales, n° 447. Le récit de Fauquembergue a été maintes fois imprimé, notamment par L'Averdy, Notices et extraits des manuscrits, t.III, p. 324, J. Quicherat, Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, t. IV, p. 451.

5 ndlr : renvoi en Latin au § reportant la capture de Jeanne à Compiègne.

6 Jargeau (Loiret).

7 Il est à remarquer que Fauquembergue inscrit ici la bataille de Patay à son jour réel, et non pas au jour où la nouvelle en parvint à Paris (18 juin).

8 Il s'agit du célèbre capitaine anglais Jean Fastolf, l'un des lieutenants du duc de Bedford.

9 Thomas Scales (souvent dénommé le seigneur d'Escalles), chevalier, figure parmi les principaux capitaines de l'armée anglaise, c'est à ce titre qu'avec Robert de Willoughby, il mit le siège en juin 1434 devant le Mont-Saint-Michel et que, sous les ordres de Talbot, il commanda la garnison de Pontoise en 1441.

10 Thomas de Rameston, chevalier, chambellan du duc de Bedford, capitaine de la Tour de Londres, fut chargé le 18 septembre 1424 de négocier au nom du roi d'Angleterre avec Jean de Luxembourg la reddition de la ville de Guise; on le retrouve plus tard en qualité de sénéchal de Guyenne, notamment lors de la capitulation de Tartas en 1441.

11 Fauquembergue continue à parler du 10 mai, jour de l'arrivée des nouvelles à Paris, comme de la date réelle de l'événement.

12 Traduction : Et là les Anglais, à ce que l'on rapporte, furent vaincus sans tenter de se défendre (Ayroles).

13 Fauquembergue, qui jusqu'ici avait employé l'expression de « Dauphin » pour désigner Charles VII, se sert désormais d'un nouveau terme : « messire Charles de Valois ».

14 Henri de Lancastre, désigné sous le nom de Henri dé Beaufort, évêque de Lincoln, puis de Winchester, frère du roi d'Angleterre Henri IV, avait été nommé cardinal par Martin V en 1426, il décéda en 1447. Fauquembergue l'appelle constamment cardinal « d'Excestre ».

15 Les Hussites, hérétiques concentrés dans la région de Prague.

16 Voir, au sujet des forces destinées à la croisade contre les Hussites, la Chronique d'Antonio Morosini,

17 L'arrivée de ce renfort ranima le courage des habitants de Paris. La date du 25 juillet est corroborée par le témoignage du Journal d'un bourgeois de Paris, p. 242. « Le cardinal et le duc de Bedford avoient en leur compaignie foison de gens d'armes et archiers, bien environ iiii mil, indépendamment du contingent du sire de l'Isle-Adam, qui amenoit à sa suite environ 700 Picards ». Le duc avait quitté Paris le 18 juillet.

18 A Troyes le 10 juillet, à Châlons le 14, à Reims le 16, à Laon le 21.

19 Traduction : Que Dieu juge l'intention de ces villes (Ayroles).

20 Ce départ de Bedford avait pour but d'aller tenir contre l'armée de Charles VII la « journée » de Nangis, le 5 août, entre Melun et Provins, qui venait d'être occupé par l'armée royale, le 2 août.

21 Jean Chuffart, chanoine et chancelier de Notre-Dame, auteur présumé du "Journal du Bourgeois de Paris".

22 Jean de Nanterre, doyen du chapitre de Saint-Marcel.

23 Jean Graverent, maître en théologie, inquisiteur de la foi, qui prêcha à Paris sur la mort de Jeanne d'Arc.

24 Richard Chrétien.

25 Traité de Troyes (1420).

26 Le 25 août 1429 selon Perceval de Cagny.

27 Traduction : et que son intention était de faire passer la charrue sur Paris, une ville peuplée d'habitants très chrétiens ; ce que l'on ne saurait croire que difficilement.

28 Traduction : ainsi que cela a été écrit au registre, sous la date du 10 mai 1429.

29 Traduction :  Sur les gestes de cette Jeanne, voyez plus haut le registre du 10 mai 1429, etc. — On rapporte qu'à ses derniers moments, condamnée au feu comme relapse, elle se repentit avec de grandes larmes, et qu'on vit en elle les signes d'une vraie contrition. Que Dieu soit propice et miséricordieux à son âme !
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