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par Henri Wallon

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Les mémoires de Le Fèvre de Saint-Rémy
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Jean Le Fèvre, natif d'Abbeville, conseiller du duc de Bourgogne et roi d'armes de l'ordre de la Toison d'or, était âgé de soixante-sept ans en 1460, lorsqu'il se mit à écrire ce qu'on est convenu d'appeler ses Mémoires. C'est à proprement parler une chronique, chronique succincte, et qui, au point de vue bourguignon, représente tout à fait ce qu'est celle de Berri pour le parti français. On y trouve sur la Pucelle des renseignements qui ne peuvent émaner que d'un témoin oculaire. La relation de la sortie de Compiègne est l'une des plus complètes et des meilleures qu'il y ait. Quant à la captivité, même lacune dans Jean Lefèvre que dans Monstrelet. Du jugement, il n'en est pas non plus question, et on peut croire que le chroniqueur n'aurait pas parlé du tout de la mort de Jeanne d'Arc, s'il n'avait eu besoin, en un endroit, d'une transition pour amener le récit d'un nouveau revers des Français.
  Voici en effet la forme toute incidente sous laquelle il mentionne ce fait, au commencement de son 172e chapitre : « Bien avez ouy parler comment aulcuns de legier et creance voullaige se bouttèrent à croire que les faits de la Pucelle estoient choses miraculeuses et permises de par Dieu, et fort y furent pluiseurs enclins de le croire. Or advint après la mort d'icelle Jehanne la Pucelle, que, etc... »

  On doit à M. Buchon la partie des mémoires de Jean Lefèvre qui correspond aux quatorze premières années du règne de Charles VII, celle par conséquent où il est parlé de Jeanne d'Arc. Il en a donné le texte pour la première fois dans sa Collection des chroniques nationales, d'après le manuscrit 9869-3 de la Bibliothèque royale.

Chapitres :

- Chap. CLI : Comment la Pucelle Jehanne vint en bruit et feut amenée...
- Chap. CLII : Comment le daulphin fut couronné roy de France à Rains...
- Chap.CLIII : Comment le duc de Bourgongne assega la ville de...
- Chap.CLXXXX : De la bataille du bergier où les François furent desconfits...

  



                                         

[Comment la Pucelle Jehanne vint en bruit et feut amenée au siége d'Orléans. Comment elle saillist avec les Franchois sur les Anglois et fut le siége abandonné.]

r convient il de parler de une adventure quy advint en France, la nompareille que, comme je croy, y advint oncques. Vray est qu'en ung vilaige sur les marches de Lorraine, avoit ung homme et une femme, mariez enssamble, qui eulrent pluiseurs enfans, entre lesquelz eulrent une fille quy de l'eage de sept à huit ans, fu mise à garder les brebis aux champs et longtemps fist ce mestier. Or est vray qu'elle peut dire, du temps qu'elle avoit ou pouvoit avoir dix huict ou vingt ans, qu'elle avoit souvent revelacion de Dieu, et que devers elle venoit la glorieuse Vierge Marie accompaignée de pluiseurs anges, sains et sainctes, entre lesquelz elle nommoit madame saincte Katherine et David le prophète (1), à tout sa harpe, laquelle il sonnoit mélodieusement (2); et enfin elle disoit que entre les aultres choses, elle eult revelacion de Dieu, par la bouche de la Vierge Marie, qu'elle se mist sus en armes, et que par elle, Charles, daulphin de Vienne, seroit remis en sa terre et seignourie et qu'elle le menroit sacrer et couronner à Rains.
  Icelles nouvelles advindrent à ung gentilhomme de la marche, lequel la arma et monta et la mena au siége d'Orléans allencontre des Anglois quy tenoient le siége. Si fist assembler le bastart d'Orléans et aultres pluiseurs capitaines, ausquelz il compta ce que icelle fille nommée Jehanne la Pucelle disoit. Et de faict fut interroghie de pluiseurs saiges et vaillans hommes, lesquelz se boutèrent en foy de le croire et adjoustèrent en icelle si grant foy qu'ilz habandonnèrent et mirent leurs corps en toute adventure avec elle. Et est vray que ung jour elle leur dist qu'elle vouloit combattre les Anglois, et assembla ses gens et se prinst de assaillir les Anglois par la plus forte bastille que ilz tenoient, que gardoit ung chevalier d'Angleterre nommé Cassedag (3). Icelle bastille fut par ladicte Pucelle et les vaillans hommes assaillie et prinse de bel assault, et là fut Cassedag mort : quy sambla chose miraculeuse, veu la force de la bastille et les gens qui la gardoient.
  Le bruit courut par l'ost des Anglois de la prinse de ladicte bastille, et finablement, quant ilz oyrent dire que ladicte Pucelle avoit faict ceste emprinse, ilz en furent moult espouventez ; et disoient entre eulx qu'ilz avoient une prophecie qui contenoit que une Pucelle les debvoit debouter hors de France et de tous poins les deffaire. Si levèrent leur siége et se retrayrent en aulcunes places de leur obéissance environ ladicte ville d'Orléans. Entre lesquelz Anglois, le conte de Suffort et le seigneur de La Poulle, son frère, se tindrent à Gergeau ; mais gaires ne y furent que icelle ville fut prinse d'assault, et là fut ledit seigneur de La Poulle mort, et pluiseurs Anglois. La puissance des dessusditz Anglois s'assamblèrent pour retourner à Paris devers le régent ; mais ilz furent de si près suivis des Daulphinois, qu'ilz se trouvèrent en battaille l'un devant l'autre auprès d'ung villaige en Beausse, quy se nomme Patté. Or advint qu'ilz cuidèrent prendre place plus advantageuse que celle où ilz estaient, et partirent de leur place. Mais les Daulphinois frappèrent dedans tellement, qu'ilz les deffirent et de tous poins les desconfirent. Là furent prins le conte de Suffort, le seigneur de Tallebot et tous les capitaines, excepté messire Jehan Fastot, lequel s'en alla : dont il eult depuis grant reproche pour che qu'il estoit chevalier de la Gartière. Touteffois, il s'excusa fort, disant que se on l'eust volu croire, la chose ne fust pas ainsy advenue de leur part. Ainsy furent Anglois desconfis, et se nomma icelle battaille, la battaille de Patté.

