Son histoire
par Henri Wallon

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Le procès en nullité de la condamnation
V-2 - Déposition de Mengette, femme de Jean Joyart


  Mengette, femme de Jean Joyart, laboureur audit village de Domremy, âgée d'environ quarante-six ans, dix-neuvième témoin produit dans cette cause d'inquisition, juré et interrogé à Domremy l'an et le vendredi susdits, requise par serment [...]*.

  A savoir sur le premier de ces articles commençant par « Premièrement au sujet du lieu d'origine, etc. », et aussi sur les deuxième et troisième articles suivant, à elle soigneusement exposés, requise déclara que cette Jeanne appelée la Pucelle est native de Domremy, de la paroisse Saint-Remi dudit village ; ses parents furent Jacques d'Arc et Isabet, mariés, qui étaient bons chrétiens et vrais catholiques, de bon renom, comme elle les estimait et les a entendu estimer ; Jeanne avait parrains et marraines, et, à ce qu'on disait, Jean Morel de Greux était son parrain, Jeannette, femme de Thévenin de Domremy et Édette, veuve de Jean Barre, demeurant à Frebécourt étaient ses marraines. Ne sait rien d'autre.

  Sur l'article suivant, le quatrième, commençant par « De même si dans son plus jeune âge, etc. », et aussi sur les cinquième, sixième, septième et huitième articles suivant, à elle exposés avec soin et complètement, requise déclara par serment que la maison de son père était presque contiguë à la maison du père de Jeannette, et elle connaissait bien cette Jeannette la Pucelle, car souvent elle filait en sa compagnie et faisait les autres travaux ménagers de jour et de nuit avec elle ; c'était une fille instruite dans la foi chrétienne, de bonnes moeurs comme il lui semblait ; elle allait volontiers et souvent à l'église, faisait l'aumône sur les biens de son père, allait à la moisson et quand c'était le moment et le tour de sa famille gardait parfois le troupeau en filant. Elle se confessait volontiers, et elle la vit plusieurs fois à genoux devant le curé du village. Ne sait rien d'autre.

  Sur l'article suivant (1), le neuvième, commençant par « De même qu'en est-il, etc. », requise déclara par serment que l'arbre nommé, on l'appelait "Aux-Loges-les-Dames" (2) ; c'est un vieil arbre : on l'a toujours vu là. Chaque année, au printemps, et en particulier le dimanche de Lætare Jerusalem, dit "des Fontaines", tous les jeunes gens y vont avec des petits pains et font la dînette ; j'y suis allée plus d'une fois ce jour-là avec Jeanne ; on mangeait, et puis on allait boire à la fontaine aux Groseillers ; quelquefois, on mettait une nappe sous l'arbre ; on mangeait ensemble, puis on s'amusait et on dansait, comme ils font encore maintenant. Ne sait rien d'autre.

  Sur l'article suivant, le dixième, commençant par « De même qu'on enquête, etc. », requise déclara que quand ladite Jeannette voulut aller à Vaucouleurs, elle fit venir Durand Laxart, pour faire savoir à ses père et mère qu'elle allait chez ce Durand Laxart, demeurant à Burey-le-Petit (3) afin de rendre service à sa femme ; et en partant elle dit à elle qui témoigne : « Adieu ! » la recommandant à Dieu, puis alla à Vaucouleurs. Ne sait rien d'autre.

  Sur l'article suivant, le onzième, commençant par « De même si dans ledit pays, etc. », requise déclara ne rien savoir.

  Sur l'article suivant, le douzième, commençant par « De même si Jeanne, etc. », requise déclara qu'à l'époque en question tous les gens dudit village partirent et s'enfuirent à Neufchâteau, en conduisant leurs animaux audit lieu ; Jeanne y fut avec ses père et mère, y séjourna en leur compagnie, toujours, et en revint de même, comme elle a pu le voir.

  Ne sait rien de plus. Citée elle a déposé sans passion ni haine, sans être sollicitée ni payée, sans partialité. Et il lui fut enjoint, etc.

                  Jeannette quitte Mengette pour partir à Vaucouleurs

     Mengeta, uxor Iohannis Joyart, dicte ville de Dompno Remigio laboratoris, etatis XLVI annorum vel circa, decima nona testis in huiusmodi inquisicionis causa producta, iurata et examinata in dicto Dompno Remigio, anno et die veneris prescriptis ; requisita, per suum iuramentum [...] Videlicet

Super I° eorumdem articulorum articulo, incipiente: "Prima, de loco originis, etc..." ; eciam super II° et III°, sequentibus articulis, sibi diligenter expositis, requisita,
  "Dixit quod ipsa Iohanna, que vocabatur la Pucelle, fuit oriunda de dicto Dompno Remigio et de parrochia beati Remigii, eiusdem ville. Fueruntque eius progenitores Iacobus Darc et Ysabelleta, coniuges, qui erant boni christiani et catholici veri, boni nominis, prout tales reputabat et reputari audivit. Habebatque dicta Iohanneta patrinos et matrinas. Et, prout dicebatur, Iohannes Morelli, de Greu, erat suus patrinus ; et Iohanneta, uxor Thouvenini, de Dompno Remigio, et Edeta, relicta Iohannis Barré, in Ferbecuria commorantis, erant sue matrine. Nec aliud scit."

