Son histoire
par Henri Wallon

Les sources
Procès condamnation
Procès réhabilitation
Chroniques & textes
Lettres de Jeanne

Recherches Bibliographie
Librairie numérique
Dossiers


Accès cartes
France 1429
Nord France 1429
Environs Domrémy
Environs Orléans
Siège Orléans
Vue & pont d'Orléans

La chronique de Gilles de Roye
index


  La vaste publication des Chroniques belges a enrichi l'histoire de Jeanne d'Arc de six ou sept documents nouveaux, peu connus en France, où, jusqu'à présent, ils n'ont pas été publiés dans leur intégralité. On n'a guère fait qu'emprunter quelques phrases à la Chronique de Tournay, reproduite dans le second livre de ce volume.

  Nous n'avons pas souvenance d'avoir vu la mention de celle de Gilles de Roye, insérée en 1870 par M. Kervyn de Lettenhove dans son volume des Chroniqueurs de l'abbaye des Dunes. Les pages qui regardent la Pucelle sont cependant très substantielles dans leur concision. La Libératrice y est présentée sous son véritable aspect, et les légères erreurs qu'on pourrait y signaler ne portent que sur des faits de minime ou de nulle importance.
  L'auteur était sujet du duc de Bourgogne. C'est ce qui explique le seul mot qu'on pourrait reprendre dans son œuvre ; il est dans la dernière phrase où il dit que Jeanne fut justement ou injustement brûlée à Rouen. Tout le récit qui précède montre que ce fut très injustement ; mais le bon moine a voulu se mettre à couvert en refusant de flétrir directement et explicitement les bourreaux de Rouen.

  C'était en effet un bon moine que Gilles de Roye. D'après la notice que lui a consacrée son noble éditeur, il naquit en 1415, six jours après la bataille d'Azincourt, et il mourut un an avant la bataille de Guinegatte, en 1478. Il enseigna au monastère des Bernardins à Paris, fut abbé de Royaumont de 1453 à 1459, et se retira ensuite à son abbaye des Dunes; il y vécut en grande réputation de savoir et plus encore de sainteté. Il prédit le jour de sa mort.
  Il écrivit en latin une Chronique qui s'étend de 1415 à 1431. Voici la traduction des pages consacrées à la Pucelle.

  

Chapitres :

- Chapitre I
- Chapitre II
- Chapitre III
- Chapitre IV


                                         

ette même année (1), le comte de Salisbury, le comte de Suffolk, le sire de Talbot, à la tête d'une grande armée, mirent le siège devant Orléans, et construisirent des bastilles de tous les côtés de la ville. Pour alimenter les assiégeants, sire Jean Fastolf et sire Simon Morhier prévôt de Paris, conduisaient de cette ville à Orléans de nombreux chariots chargés de vivres, principalement de harengs. Instruits du fait, le duc de Bourbon, le connétable d'Écosse et La Hire vinrent à leur rencontre avec une nombreuse armée. La bataille s'engagea, la victoire resta aux Anglais, et le connétable d'Écosse, le seigneur d'Orval, frère du seigneur d'Albret, et plusieurs autres, tombèrent sur le champ de bataille. Le duc de Bourbon prit la fuite, et les vivres arrivèrent aux soldats du siège. Un jour, vers l'heure du dîner, le comte de Salisbury regardait la ville du haut de la bastille du pont. La pierre d'un canon tiré, par l'on n'a pas su qui, vint frapper contre la fenêtre où il était en observation. Un éclat rejaillit contre la figure du comte qui trois jours après mourut de la blessure.