                      

  Or il convient de parler d'une aventure qui advint en France, la non-pareille, je crois, qui y advint jamais. En un village sur les marches de Lorraine, il y avait un homme et une femme, mariés ensemble, qui eurent plusieurs enfants, parmi lesquels une jeune fille, qui, dès l'âge de sept à huit ans, fut mise à garder les brebis aux champs et fit longtemps ce métier. Or, du temps qu'elle avait ou pouvait avoir dix-huit ou vingt ans, il est vrai qu'elle put dire qu'elle avait souvent des révélations de Dieu ; que vers elle venait la glorieuse Vierge Marie accompagnée de plusieurs anges, saints et saintes, parmi lesquels elle nommait Madame sainte Catherine, et David le prophète, avec sa harpe qu'il sonnait mélodieusement. Elle disait enfin, entre les autres choses, avoir eu révélation de la part de Dieu, par la bouche de la Vierge Marie, de se mettre en armes, et que par elle, Charles, Dauphin du Viennois, serait remis en sa terre et seigneurie, et qu'elle le mènerait sacrer et couronner à Reims.
  Ces nouvelles vinrent à un gentilhomme de la marche qui l'arma, la monta d'un cheval, et la mena à Orléans, à rencontre des Anglais qui y tenaient le siège. Il y fit assembler le bâtard d'Orléans et plusieurs autres capitaines auxquels il conta ce que disait cette fille nommée Jeanne la Pucelle. De fait elle fut interrogée de plusieurs sages et vaillants hommes, qui se boutèrent en voie de la croire, et ajoutèrent en icelle si grande foi qu'ils abandonnèrent et mirent leurs corps à tout hasard avec elle. Il est vrai qu'un jour elle leur dit qu'elle voulait combattre les Anglais; elle assembla ses gens, et se prit à assaillir les Anglais par leur plus forte bastille, que gardait un chevalier d'Angleterre nommé Cassedag. Cette bastille fut assaillie et prise de bel assaut par ladite Pucelle et par ses vaillants hommes, et Cassedas y fut tué ; ce qui sembla chose miraculeuse, vu la force de la bastille et les gens qui la gardaient.
  Le bruit de cette prise courut parmi les Anglais, et finalement quand ils ouïrent que pareille entreprise était l'oeuvre de la Pucelle, ils furent très épouvantés. Ils disaient entre eux avoir une prophétie contenant qu'une Pucelle devait les jeter hors de France et les défaire de tous points. Ils levèrent le siège et se retirèrent dans quelques places de leur obéissance autour d'Orléans. Parmi eux le comte de Suffolk et le seigneur de La Poule, son frère, se tinrent à Jargeau ; mais ils n'y restèrent guère que cette ville ne fût prise d'assaut. Le seigneur de La Poule et plusieurs Anglais y trouvèrent la mort. Les Anglais rassemblèrent leurs forces pour retourner à Paris vers le régent ; mais ils furent suivis de si près par les Dauphinois qu'ils se trouvèrent en ordre de bataille l'un devant l'autre auprès d'un village de la Beauce qui se nomme Patay. Les Anglais, espérant trouver une place plus avantageuse que celle où ils étaient, la quittèrent; mais les Dauphinois fondirent sur eux avec tant d'impétuosité qu'ils les défirent et les déconfirent de tous points. Là furent pris le comte de Suffolk, le seigneur de Talbot et tous les capitaines excepté Messire Jean Fastolf ; ce dont il eut dans la suite de grands reproches étant chevalier de la Jarretière. Cependant il s'excusa fort, disant que si on eût voulu l'en croire, la chose ne fût pas ainsi advenue de leur part. Les Anglais furent ainsi déconfits, et cette bataille se nomma la bataille de Patay.



