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par Henri Wallon

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Procès de condamnation - Actes postérieurs
Rétractation de Pierre Bosquier et sentence - 8 août 1431

évérend père en Christ et seigneur, et vous, religieuse personne et maître, vicaire de religieuse personne Jean Graverent, insigne professeur en théologie sacrée et inquisiteur de la perversité hérétique au royaume de France, spécialement député par autorité du Saint-Siège, moi, frère Pierre Bosquier (1), religieux de l'ordre des frères Précheurs, misérable pécheur et votre sujet en cette partie, désirant, comme bon et vrai catholique obéir en tout et pour tout à ma sainte mère l'Église et à vous, juges en cette partie, avec toute humilité et dévotion, comme je confesse y être tenu ; comme, par information faite de votre commandement, vous m'avez trouvé coupable en ce qui suit : c'est à savoir en cela surtout que, le dernier jour du mois de mai, vigile du Saint-Sacrement dernier passé, j'ai dit que vous et ceux qui jugèrent cette femme, Jeanne vulgairement appelée la Pucelle, avaient fait et faisaient mal ; lesquelles paroles, attendu que cette Jeanne avait comparu devant vous, juges susdits, en pour cause de foi, sont mal sonnantes et paraissent favoriser quelque peu l'hérétique perversité : lesquelles paroles, si Dieu m'aide, puisqu'il a été trouvé que je les ai ainsi proférées, ont été par moi dites et proférées de façon inconsidérée et par inadvertance, et après boire. Je confesse en cela avoir gravement péché, et j'en demande pardon à notre dite sainte mère l'Église et à vous, mes juges et très redoutables seigneurs, les genoux ployés et les mains jointes ; et je requiers miséricorde de l'Église, me soumettant très humblement à vos amendement, correction et punition, vous suppliant humblement de mettre de côté toute rigueur.


S'ensuit la sentence du même religieux (2) :

  "Au nom du Seigneur, amen. Vu par nous, Pierre, par la miséricorde divine évêque de Beauvais, et par frère Jean Le Maistre, député et commis en cette cité et diocèse de Rouen par l'insigne docteur Jean Graverent, inquisiteur de la perversité hérétique, lui-même député par l'autorité apostolique au royaume de France, et spécialement commis et député par l'inquisiteur en ce qui concerne l'affaire qui suit, les faits de la cause en matière de foi mue et pendante par devers nous contre religieuse personne frère Pierre Bosquier ; vu certaine information sur les charges à lui imposées, faite de notre commandement et rapportée devant nous, attendu qu'il résulta et résulte parfaitement de l'information à laquelle se rapporta le prévenu qu'en certain lieu, où peu de témoins se trouvaient , l'accusé a dit et proféré peu de temps après que certaine femme vulgairement appelée la Pucelle, avait été abandonnée par notre sentence définitive à la justice séculière comme hérétique , que nous fîmes mal, et que tous ceux qui la jugèrent ont mal fait (lesquelles paroles semblent bien favoriser cette Jeanne), ce en quoi il pécha gravement et erra ; attendu néanmoins que ledit frère Pierre, désirant comme il nous l'affirma, en bon et vrai catholique, obéir en tout et pour tout à notre sainte mère l'Église et à nous, ses juges en cette partie, avec toute humilité et dévotion, comme il professa être tenu de le faire, et qu'il s'est soumis de bon gré à nos ordres et correction, qu'il s'est dit prêt à obéir à nos commandements, Nous, voulant préférer miséricorde à rigueur de justice, attendu surtout la qualité de sa personne, que ces paroles il les proféra après boire, comme il le dit et l'affrrme, l'absolvant des sentences qu'il a encourues pour cette cause, nous le maintenons dans l'agrégation des catholiques et nous le restituons à sa bonne renommée, si besoin est. Toutefois, nous le condamnons à tenir prison, au pain et à l'eau, jusqu'au prochain jour de Pâques prochain (3) dans le couvent des Frères Prêcheurs, en vertu de cette sentence définitive que nous portons, siégeant en tribunal, ces termes écrits, sauf notre grâce et modération.
  Fait à Rouen le 8 août 1431."


                                  


Sources : "Condamnation de Jeanne d'Arc" de Pierre Champion (1921), "Procès de Jeanne d'Arc" - E.O'Reilly (1868), "La minute française des interrogatoires de La Pucelle" - P.Doncoeur (1952)

Notes :
1 Pierre Bosquier, dominicain non connu autrement que par ces paroles qui lui ont valu quelques mois de prison.

2 Pierre Bosquier n'avait point pour supérieur l'évêque Cauchon. Il n'était même pas son ordinaire mais visiblement cet homme croyait pouvoir tout se permettre.

3 Jusqu'au 20 avril 1432 !
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