  En ce temps, se présenta devant le Dauphin une Pucelle originaire de Vaucouleurs en Barrois, son pays. Elle se disait envoyée de Dieu pour battre les Anglais, les expulser du royaume de France, rendre au Dauphin tout l'héritage paternel, et le conduire à Reims pour y être couronné. Dès son arrivée, elle parlait admirablement. Soumise à l'examen, elle répondait à tout, comme si elle avait passé touté sa vie sous les armes. Elle envoya à Sainte-Catherine-de-Fierbois y querir une épée dont Dieu lui avait révélé l'existence, et avec laquelle elle devait vaincre les Anglais. L'envoyé trouva tout comme elle l'avait indiqué. Le Dauphin la garda auprès de lui. En attendant, il rassembla la plus forte armée qu'il pût former, et envoya cette armée avec ses capitaines et la Pucelle porter à Orléans un convoi de vivres. En dépit des assiégeants, la Pucelle entra dans la ville, et y introduisit les vivres. Avant ce ravitaillement, les habitants d'Orléans étaient dans une telle disette de vivres qu'ils avaient voulu écarter les Anglais à prix d'argent, ou remettre la ville entre les mains du duc de Bourgogne. Ils lui envoyèrent, muni de lettres de créance, Poton de Xaintrailles, avec pouvoir de traiter avec lui. Le duc répondit qu'il agréait beaucoup la proposition, si elle plaisait au régent, et il lui envoya des délégués pour traiter de l'affaire. Le régent ne fut pas content; il protesta qu'il ne lèverait le siège que lorsqu'il se serait rendu maître de la ville, et aurait recouvré toutes les dépenses faites. Le duc de Bourgogne, sur cette réponse, renvoya Poton en paix.

  

  Eodem anno (1429) cornes Salisberiensis, cornes de Suffole, Dominus de Talbot, cum ingenti exercitu, villam Aurelianensem obsederunt, et ab omni parte bastillias plures fecerunt. Pro quorum victualibus adducendis, dominus Johannes fastol, et Dominus Simon Mohier prepositus Parisiensis cum parvo exercitu plures currus et quadrigas victualibus oneratas et maxime allecibus adducebant de Parisius Aurelianis, ad obsidionem. Quo audito, dux Borbonii, connestabularius Scotiæ et La Hire cum magno exercitu venerunt obviam eis, et commisso prælio, cessit Anglicis Victoria; et ceciderunt ibi connestabularius Scotioe, dominus d'Orval, frater domini d'Albret, et plures alii. Dux autem Borbonii fugit; et sic dicta victualia ad obsidionem adducta sunt. Quadam autem vice, circa horam prandii, comite de Salisbery in bastillia Pontis existente et villam inspiciente, venit lapis ex canone de villa, a quo nescitur tracto, qui percutiens contra fenestram ubi dictus cornes intuebatur, lapillus venit contra vultum dicti comitis, et eo percussus post triduum interiit.

  In diebus illis venit ad delphinum quædam puella de Vallecoloris in patria Barrensi, dicens se esse missam a Deo ab debellandum Anglicos et expellendum eos de regno Franciæ et reducendum delphinum in hæreditatem paternam et adducendum eum Remis diadema regni percipere. Qua adveniente, mira dicebat, et examinata ad omnia respondebat ac si fuisset jugiter in armis nutrita. Et misit ad sanctam Katherinam de Fierbois, pro quodam ense a Deo sibi revelato, cum quo debellatura erat Anglicos. Et ibi missum est et inventum prout dixerat; hæc ergo a Delphino retenta. Interim ipse Delphinus congregavit exercitum quantum potuit; et illum ac capitaneos suos cum dicta puella, cum victualibus, misit Aurelianis. Quæ, obsidione non obstante, villam intravit ac Victualia intromisit. Prius siquidem cives Aurelianenses in tanta penuria fuerant, quod deliberati fuerant dare aliquam summam Anglicis, aut reddere villam in manus ducis Burgundico, et miserunt ad eum Poton de Santrailles, cum litteris credentire et potestate tractandi cum duce Burgundiæ. Qui respondit quod sibi bene placebat, et si placeret regenti, et super hoc ipse misit ad regentem, sed regens non fuit contentus. Imo dixit se non cessaturum, donec villam haberet et expensas quas in obsidione ponenda habuerat recuperaret. Dux ergo Burgundiæ, his auditis, dimisit dictum Poton in pace.



                                         

1429.
  la suite de ces faits, la Pucelle conduisit si bien les affaires qu'elle fit à main armée lever le siège, s'empara des bastilles, battit les Anglais, et en délivra la ville.

  Quittant Orléans, elle s'empara de plusieurs autres villes, telles que Meung et Baugency et en chassa les Anglais qui, dans leur fuite, prirent par la Beauce le chemin de Paris. Le duc d'Alençon, le comte de Richemont, connétable de France, le comte de Vendôme et la Pucelle se mirent à leur poursuite avec une armée, et les atteignirent à un village du nom de Patay. Le combat s'engagea ; les cavaliers anglais prirent la fuite, les hommes à pied se cachèrent dans un bois adjacent et dans le village ; l'issue fut que beaucoup d'Anglais furent tués ou faits prisonniers et que la victoire resta à la Pucelle. On évalue à trois mille tués environ les pertes des Anglais. Furent faits prisonniers le sire de Talbot, le sire de Scales, le sire Gauthier d'Hungerfort et plusieurs autres ; la fuite se poursuivit jusqu'à Janville. Le sire Jean Fastolf, échappé du combat, vint jusqu'à Corbeil.