                                         

[Comment le daulphin fut couronné roy de France à Rains. De pluiseurs villes quy se rendirent à luy. Comment le duc de Bethfort luy alla allencontre et presenta la battaille. Des faictz de la Pucelle quy mena le roy devant Paris.]

ous avez ouy comment Jehenne la Pucelle fut tellement en bruit entre les gens de guerre, que réalment ilz créoient que c'estoit une femme envoyée de par Dieu, par laquelle les Anglois seroient reboutez hors du royaulme. Icelle Pucelle fut menée vers le daulphin, quy vollentiers la vey et qui, comme les aultres, adjousta en elle grant foy et feist ung grant mandement où furent grant nombre de princes de son sang, c'est assavoir les ducz de Bourbon, d'Alençon et de Bar, Artus, connestable de France, les contes d'Erminacq, de Patriac, et Vendosme, le seigneur de Labreth, le bastart d'Orléans, le seigneur de La Trimoulle et pluiseurs grans seigneurs de Franche et d'Escoche. Et fut moult grande la puissance du daulphin, à tout laquelle se tira droit à Troies en Champaigne ; et luy fut promptement la ville rendue, et luy firent obéyssance ; aussy firent ceulx de Chalons et de Rains. En laquelle ville de Rains il fut sacré, oingt et couronné roy de France. Ainsy fut Charles, septiesme de ce nom, sacré à Rains comme vous avez ouy.

     

  Apprès ce que le roy eult sejorné ung petit de temps en la ville de Rains, il s'en alla en une abbaye où on aoure saint Marcoul, nommé Corbeny, là où on dist que il prent la dignité et previllége de garir les escroelles. Ces choses faictes, il passa la rivière de Marne et se trouva à Crespy-en-Vallois. Quant le régent sceult que le roy avoit esté sacré à Rains et qu'il marchoit eu paiis pour tirer droit à Paris, il assambla une grande compaignye d'Anglois et de Picars entre lesquelz estoient messire Jehan de Crequy, messire Jehan de Croy, le bastard de Sainct-Pol, messire Hue de Lannoy, saige et vaillant chevallier, Jehan de Brimeu et aultres, lesquelz se trouvèrent en grant puissance en ung villaige nommé Mittri en France, et les Franchois et leur puissance estoient en ung aultre villaige nommé ... (4), à deulx lieues près de Crespy-en-Vallois, et la estoient le duc d'Alenchon, ladicte Pucelle et pluiseurs aultres capitaines. Le régent quy desiroit la battaille contre les Franchois, approcha d'eulx jusques à une abbaye quy s'appelle La Victoire, laquelle n'est point loing d'une tour qui s'appelle Mont-Espilloy (5), et là arriva environ my aoust l'an mil CCCC XXIX.
  Le roy ouy messe à Crespy, puis monta à cheval armé d'une brigandine et se tira aux champs, là où il trouva une belle compaignye et grande quy l'attendoit. Touteffois, le duc d'Alenchon et la Pucelle estoient dès jà devant et se trouvèrent bien près des Anglois, avant que le roy venist. Et quant le roy fut arivé, lui et ses gens, ordonnèrent une belle grande battaille à cheval, et avec che, deulx aultres compaignies à manière de deulx elles ; et avecques che avoit un grant nombre de gens de piet. Et quant aux Anglois, ilz ne firent que une battaille et tout à piet, excepté le bastard de Sainct-Pol, messire Jehan de Croy et aulcuns autres en petit nombre, lesquelz, quant ilz veyrent les Franchois qui, quant aux hommes d'armes ne descendoient point à piet, montèrent à cheval, comme dit est.

