Son histoire
par Henri Wallon
Les sources
Procès condamnation
Procès réhabilitation
Chroniques & textes
Lettres de Jeanne
Recherches
Bibliographie
Librairie numérique
Dossiers
Accès cartes
France 1429
Nord France 1429
Environs Domrémy
Environs Orléans
Siège Orléans
Vue & pont d'Orléans

|
|
Le procès en nullité de la condamnation
V-2 - Déposition de Catherine Le Royer
|
|
Catherine, femme d’Henri Le Royer, de Vaucouleurs, âgée d’environ cinquante-quatre ans, vingt-sixième témoin produit dans cette cause d’inquisition, juré et interrogé audit lieu de Vaucouleurs, l’an et le samedi dernier jour du mois de janvier susdits, requise par serment […]*.
À savoir sur le premier des articles, commençant par Premièrement au sujet du lieu d’origine, etc., et aussi sur les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième articles suivant, à elle lus et exposés avec soin, requise déclara par serment avoir entendu dire que Jeanne naquit à Domrémy, de bons et honnêtes laboureurs. Déclara qu’elle la vit après son départ de la maison paternelle, lorsqu’elle fut amenée chez elle par Durand Laxart, le témoin précédent, et qu’elle voulait aller au lieu où était le dauphin. C’était, à son avis, une fille bonne, simple, douce, modeste et bien élevée ; elle aimait aller à l’église et se confesser ; le témoin le sait car il la conduisit à l’église et la vit se confesser à messire Jean Fournier, alors curé de ladite ville de Vaucouleurs ; elle filait volontiers et bien, et a filé dans sa maison. Ne saurait rien ajouter sur le contenu desdits articles.
Sur l’article suivant, le neuvième, commençant par De même qu’en est-il, etc., requise déclara ne rien savoir, si ce n’est que les jeunes, dit-on, vont se promener vers cet arbre.
Sur l’article suivant, le dixième, commençant par De même qu’on enquête, etc., requise déclara par serment que, lorsque Jeanne voulut partir, elle vint chez elle durant trois semaines, par intervalles ; et alors elle fit dire au sire Robert de Baudricourt qu’il la conduisît au lieu où était le dauphin ; ce que le sire Robert refusa. Déclara qu’ensuite elle vit entrer chez elle Robert de Baudricourt, alors capitaine de ladite ville de Vaucouleurs avec ledit messire Jean Fournier ; lequel prêtre dit à Jeanne qu’il avait apporté une étole, et il l’avait exorcisée devant le capitaine ; ajoutant que si elle était une mauvaise créature, elle s’éloignât d’eux, et si elle était une bonne créature, elle vint vers eux. Jeanne s’approcha alors du prêtre et se jeta à ses genoux ; elle déclara que le prêtre n’avait pas bien agi, car il avait entendu sa confession ; et lorsqu’elle vit que ledit Robert ne voulait pas la conduire elle dit, comme le témoin l’a entendu, qu’il lui fallait aller au lieu où était le dauphin, ajoutant : N’avez-vous pas entendu cette prophétie, à savoir que la France par une femme serait détruite, et par une pucelle des marches de Lorraine restaurée ? Alors le témoin s’est rappelé avoir entendu ces paroles et fut stupéfait. Déclara aussi le témoin que cette Jeannette était pleine d’impatience, et le temps lui pesait comme à une femme enceinte, parce qu’on ne la conduisait pas au dauphin. Après cela le témoin et beaucoup d’autres crurent à ses paroles, si bien qu’un certain Jacques Alain et Durand Laxart voulurent la conduire et l’emmenèrent jusqu’à Saint-Nicolas ; mais ils retournèrent à Vaucouleurs, parce que Jeanne, d’après ce qu’il a entendu dire, déclara qu’il n’était pas honnête de sa part de partir ainsi ; après leur retour quelques habitants de la ville lui firent faire une tunique (1), des chausses, des guêtres, des éperons, une épée et autres choses semblables ; les habitants lui achetèrent un cheval, et Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne avec trois autres la conduisirent au lieu où était le dauphin, comme il les vit monter à cheval au départ. Ne sait rien d’autre.
Sur l’article suivant, le onzième, commençant par De même qu’on enquête, etc., et aussi sur le douzième, requise déclara ne rien savoir du tout.
Ne sait rien de plus.
Citée elle vint et a déposé sans passion ni haine, sans être sollicitée ni payée, sans partialité ni crainte. Et il lui fut enjoint, etc.