  Après cette victoire, la Pucelle revint auprès du roi de France, Charles, et lui dit que la volonté de Dieu était qu'il allât se faire couronner à Reims. Le roi rassembla pour cela toute son armée. Le duc d'Alençon, le duc de Bourbon, le comte de Vendôme, Jeanne la Pucelle, le seigneur de Laval, le seigneur de La Trémoille, le seigneur de Rais, le seigneur d'Albret, le sire de Lohéac, et plusieurs autres, se réunirent avec une très grande armée à Gien-sur-Loire. Là éclatèrent des dissentiments entre le Connétable et le sire de La Trémoille, qui gouvernait le roi, si bien que le Connétable revint sur ses pas.

Le roi vint à Auxerre avec les autres capitaines. Il y avait dans l'armée du roi des femmes de mauvaise vie qui empêchaient les hommes d'armes de marcher à sa suite. La Pucelle irritée se mit à les poursuivre le glaive dégainé, si bien que le glaive en fut brisé.

  Les bourgeois d'Auxerre vinrent à la rencontre du roi, et grâce aux sommes d'argent données au sire de La Trémoille, ils obtinrent que le roi passerait sans y entrer ; ce dont la Pucelle et les capitaines firent de grandes plaintes.

  D'Auxerre, le roi vint devant Troyes, et s'y tint quelques jours. Il était décidé à revenir sur ses pas si la Pucelle n'était venue l'assurer qu'il aurait la place dans trois jours.

  Lorsqu'elle disposait les moyens d'approche et faisait les préparatifs pour l'assaut, ceux de la ville, après avoir tenu conseil, vinrent trouver le roi. Une composition fut arrêtée, en vertu de laquelle les hommes d'armes pourraient se retirer avec leurs biens, tandis que les citoyens feraient obéissance ; la ville fut ainsi rendue au roi, qui, le lendemain, y fit son entrée.

  Les Anglais sortis, et des capitaines français institués, le roi partit de Troyes et vint à Châlons qui spontanément lui ouvrit ses portes. De Châlons le roi vint à Reims où il fut reçu avec grande joie. Il y fut couronné le lendemain par l'Archevêque après avoir été créé chevalier par le duc d'Alençon. Le sire de Laval fut créé comte, et de nombreux écuyers faits chevaliers.

                       


  Ilis itaque transactis, dicta puella taliter rem conduxit quod obsidionem hujusmodi vi armorum levavit, omnes bastillias et Anglicos expugnavit et dictam villam ab Anglicis liberavit.

  Deinde dicta Puella a dicta villa recedens plures villas sicut Meun et Beaugency cepit, et Anglicos ab illa expulsit, a quibus dicti Anglici discedentes ibant versus Parisius per Beaussiam. Quos dux Alenconii, comes de Richemont, connestabularius Franciæ, comes de Vendosme et dicta Puella cum exercitu insecuti, in quodam villagio, nomine Patay, dictos Anglicos comprehenderunt, et commissa pugna, equites Anglicorum fugere ceperunt, pedites vero in nemore adjacente et villagio se absconderunt, et finaliter multis Anglicis occisis et captis, dicta Puella victoriam obtinuit; ubi ceciderunt circiter III millia Anglorum. Capti fuerunt ibi Dominus de Talbot, Dominus de Scales, Dominus de Hungefort et plures alii, et duravit fuga usque Yenville. Dominus autem Johannes Fastolf fuga lapsus venit Corbolium.

  Hac igitur habita victoria, Puella rediit ad Carolum regem Franciæ et dixit ei quod voluntas Dei erat ut ipse Carolus Remis in regem coronaretur. Tunc rex ad hoc omnem exercitum suum congregavit. Et convenientibus ad eum duce Alenconii, duce Borbonii, comite de Vendôme, Johanna Puella, domino de Laval, domino de la Tremouille, domino de Bays, domino de Albret et domino de Lohéac et pluribus aliis cum maximo exercitu apud Gien, supra Ligerim, fuit ibi dissentio inter connestabularium et dominum de la Tremouille, qui regem regebat, sic quod dictus connestabularius reversus est.