  Ce jour, faisoit grant challeur et merveilleusement grant poulsière. Or advint qu'à l'ung des boutz de la battaille des Anglois, les Franchois firent tirer la plus part de leurs gens de traict avec une compaignie de gens de cheval et assaillirent les Anglois. Et là y eult maintes flesches tirées, tant d'un costé comme d'aultre. Et pour renforchier les gens où la battaille s'estoit commenchée, le régent y envoya une compaignie sans ce que les battailles laissasssent oncques leur ordonnance, ne Franchois, ne Anglois. Et quant les Franchois veirent que Anglois et Picars tindrent piet et vaillamment combattirent, ilz se retrayrent et oncques puis n'abordèrent enssemble l'ung contre l'aultre, sinon par escarmuches. Et, comme je oy dire, celuy de tous quy mieulx se moustra ce jour le plus homme d'armes et qui plus y rompy de lances, ce fut le bastard de Sainct-Pol. Messire Jehan de Croy y fut affolé d'un piet, tellement que toutte sa vie demoura affolé. Icelle journé se passa ainsy comme vous avez ouy, sans aultre chose faire. Et quand ce vint envers soleil couchant, le roy se tira en la ville de Crespy, et les aultres se tirèrent ès villaiges là entour.
  Or fault parler des Anglois. Vray est que aulcuns veyrent bien la retraicte des Franchois ; si les volloient aucuns poursievir ; mais le régent ne le volt pas souffrir pour le doubte des embusches ; car, comme oy nombrer les Franchois, ilz estoient de cinq à six mille harnois de jambes. Quant les Franchois furent ainsy partis, les Anglois logèrent en une abbaye là environ et envoyèrent querir des vivres à Senlis. Le lendemain le roy et toutte sa puissance se mirent en belle ordonnance auprès de la ville de Crespy, avec eulx tous chariotz et bagaiges ; et ces choses faictes, se mist auz champs et tourna le dos aux Anglois, et s'en alla en la ville de Compiengne, laquelle lors tenoit le party des Anglois ; mais, sans contredit nul, feirent ouverture au roy et le receurent à grant joye. Et là sejourna le roy cincq jours et y tint conseil de ce qu'il avoit affaire. Et quant le régent sceult que le roy estoit à Compiengne entré sans contredit, il se doubta fort que pluiseurs villes quy lors estoient en leur obéyssance, ne se tournassent du party du roy : pour laquelle cause, avecque sa puissance retourna à Paris, et là laissa Loys de Luxembourg, évesque de Therouenne et chancelier de France pour les Anglois, le seigneur de l'Ille-Adam, lors mareschal de France, et aussy pluiseurs seigneurs d'Angleterre, ausquelz il bailla en garde ladicte ville de Paris, et s'en alla en Normendie pour pourvoir aux gardes des bonnes villes et forteresses. Quant le roy eult séjourné à Compiengne, comme dict est, il prinst son chemin avecques toute sa puissance, pour venir droit à Paris ; car la Pucelle luy avoit promis de le mectre dedens, et que de ce ne se debvoit point doubter. Touteffois, elle y failly, comme vous orrez.
  Au partir de Compiengne, le roy tira droict à Senlis, laquelle ville luy fist obéyssance, puis à Sainct-Denis, et entra dedans. Et apprès fut ordonné par les remonstrances que la Pucelle faisoit, que la ville de Paris fust assaillie. Quant ce vint au jour de l'assault, la Pucelle armée et habillée, à tout son estandart, fut des premiers assaillans, et alla si près, qu'elle fut navrée de traict. Mais les Anglois deffendirent si bien la ville, que les Franchois n'y peulrent riens faire, et se retrayrent en la ville de Sainct-Denis. Après que le roy eult esté en la ville de Sainct-Denis, pluiseurs jours, veant que la ville de Paris estoit trop fort gardée, se retira oultre la rivière de Saine, et donna congié à la plus part de ses gens ; lesquelz se mirent en garnison en pluiseurs villes, tant à Beauvais, Senlis, Compiengne, Soissons, Crespy et pluiseurs aultres villes deçà Saine, du costé de Piccardie ; lesquelz firent forte guerre tant sur les Anglois que sur les gens du duc.
  Et ainsi se passa icelle (6), comme vous avez ouy, avecques pluiseurs aultres choses qui trop longues seroient à raconter.


     

  Vous avez ouï comment Jeanne la Pucelle fut tellement en bruit parmi les gens de guerre, que réellement ils croyaient que c'était une femme envoyée de par Dieu, par laquelle les Anglais seraient reboutés hors du royaume. Cette Pucelle fut menée vers le Dauphin qui la vit volontiers, et, comme les autres, ajouta en elle grande foi. Il fit un grand mandement auquel répondirent nombre de princes de son sang, c'est à savoir les ducs de Bourbon, d'Alençon et de Bar, Arthur, connétable de France, les comtes d'Armagnac, de Pardiac et de Vendôme, le seigneur d'Albret, le bâtard d'Orléans, le seigneur de La Trémoille, et plusieurs grands seigneurs de France et d'Ecosse. Très grande fut l'armée du Dauphin avec laquelle il se tira droit à Troyes-en-Champagne ; la ville lui fut promptement rendue ; les habitants lui firent obéissance ; ainsi firent ceux de Châlons et de Reims. En cette ville de Reims il fut sacré, oint et couronné roi de France. Ainsi Charles, septième de ce nom, fut sacré à Reims, comme vous avez ouï.
  Après que le roi eut séjourné un petit peu de temps en la ville de Reims, il s'en alla en une abbaye, nommée Corbigny, où l'on vénère. saint Marconi, là où l'on dit qu'il prend la dignité et le privilège de guérir les écrouelles. Ces choses faites, il passa la rivière de Marne et se trouva à Crépy-en- Valois. Quand le régent sut que le roi avait été sacré à Reims et qu'il marchait par le pays pour tirer droit à Paris, il assembla une grande compagnie d'Anglais et de Picards entre lesquels étaient Messire Jean de Créquy, Messire Jean de Croy, le bâtard de Saint-Pol, Messire Hue de Lannoy, sage et vaillant chevalier, Jean de Brimeu et d'autres, qui se trouvèrent en grande puissance en un village nommé Mitry-en-France, et les Français et leur puissance étaient en un autre village nommé... [Thieux]... à deux lieues près de Crépy-en-Valois, et là étaient le duc d'Alençon, la Pucelle, et plusieurs autres capitaines. Le régent, qui désirait la bataille contre les Français, approcha d'eux jusqu'à une abbaye qui s'appelle La Victoire, et qui n'est pas loin d'une tour qui s'appelle Mont-Épilloy. Il y arriva environ la mi-août l'an mil 1429.