Katherina, uxor Henrici Rotarii,
de Valliscolore, etatis LIV annorum, vel circa, vicesima sexta testis
in huiusmodi inquisicionis causa, producta, iurata et examinata
in dicto loco de Valliscolore, anno et die sabbati, ultima mensis
ianuarii, predictis, requisita, per suum iuramentum [...] Videlicet
Super I° eorumdem articulorum articulo, incipiente : "Primo,
de loco originis, etc..." ; eciam super II°, III°,
IV°, V°, VI°, VII° et VIII° sequentibus articulis,
sibi diligenter perlectis et expositis, requisita,
"Dixit per suum iuramentum quod audivit dici quod
fuit oriunda de Dompno Remigio, ex bonis et probis laboratoribus.
Dixit quod, post egressum a domo paterna, et dum ipsa lohanna fuit
adducta ad domum suam per Durandum Laxart, testem precedentem,
et volebat ire ad locum ubi erat Dalphinus, vidit ipsam ; que, ut
percepit, erat bona, simplex, dulcis, et bene moderata filia, ac
bene condicionata. Ibat libenter ad ecclesiam ; et libenter confitebatur
; reddens causam, quia ipsa testis duxit eam ad ecclesiam, et vidit
eam confiteri domino Iohanni Furnerii, tunc dicte ville de Valliscolore
curato. Libenter et bene nebat ; quia et nevit in domo sua, cum
ipsa. Nec alias sciret deponere de contentis in eisdem articulis.
Super IX° sequente articulo, incipiente : "Item, quid
habet lama, etc...", requisita,
"Dixit nichil scire ; nisi quod dicit quod iuvenes
vadunt spaciatum ad illam arborem."
Super X° sequente articulo, incipiente : "Item, inquiratur,
etc..." , requisita,
"Dixit per suum iuramentum quod, dum ipsa Iohanna
voluit recedere, fuit in domo sua per spacium trium ebdomadarum,
per intervallum temporis ; et tunc fecit loqui domino Roberto de
Baudricuria, ut eam duceret ad locum obi erat Dalphinus. Qui dominos
Robertus noluit. Dixit quod tune ipsa testis vidit intrare Robertum
de Baudricuria, tunc cappitaneum dicte ville de Valliscolore, et
dictum dominum Iohannem Furnerii, in domo sua. Et audivit dici eidem
Iohanne quod ipse presbiter apportaverat stolam, et coram dicto
cappitaneo eam adiuraverat dicendo sic, quod, si esset mala res,
quod recederet ab eis, et si bona, veniret iuxta ipsos. Que Johanna
dicebat quod se traxit iuxta ipsum sacerdotem et erga sue genua.
Dicebat eciam ipsa Johanna quod presbiter non bene fecerat, quia
suam audierat confessionem. Et dum ipsa Johanna vidit quad dictus
Robertus nolebat eam ducere, dixit ipsa testis quad audivit eidem
Iohanne dici quod opportebat quod iret ad dictum locum, ubi erat
Dalphinus, dicendo :
"Nonne audistis quod prophetizatum fuit quod
Francia per mulierem deperderetur ; et per unam virginem de marchiis
Lothoringie restauraretur". Et tunc ipsa testis hec audisse
recordata est, et stupefacta fuit. Dixit eciam ipsa testis quod
ipsa Iohanneta bene desiderabat, et erat tempos sibi grave ac si
esset mulier pregnans, eo quod non ducebatur ad Dalphinum. Et post
hec ipsa testis et multi alii suis verbis crediderunt ; ita quod
quidam Iacobus Alain et Durandus Laxart voluerunt
eam ducere. Et duxerunt eam usque ad Sanctum Nicolaum ; sed reversi
fuerunt ad dictum Valliscolorem, quia audivit quod ipsa Johanna
dixit quod non erat sibi honestum taliter recedere. Et, dum reversi
fuerunt, aliqui habitatores dicte ville fecerunt sibi fieri tunicam,
caligas, occreas, calcaria, ensem, et similia. Et habitatores emerunt
sibi unum equum. Et Iohannes de Metis, Bertrandus de Poulengeyo,
Coletus de Vienna, cum tribus aliis, duxerunt eam ad locum ubi erat
Dalphinus ; prout vidit ipsos ascendere equos, pro eundo. Nec aliud
scit, etc..."
Super XI° sequente articulo, incipiente : "Item, inquiratur,
etc..." ; eciam super XII° sequente articulo, [requisita],
"Dixit per suum iuramentum se penitus nichil scire."
Plura nescit. Citata venit. Nec amore [...]
Et fait sibi iniunctum, etc...
Sources
: "La rédaction épiscopale du procès de
1455-1456" - Paul Doncoeur et Yvonne Lanhers - 1961.
Traduction : Pierre Duparc, t.III, p. 284 à 286.
Notes :
* Voir serment Jean Morel.
1 Traduit généralement par "tunique", ce qui est inexact, aucun vêtement de ce temps ne s'appelait tunique. Il s'agissait d'une robe (plus courte pour les hommes). A.Harmand.
Voir dossier : les vêtements
de Jeanne
|
Accueil
Procès
Questionnaire Lorraine

|