  Rex autem cum ceteris venit Antissiodorum. Erant autem in exercitu regis plures mulieres diffamatæ, quæ impediebant armatos sequi regem; unde puella irata evaginavit gladium quo percussit aliquas, sic quod gladius fractus est.

  Cives autem Antisiodorenses venerunt obviam regi, et, mediantibus pecuniis datis domino de la Tremouille, rex civitatem pertransivit non intrando, de quo puella et capitanei plurimum murmurarunt.

  Ab illo loco venit rex ante Trecas, et stetit aliquibus diebus ante eam, a qua remeare ad propria concluserat, nisi dicta puella intra triduum villam habituram promisisset.

  Dicta igitur puella approximationes et media ad faciendum assultum faciente, illi de villa, habito consilio, ad regem venerunt, et compositione facta quod armati ibidem existentes cum bonis suis recederent et cives obedientiam regi facerent, villa reddita est, quam rex in crastinum intravit.

  In qua Anglicis expulsis et capitaneis per regem ordinatis, rex a dicta villa recessit et venit ad dictam civitatem Cathalaunensem, quæ ultro sibi portas aperuit, et ab illo loco venit Remis ubi cum magno gaudio susceptus est, et in crastino per Archiepiscopum Remensem coronatus est, et factus est miles per ducem Alenconii, et dominus de Laval comes factus est, et plures scutiferi facti sunt milites.



                                         

près trois jours d'arrêt dans cette cité, le roi en partit et vint à Vailly qui se rendit à lui ; il vint à Laon (2) et à Soissons qui lui firent soumission, ensuite à Château-Thierry dont la soumission fut spontanée, ainsi que celle de Provins.

  Le duc de Bedford, à ces nouvelles, demanda la bataille, ce que le roi accepta; mais apprenant que le roi tenait les champs, il ne vint pas; il rentra à Paris. Le roi méditait de passer la Seine à Bray, lorsqu'un certain nombre d'Anglais y rentrèrent ; il revint alors sur ses pas jusqu'à Château-Thierry, d'où il alla à Crépy, et ensuite non loin de Dammartin. Les Anglais sortirent de Paris, et vinrent à Mitry-en-France ; les deux armées semblaient disposées à en venir aux mains : mais, après quelques escarmouches des deux côtés, les Anglais rentrèrent à Paris.

  Le roi vint à Compiègne dont les clefs lui furent spontanément remises. Pendant qu'il s'y trouvait, l'évêque et les bourgeois de Senlis ainsi que les citoyens de Beauvais, vinrent lui promettre obéissance.

  Durant ces jours, le duc de Bedford s'éloigna de Paris dont il laissa la garde à Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, qui y remplissait les fonctions de chancelier pour le roi d'Angleterre. Le roi de France ayant nommé des capitaines à Compiègne et à Beauvais vint à Senlis, d'où il s'avança jusqu'à Saint-Denis. Il y eut alors divers engagements entre les Anglais qui étaient à Paris et les Français campés à Saint-Denis. A la suite de ces engagements, l'armée française s'avança jusqu'à une demi-lieue de Paris, et l'on fit contre la ville plusieurs assauts dans lesquels la Pucelle fut atteinte à la cuisse par un trait. Si tous les hommes d'armes avaient eu son courage, Paris aurait été en grand danger d'être pris ; mais tous les autres étaient en désaccord sur l'entreprise. C'est alors que la Pucelle déposa ses armes dans l'église de Saint-Denis.

  Dans ces conjonctures la ville de Lagny-sur-Marne se rendit au roi. Le roi en prit possession, laissa le duc de Bourbon et d'autres capitaines à la garde des villes de son obéissance, et par Lagny revint à Montargis. Il y eut alors entre les Anglais et les Français diverses rencontres, prises de villes, et de nombreux pillages.

  

  Pausatis autem in dicta civitate tribus diebus, rex discessit et venit ad villam de Vely, quæ se reddidit regi; et deinde venit ad civitatem Lauduneusem, necnon Suessionensem, quæ se reddiderunt regi. Deinde venit ad villam Castri Theodorici, quæ ultro se dedit et similiter Pruvinum.