  

  Le roi ouït la messe à Crépy, puis monta à cheval armé d'une brigandine, et se tira aux champs où il trouva une grande et belle compagnie qui l'attendait. Toutefois le duc d'Alençon et la Pucelle étaient déjà en avant et se trouvaient bien près des Anglais avant la venue du roi. Quand le roi fut arrivé, lui et ses gens ordonnèrent le gros de l'armée en un seul grand corps à cheval, et avec ce deux autres compagnies, par manière de deux ailes, et avec cela le roi avait un grand nombre de gens de pied. Quant aux Anglais, ils ne formèrent de leurs combattants qu'un seul corps, et tous à pied, excepté le bâtard de Saint-Pol, Messire Jean de Croy et quelques autres en petit nombre, qui, voyant que parmi les Français les hommes d'armes ne descendaient pas à pied, montèrent à cheval.
  Il faisait ce jour grande chaleur et merveilleusement grande poussière. Or il advint qu'à l'un des bouts de l'armée des Anglais, les Français firent tirer la plupart de leurs gens de trait, et avec une compagnie de gens à cheval ils assaillirent les Anglais. II y eut de côté et d'autre maintes flèches tirées. Le régent, pour renforcer ses gens là où le combat était engagé, envoya une compagnie sans que ni les Français ni les Anglais fissent changer à leurs armées leur ordre de bataille. Quand les Français virent que les Anglais et les Picards tenaient pied et combattaient vaillamment, ils se retirèrent et ils ne s'abordèrent plus ensuite l'un contre l'autre, sinon par escarmouches. A ce que j'ai ouï dire, celui qui se montra ce jour le plus homme d'armes et rompit le plus de lances, ce fût le bâtard de Saint-Pol. Messire Jean de Croy y fut blessé d'un pied, et en resta estropié toute sa vie. Ainsi se passa cette journée, comme vous l'avez ouï, sans que autre chose y fût faite. Quand ce fut vers le soleil couchant, le roi se retira dans la ville de Crépy, et les autres dans les villages à l'entour.
  Or il faut parler des Anglais. Il est vrai que quelques-uns s'aperçurent bien de la retraite des Français et qu'ils voulaient les poursuivre ; mais le régent, par crainte d'embûches, ne le voulut pas permettre; car, d'après ce que j'ai ouï du nombre des Français, ils étaient de cinq à six mille équipés de toutes pièces. Quand les Français furent ainsi partis, les Anglais logèrent dans une abbaye des environs et envoyèrent querir des vivres à Senlis. Le lendemain le roi et toute l'armée se mirent en belle ordonnance auprès de la ville de Crépy, avec leurs chariots et leurs bagages. Ces dispositions prises, le roi se mit aux champs, tourna le dos aux Anglais et s'en vint à Compiègne. Cette ville tenait le parti des Anglais ; mais sans aucune résistance, ouverture en fut faite au roi qui y fut reçu avec grande joie. Le roi y séjourna cinq jours, et y tint conseil sur ce qu'il avait à faire.
  Quand le régent sut que le roi était entré à Compiègne sans aucune opposition, il craignit fort que plusieurs villes en l'obéissance des Anglais ne se tournassent du parti du roi. Cela fut cause qu'il retourna à Paris avec son armée ; là il laissa pour en avoir la garde Louis de Luxembourg évêque de Thérouanne, chancelier de France pour les Anglais, le seigneur de l'Isle-Adam, alors maréchal de France, et aussi plusieurs seigneurs d'Angleterre; et il s'en alla en Normandie pourvoir à la garde des bonnes villes et forteresses. Le roi après avoir séjourné, comme il est dit, à Compiègne, prit avec son armée le chemin pour venir droit à Paris, la Pucelle lui ayant promis de l'y introduire et que de cela il ne devait concevoir aucun doute. Toutefois elle faillit à sa parole, comme vous allez l'entendre.
  Au sortir de Compiègne le roi tira droit à Senlis qui lui fit obéissance, puis à Saint-Denis où il entra. Sur les remontrances que faisait la Pucelle, il fut disposé que Paris serait assailli. Le jour de l'assaut venu, la Pucelle armée et équipée fut avec son étendard parmi les premiers assaillants ; elle s'avança si près qu'elle fut blessée d'un trait. Mais les Anglais défendirent si bien la ville que les Français ne purent rien contre et se retirèrent à Saint-Denis. Le roi, après plusieurs jours de séjour à Saint-Denis, voyant la ville de Paris trop fort gardée, se retira au delà de là Seine et donna congé à la plupart de ses gens, qui se mirent en garnison dans plusieurs villes, à Beauvais, Senlis, Compiègne, Soissons, Crépy et plusieurs autres, en deçà de la Seine, du côté de la Picardie, d'où ils firent forte guerre tant aux Anglais qu'aux gens du duc.
  Cette année se passa ainsi que vous venez de l'ouïr ; il s'y passa encore plusieurs autres choses qui seraient trop longues à raconter.