Super IV° sequente articulo, incipiente : "Item, si in primitiva etate, etc..." ; eciam super V°, VI°, VII° et VIII° sequentibus articulis, sibi diligenter ad plenum expositis,
  "Dixit per suum iuramentum, requisita, quod domus patris eiusdem testis erat quasi contigua domui patris eiusdem Iohannete. Cognoscebatque dictam Iohannetam la Pucelle, quia sepe nebat in eius societate, et alia opera domus de die et de nocte, cum eadem, faciebat. Eratque bene in fide christiana imbuta, bonis moribus, ut sibi videtur, condicionata. Ibat libenter et sepe ad ecclesiam. Elemosinas de bonis patris sui faciebat. Et erat ita bona, simplex et devota, quod ipsa testis et alie puelle dicebant sibi quod erat nimis devota. Operabatur libenter et occuppabat se in negociis multis
videlicet nebat, neccessaria domus faciebat, ibat ad messes ; et, dum tempus occurrebat, nendo, aliquociens animalia ad turnum custodiebat. Confitebatur libenter. Viditque eam pluries genibus flexis coram curato dicte ville. Nec aliud scit."

Super IX° sequente articulo, incipiente : "Item, quid habet, etc...", requisita,
  "Dixit per suum iuramentum, quod arbor illa vocatur "ad lobias dominarum", et est antiqua arbor. Non enim unquam audivit dici quod illa arbor non esset ibi. Et dixit quod, annis singulis tempore veris, ac specialiter in die dominico Lætare Iherusalem, dicto des Fontaines, omnes puelle et pueri cum parvis panibus solent ire ad arborem ; ibidemque comedunt. Et ipsa testis fuit pluries cum dicta Iohanna in dicta die, ibidemque comedebant. Et postea veniebant bibitum ad fontem rannorum. Aliquando habebant unam mappam subtus illam arborem. Et comedebant insimul. Et postea iocabant et tripudiebant prout adhuc de presenti alie faciunt. Nec aliud scit."

Super X° sequenti articulo, incipiente : "Item, inquiratur, etc...", requisita,
  "Dixit ipsa testis quod, dum dicta Iohanneta voluit ire ad Valliscolorem, ipsa, ut dicitur, fecit venire Durandum Laxart, ad dandum intelligere patri et matri suis ut iret ad domum eiusdem Durandi Laxart, in Bureyo Parvo commorantis, ad serviendum uxorem suam. Et recedendo ipsa dixit eidem testi : "Ad Deum !" Et tunc recessit ; et eam testem commendavit Deo. Et ivit ad Valliscolorem. Nec aliud scit."

Super XI° sequente articulo, incipiente : "Item, si in dicta patria, etc...", requisita,
  "Dixit se nichil scire."

  Super XII° sequente articulo, incipiente : "Item, si quando, etc...", requisita,
  "Dixit quod, tempore articulato, omnes dicte ville iverunt et fugerunt ad Novum Castrum. Et animalia sua duxerunt ad dictum locum. Et fuit ipsa Iohanna cum predictis patre et matre suis ; et in eorum comitiva stetit semper. Et ab eodem loco recessit, prout ipsa testis vidisse dicit."

Plura nescit. Citata venit. Nec amore [...]
Et fuit sibi iniunctum, etc.


Sources :
- "La rédaction épiscopale du procès de 1455-1456", Paul Doncoeur et Yvonne Lanhers, 1961
- Traduction : Pierre Duparc, t.III, p.272 & 273.

Notes :
* Voir serment Jean Morel.

1. Jean Duparc a oublié l'article IX de ce témoignage dans sa traduction du procès de Réhabilitation. La traduction est reprise d'autres sources.

2. Il s'agit bien de l'arbre des fées aussi appelé "Aux-Loges-lez-Dames".

3. Il existe deux Burey : Burey-en-Vaux et Burey-la-Côte de nos jours.
Au XV° siècle Burey le Petit était probablement Burey-la-Côte plus proche de Domrémy et plus petit que Burey en Vaux proche de Vaucouleurs. (Voir "dossiers" Burey le Petit ?).
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