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par Henri Wallon

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Procès de condamnation
Lettre de l'Université de Paris au Seigneur Jean de Luxembourg
14 juillet 1430.

    "Très noble, honoré et puissant seigneur, nous nous recommandons (1) moult affectueusement à vostre haulte noblesse. Vostre noble prudence scet bien et cognoist que tous bons chevaliers catholiques doivent leur force et puissance emploier premièrement au service de Dieu ; et en après au prouffit de la chose publique. En espécial, le serement premier de l'ordre de la chevalerie si est garder et deffendre l'onneur de Dieu, la foy catholique et sa sainte Église. De ce sacrement vous est bien souvenu, quant vous avez vostre noble puissance et présence personele emploiez à appréhender ceste femme qui se dit la Pucelle ; au moyen de laquelle l'onneur de Dieu a esté sans mesure offensé, la foy excessivement bleciée, et l'Église trop fort déshonorée ; car par son occasion, ydolatrie, erreurs, mauvaises doctrines et autres maulx et inconvéniens inestimables se sont ensuys en ce royaume. Et en vérité tous loyaulx chrestians vous doivent mercier grandement de sceau de Jean de Luxembourgavoir fait si grant service à nostre sainte foy et à tout ce royaume ; et quant à nous, nous en mercions Dieu de tous noz couraiges et vostre noble prouesse, tant acertes que faire povons. Mais peu de chose seroit avoir fait telle prinse, s'il ne s'ensuyvoit ce qu'il appartient pour satisfaire l'offense par icelle femme perpétrée contre nostre doulx Créateur, et sa foy, et sa sainte Église, avec ses autres meffaiz innumérables, comme on dit. Et seroit plus grant inconvénient que oncques mais, et plus grant erreur demourroit au peuple que par avant et si fort intolérable offense contre la majesté divine, se ceste chose demouroit en ce point, ou qu'il avenist que icelle femme fust délivrée ou perdue, comme on dit aucuns des adversaires soy vouloir efforcier de faire et appliquer à ce tous leurs entendemens par toutes voyes requises, et qui pis est, par argent ou raençon. Mais nous espérons que Dieu ne permettra pas avenir si grant mal sur son peuple, et que aussi vostre bonne et noble prudence ne le souffrera pas, mais y saura bien pourveoir covenablement ; car se ainsi estoit faite délivrance d'icelle, sans convenable réparacion, ce seroit déhonneur irréparable à vostre grant noblesse et à tous ceulx qui de ce se seroient entremis ; mais à ce que telle escande cesse le plus tost que faire se pourra, comme besoing est. Et pource que en ceste manière le délay est très périlleux et très préjudiciable à ce royaume, nous supplions très humblement, et de cordial affeccion à vostre puissant et honorée noblesce, que, en faveur de l'onneur divin, à la conservacion de la sainte foy catholique et au bien et exaltacion de tout ce royaume, vous veuillés icelle femme mettre en justice et envoier pardeça à l'inquisiteur de la foy, qui icelle a requise et requiert instamment pour faire discucion de ses grans charges, tellement que Dieu puisse estre content et le peuple édifié deuement en bonne et sainte doctrine ; ou vous plaise icelle faire rendre et délivrer à révérent père en Dieu et nostre très honoré seigneur l'évesque de Beauvais, qui icelle a pareillement requise, en la juridiction duquel elle a esté appréhendée, comme on dit. Lesquels prélat et inquisiteur de la foy ; et est tenu obéir tout chrestian, de quelque estat qu'il soit, à eulx, en ce cas présent, sur les peines de droit qui sont grandes. En ce faisant vous acquerrez la grâce et amour de la haulte Divinité ; vous serez moyen de l'exaltacion de la sainte foy, et aussi accroistrez la gloire de vostre très hault et noble nom, et mesmement de très hault et très puissant prince nostre très redoubté seigneur et le vostre, monseigneur de Bourgoingne. Et sera chascun tenu à prier Dieu pour la prospérité de vostre très noble personne ; laquelle Dieu nostre Sauveur vueille par sa grâce conduire et garder en tous ses affaires, et finablement lui rétribuer joye sans fin, Escript...
 à Paris le quatorziesme jour de juillet mil quatre cens trente)."

                                 


Notes :
Source : E. O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc - tome II - 1868
Texte original.

1 L'orthographe d'époque est copiée textuellement.

Illustrations :
- Sceau de Jean de Luxembourg (Arch.M. et M. - B765.50)
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