                                         

[Comment le duc de Bourgongne assega la ville de Compiengne où la Pucelle Jehenne fut prinse par une sallye qu'elle feit, et de pluiseurs aultres fais de guerre.]

u mois de may M CCCC XXX, le duc mist le siége devant une forteresse séant sur la rivière d'Enne, près de la ville de Compiengne, nommée le Pont-à-Choisy, et falloit passer une grosse rivière nommée Oize, et la passoit on à ung villaige nommé le Pontl'Evesque, assez près de la cité de Noion ; et estoit ledict passage gardé de deulx vaillans chevalliers d'Angleterre. Et en icelluy s'estoient les adversaires du duc assemblez en grant nombre pour combattre le duc ; et là estoit Jehenne la Pucelle, laquelle estoit comme chief de la guerre du roy, adversaire pour lors du duc ; et creoient les adversaires qu'elle mectroit les guerres à fin, car elle disoit qu'il luy estoit revelé par la bouche de Dieu et d'aulcuns Sains. Si conclurent lesdis adversaires d'aller ruer jus ceulx qui gardoient ledict pont ; et de faict les allèrent assaillir très radement ; mais les chevalliers dessusdiz se deffendirent si vaillamment, que les ennemis ne les peulrent grever. Et aussy le seigneur de Saveuses et aultres des gens du duc les vindrent aydier et secourir en toutte dilligence ; et y eult grant foison de navrez d'ung costé et d'aultre ; et ne firent lesdiz adversaires aultre chose pour l'eure ; ains retournèrent chascun en leurs villes et forteresses, et les chevalliers demourèrent gardans le dict pont tant que le duc fut devant ledit Pont-à-Choisy, où il fut dix jours ; et s'enfuyrent ceulx de ladicte place.
  Et tantost aprez que le duc eust prins ledict Pont-à-Choisy, repassa ledict pont et rivière, et se loga à une lieue près de Compiengne, et son ost ès villaige près de ladicte ville. Et ainsy que le duc ordonnoit ses gens pour mectre son siége devant ladicte ville de Compiengne, qui est grosse et grande ville, de grant tour, et enclose en partie de deulx rivières d'Oize et d'Enne, quy assemblent devant ladicte ville ou assez près, (et estoit capitaine de ladicte ville de Compiengne, un escuyer nommé Guillaume de Flavi, lequel faisoit de grans maulx ès pays du duc) : adont vint en la ville de Compiengne la Pucelle par nuyt et y fut deulx nuis et ung jour ; et au deuxiesme jour, dist qu'elle avoit eu revelacion de Dieu qu'elle mectroit à desconfiture les Bourgongnons. Si fist fermer les portes de ladicte ville, et assembla ses gens et ceulx de la ville et leur dist la revélacion que luy estoit faicte, comme elle disoit ; c'est assavoir que Dieu luy avoit faict dire par saincte Katherine, qu'elle yssist ce jour allencontre de ses ennemis et qu'elle desconfiroit le duc ; et seroit prins de sa personne et tous ses gens prins, mors et mis en fuite ; et que de ce ne faisoit nulle doubte. Or est vray que par la créance que les gens de son party avoient en elle, le crurent. Et furent ce jour les portes fermées jusques environ deulx heures apprès midy que la Pucelle yssist, montée sur ung moult bel coursier, très bien armée de plain harnois et par dessus une riche heucque de drap d'or vermeil ; et apprès elle son estandart et tous les gens de guerre estans en la ville de Compiengne ; et s'en allèrent en très belle ordonnance assaillir les gens des premiers logis du duc.
  Là estoit un vaillant chevallier, nommé Bauldot de Noyelle, quy depuis fut chevalier de l'ordre de la Thoison d'Or ; lequel, luy et ses gens, se deffendirent moult vaillamment, non obstant qu'ilz furent sousprins. Et pendant l'assault, le conte de Ligny, en sa compaignie le seigneur de Crequy, tous deulx chevaliers de l'ordre de la Thoison d'Or, à bien petit nombre de gens, se mirent à approchier la Pucelle et ses gens ; laquelle pour la resistence qu'elle avoit trouvée au logis dudict Bauldot de Noyelle, et aussy pour le grant nombre des gens du duc quy de toutez parts arrivoient où la noise estoit, si commenchèrent à retrayre. Si se frappèrent les Bourgongnons dedens si très rudement, que plusieurs en furent prins, mors et noiez. Et la Pucelle si soustenoit toutte la dernière le faiz de ses adversaires ; et y fut prinse par l'ung des gens du conte de Ligny ; et le frère de la Pucelle et son maistre d'hostel. Laquelle Pucelle fut menée à grant joie devers le duc, lequel venoit à toutte dilligence en l'ayde et secours de ses gens. Lequel fut moult joyeulx de la prinse d'icelle pour le grant nom qu'elle avoit ; car il ne sembloit point à pluiseurs de son party que ses œuvres ne fussent [si non] miraculeuses.