  Tunc dux Betfordiæ audiens hæc quæsivit bellum, quod rex acceptavit; sed dictus dux audiens regem tenere campos non venit, sed rediit Parisius. Cumque rex delibe raret transire Sequanam, supervenit certa quantitas Anglicorum in dicta villa Braii, et sic rex retrocessit et venit ad castrum Theodorici, et de ibi ad vilium de Crespy, et abhine versus Dampmartin. Tunc Anglici de Parisiis exierunt et venerunt apud Mithri in Francia; fueruntque ambo exercitus quasi dispositi ad pugnam; sed tandem, escarmuchiis factis hinc inde, Anglici Parisius redierunt.

  Rex vero venit Compendium, cujus cives claves sibi ultro dederunt. Rege autem ibi existente, venerunt episcopus et cives Sylvanectenses et episcopus et cives regi obedientiani præstiterunt et similiter Belvacenses.

  Hiis diebus recessit dux Bethfordiæ a Parisiis et reliquit ibi dominum Ludovicum de Luxembourg, episcopum Morinensem, cancellarium ibidem pro rege Angliæ. Rex autem Franciæ, ordinatis in Compendio et Belvaco capitaneis, venit Silvanectum et abhinc venit ad Sanctum Dionisium. Et tunc fuerunt varii conflictus inter Anglicos existentes Parisius et Francos in Sancto Dyonisio, quibus durantibus, totus exercitus venit ad dimidiam Leucam prope Parisiius, et fecerunt contra villam Parisius multos assultus, ubi dicta Puella fuit in femore sagitta vulnerata, et si quilibet de exercitu regis ita virilis fuisset sicut ipsa, Parisius fuisset in periculo captionis; sed omnes alii de captione dissidebant. Tunc dicta puella reliquit arma sua in Sto Dyonisio.

  Illo tempore, villa de Langny supra Matronam regi se reddidit. Qua capta, rex, relictis duce Borbonii et aliis capitaneis in villis suæ obedientiæ, per villam de Langny rediit apud Montargis. Tunc fuerunt verii conflictus et captiones villarum et roberiæ multæ inter Francos et Anglicos.



                                         

 'an du Seigneur 1430, Jean de Luxembourg, le comte de Hotington, le comte d'Arondel vinrent avec une grande armée assiéger Compiègne. La Pucelle, qui était à Lagny, sitôt qu'elle en eut connaissance, entra dans Compiègne, et, autant qu'elle put, fit obstacle au siège.

  Un jour à la tête d'une troupe d'hommes d'armes, elle fit une sortie dans laquelle elle s'éloigna trop imprudemment de la ville. Entourée par les Bourguignons, elle fut prise. Ce ne fut pas l'objet de peu de douleur pour les Français. Elle fut adjugée au susdit seigneur Jean de Luxembourg qui la conduisit à Noyon (3) au duc et à la duchesse de Bourgogne. Le même seigneur Jean la vendit dans la suite aux Anglais. Conduite à Rouen, elle y fut soit justement, soit injustement brûlée.


  Anno Domini 1430, Johannes de Luxembourg, comes de Hotentiton, comes d'Arondel cum magno exercitu venerunt ad obsidendum Compendium, quod cum ad nolitiam Puellæ, quæ era quæ erat apud Lagny, devenisset, ipsa venit Compendium, et quantum potuit obsidionem impedivit.

  Quæ dum quadam vice cum exercitu villam exisset, et incaute nimis a villa se elongasset, à Burgundio circomsepta capta est, unde non parvus dolor fuit Francis; fuitque dicto Domine Johanni de Luxembourg adducta, qui duxit eam Noviomum ad ducem et ducissam Burgundiæ, deinde perdictum Dominum Johannem Anglicis vendita fuit, et postea ducta Rothomagum, et ibi sive jure sive injuria concremata est.


                                     


Source :
- "La vraie Jeanne d'Arc - t.III : La libératrice" - J.-B.-J. Ayroles - 1897.

Notes :
1 Année 1428, 1429 dans l'ancien calendrier.

2 Le roi n'alla pas à Laon.

3 Si, comme le dit Gilles de Roye, la Pucelle a été conduite à Noyon pour être vue par la jeune duchesse, nous serions fixés sur la date de cette entrevue. La duchesse arriva à Noyon le 6 juin.
Accueil