           


  Au mois de mai MCCCCXXX le duc mit le siège devant une forteresse assise sur la rivière de l'Aisne, près de la ville de Compiègne, et nommée le Pont-à-Choisy. Il fallait passer une grosse rivière nommée l'Oise, et on la passait à un village nommé le Pont-l'Evêque, fort près de la cité de Noyon; le passage en était gardé par deux vaillants chevaliers d'Angleterre. En ce passage les adversaires du duc s'étaient assemblés en grand nombre pour le combatttre ; dans leurs rangs était Jeanne la Pucelle, qui était comme le chef de l'armée du roi alors adversaire du duc ; et les adversaires croyaient qu'elle mettrait fin à la guerre, car elle disait que cela lui était révélé par la bouche de Dieu et de quelques saints. Les adversaires du duc projetèrent d'aller battre ceux qui gardaient le pont, et de fait ils les assaillirent très raidement; mais les chevaliers dessusdits se défendirent si vaillament que les ennemis ne les purent vaincre. Il est vrai que le seigneur de Saveuse et d'autres gens du duc vinrent les aider et secourir en toute diligence ; il y eut de côté et d'autres beaucoup de blessés; ce fut tout ce que les assaillants obtinrent sur l'heure. Ils retournèrent chacun en leurs villes et forteresses ; et les chevaliers demeurèrent gardiens dudit pont, tant que le duc fut au Pont-à-Choisy, où il resta dix jours, après lesquels s"enfuirent ceux qui gardaient la place.

    

  Après que le duc eut pris le Pont-à-Choisy, il repassa ledit pont et la rivière, et se logea à une lieue près de Compiègne et son armée dans les villages des environs. Il ordonnait ses gens pour mettre le siège devant cette ville qui est grosse et grande, de grand tour, enclose en partie de deux rivières l'Oise et l'Aisne qui se joignent devant ou tout près de ses murailles et où commandait comme capitaine un écuyer nommé Guillaume de Flavy, qui faisait de grands maux dans les pays du duc, quand par une nuit la Pucelle vint à Compiègne, où elle fut deux nuits et un jour. Le second jour elle dit avoir eu révélation de Dieu qu'elle mettrait les Bourguignons en déconfiture. Elle fit fermer les portes de la ville, assembla ses gens et ceux de la place, et leur dit la révélation qui, à ce qu'elle disait, lui avait été faite, c'est à savoir que Dieu lui avait fait dire, par sainte Catherine, qu'elle fît en ce jour une sortie contre les ennemis, qu'elle déconfirait le duc, qu'il serait pris de sa personne, que tous ses gens seraient pris, morts et mis en fuite, et que de cela elle ne faisait nul doute. Or il est vrai que les gens de son parti le crurent par la créance qu'ils avaient en elle. Les portes, ce jour-là, restèrent fermées jusqu'à deux heures après midi que la Pucelle sortit, montée sur un très beau coursier, très bien armée, pleinement équipée, et portant par dessus une riche huque de drap d'or vermeil ; derrière flottait son étendard et marchaient tous les gens de guerre de la ville de Compiègne, et ils allèrent en très belle ordonnance assaillir les gens des premiers logis du duc.
  Là était un vaillant chevalier nommé Baudot de Noyelle qui fut depuis chevalier de l'ordre de la Toison d'Or. Lui et ses gens, nonobstant qu'ils furent surpris, se défendirent très vaillamment. Pendant le combat, le comte de Ligny, ayant en sa compagnie le seigneur de Créquy, tous deux chevaliers de l'ordre de la Toison d'Or, et avec eux un petit nombre de gens, se mirent à approcher la Pucelle et ses combattants. La résistance opposée par le poste de Baudot de Noyelle, et aussi le grand nombre des gens du duc, qui arrivaient de toutes parts au lieu de la mêlée, commencèrent à faire reculer la Pucelle et ses hommes. Les Bourguignons se jetèrent sur eux avec tant de force que plusieurs en furent pris, morts et noyés. La Pucelle la toute dernière soutenait le faix de ses adversaires, quand elle fut prise par l'un des gens du comte de Ligny, ainsi que son frère et son maître d'hôtel. Laquelle Pucelle fut menée à grande joie vers le duc, qui venait en toute diligence à l'aide et au secours de ses gens. Il fut très joyeux de cette prise pour le grand nom qu'avait icelle Pucelle ; car il ne semblait pas à plusieurs de son parti que ses oeuvres fussent autres que miraculeuses.



                                         

[De la bataille du bergier où les François furent desconfits des Anglois.]

ous avez ouï parler comment quelques hommes de léger entendement et de créance volage se mirent à croire que les faits de la Pucelle étaient chose miraculeuse et permise de par Dieu; ce que plusieurs furent fort enclins à croire. Or, après la mort de Jeanne la Pucelle, quelques hommes, aussi de folle créance, mirent en avant un fol et innocent berger, qui, comme Jeanne la Pucelle, disait avoir eu des révélations divines lui ordonnant de prendre les armes pour secourir le noble roi de France, etc... (5)


                               
      


Sources :
- Présentation et texte original - Quicherat, t.IV, p.429 et suiv.
- Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc" - t.III, p.504 et suiv.

Notes : 1 Erreur du chroniqueur. Il n'est question de cela ni au procès, ni dans les auteurs français, non plus que de l'apparition de la vierge Marie mentionnée auparavant.

2 Quicherat avait noté "merveilleusement", terme rectifié par François Morand, éditeur de cette chronique.

3 Celui que les chroniqueurs français appellent Classidas (William Glasdale).

4 Suppléez Thieux d'après le Hérault de Berri. (Quicherat)

5 Montepilloy.

6 Mot difficile à lire. Pourrait être "année" ou "aventure".

7 Non donné par Quicherat dans son t.IV.


Remarques critiques de J.B.J. Ayroles :
Jean Le Fèvre de Saint-Rémy naquit près d'Abbeville vers 1394, et mourut à Bruges vers 1474. Tout jeune il fut poursuivant d'armes sous Jean sans Peur. Il persévéra dans la arrière où il s'était engagé, et en 1422, il fut créé héraut d'armes sous le nom de Charolais. Lors de l'institution de la Toison d'Or il en devint le roi d'armes, et il échangea son nom de Charolais contre celui de Toison d'Or. Cher au duc de Bourgogne, l'un de ses plus intimes officiers, il en reçut des dons nombreux, et fut honoré de plusieurs délicates missions.
Toison d'Or était septuagénaire lorsque, en 1464, il entreprit d'écrire ses Mémoires; il en est sorti la Chronique qui porte son nom; elle s'étend de 1407 à 1460. Il confia son écrit à Chastellain qui s'en est inspiré. Le Laboureur inséra dans sa traduction de la belle Histoire de Charles VI, par le Religieux de Saint-Denis, la partie de la Chronique de Le Fèvre qui s'étend de 1407 à 1422. Buchon l'édita tout entière. A en juger par les chapitres qui relatent les événements qui se déroulèrent sous la conduite de la Pucelle, la Chronique n'est pas seulement succincte; elle est très inexacte. Il traite l'héroïne d'une manière fort superficielle, cavalière, rapetisse sans mesure son rôle, en taisant la part qui lui revient dans les faits, et taxe de gens de folle créance ceux qui comptèrent sur elle. Les faussetés qu'il invente sur les débuts de la Pucelle donnent droit de ne pas croire ce qu'il lui plaît de narrer des promesses faites par l'héroïne avant sa sortie de Compiègne. Il est le seul à nous en parler ; car Georges Chastellain n'a fait qu'embellir de sa diction la donnée fournie par Le Fèvre de Saint-Rémy, qui, venons-nous de dire, lui envoyait son écrit. Le Fèvre semble peu croire au surnaturel, l'élague ou le persifle. N'est-ce pas ce qui explique le jugement très favorable porté par Quicherat sur une oeuvre pleine d'énormes faussetés, qui n'apprend rien, et nous semble être, avec celle de Wavrin de Forestel, au dernier rang des Chroniques qui traitent avec quelque étendue de l'apparition de la Libératrice ?
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